Sur quelle base devons nous cohabiter ? L'Islam et la laïcité
24/09/2008| IslamWeb
Sur quelle base devons nous cohabiter ?
Cinquièmement : L'Islam et la laïcité
Les signataires du document américain ont mis l'accent sur l'urgence de la séparation entre la religion et l'Etat et estiment que cela est une valeur mondiale qu'il convient à tous les peuples de la terre d'accepter. Nous, musulmans, avons une perception de cette problématique de la relation entre la religion et l'état, différente de cette conception. Notre conception protège le gouvernement de la majorité et leurs droits de même qu'elle protège les droits des minorités. La religion islamique est une religion complète qui a des règles détaillées dans tous les domaines de la vie et il est difficile qu'un Etat sérieux et respecté par son peuple se forme dans un environnement islamique sans adopter les préceptes généraux de cette religion. Le fait que l'Etat adopte la religion islamique n'est pas synonyme de l'ingérence dans les particularités des minorités et leur contrainte à abandonner leur religion et embrasser l'Islam. En effet, il est établi dans la conscience islamique et connu à travers des versets clairs du Coran qu'il n'y a pas de contrainte en religion. L'urgence de séparer la religion de l'Etat à laquelle invitent les intellectuels américains dans leur déclaration représente une défaillance dans la compréhension de la religion en tant que composante principale de la culture dans les sociétés islamiques et nous estimons qu'il n'est pas possible d'appliquer cela dans la société musulmane car cette séparation prive ses membres de leur droit à appliquer les règles de leur vie publique et enfreint leur volonté sous prétexte de la protection de la minorité. Il n'est pas raisonnable que nous protégions les droits de la minorité par la privation de la majorité de leur droit. Nous savons que ce qui intéresse la minorité c'est la protection de ses droits et non la violation des droits de la majorité car la sécurité sociale n'est pas compatible avec la violation des droits de la majorité et les droits des minorités sont protégés dans la société musulmane.
Nous croyons certes que l'Islam est la vérité; toutefois, il est impossible que le monde entier soit musulman car nous sommes incapables de faire cela; et notre religion nous interdit d'imposer nos concepts propres aux autres, tel est notre choix religieux. Néanmoins, ce que nous devons faire, c'est d'expliquer le message de l'Islam qui est une bonne direction et une miséricorde pour toute l'humanité, même si nous ne négligeons pas les exigences de la réalité humaine et le besoin de repousser les entraves qui empêchent les gens de comprendre ce message, puis de l'adopter uniquement suivant leur volonté sans contrainte.
Les musulmans ont le droit d'être fervents de leur religion, leurs valeurs et leurs préceptes. C'est un choix qu'il est difficile d'essayer d'empêcher. Cependant, nous présentons le concept modéré et tempéré et nous efforçons de le propager et le monde occidental y verra une grande différence avec les concepts et les notions qu'il a de l'Islam. Ceci bien entendu, s'il désire sérieusement nous reconnaître ainsi que notre religion et nos mérites ou - tout au moins - faire une lecture équitable de la réalité de notre religion et connaître nos valeurs.
L'Islam n'est pas un ennemi de la civilisation; toutefois, il est contre son utilisation négative. L'Islam n'est pas non plus un ennemi des Droits de l'Homme ou des libertés; mais, l'Islam est contre la transformation des libertés et des droits en un instrument de conflits; de même il refuse l'adoption d'une vision culturelle précise comme charte mondiale qu'il faut généraliser à tous par la force. Au contraire, l'entêtement à imposer cette vision, même si elle est perçue comme une tolérance religieuse, n'est pas moins immodéré que les actes des groupes extrémistes religieux. La confiscation des droits d'autrui à faire le choix veut dire clairement le choix du conflit, c'est cela le moteur qui provoque les forces de résistance.
Il faut que l'Occident comprenne que causer du dommage n'exige que peu de moyens et que la fabrication de la destruction est la moins sophistiquée dans le monde; il est possible que cela soit pratiqué par des voies incontrôlables; toutefois, cela engendrera plusieurs sortes d'extrémismes grandissants dans toutes les civilisations, y compris celles qui adoptent la séparation entre la religion et l'Etat; il se peut même que ces derniers soient plus professionnels dans cet extrémisme.