Gaza/Société : sous les bombes israéliennes, les enfants de Gaza vivent dans la peur
11/01/2009| IslamWeb
Gaza/Société : sous les bombes israéliennes, les enfants de Gaza vivent dans la peur
"Mon frère a fait pipi dans sa culotte. On a peur car les attaques continuent et on peut mourir à tout moment". Comme les autres enfants de Gaza, Mohamad Ayyad est traumatisé par les raids lancés depuis samedi par Israël contre le Hamas, indique une dépêche de l’AFP.
Encore affolé, Mohamad, 11 ans, raconte une nuit d'intenses raids aériens dans son quartier, visant notamment un complexe de l'administration du Hamas et un centre communautaire du mouvement islamiste.
"Lorsque ils ont frappé le centre, nous avons entendu une énorme explosion et notre maison s'est emplie de poussière. Nous avons couru tout de suite vers le rez-de-chaussée", confie-t-il.
Son frère Ahmad, 6 ans, "a fait pipi dans sa culotte". "Nous avons tous peur car les avions sont tout le temps dans le ciel et on peut mourir à tout moment", dit le garçonnet.
Dans la rue, un groupe d'enfants, profitant de la fermeture des écoles depuis le début des frappes samedi, est venu constater les dégâts, gesticulant devant des monticules de gravats de ce que fut un des "ministères" du Hamas.
"Ma maison aussi a été endommagée. Que je sois dans la rue ou chez moi, je cours les mêmes risques", dit l'un d'eux, haut comme trois pommes, en feignant l'assurance de celui qui en a vu d'autres.
Un autre enfant, Mohamad Bassal, affirme avoir été réveillé avec ses frères par les déflagrations dans le quartier. "Des débris de vitres sont tombés sur nos têtes, l'électricité a été coupée et nous avons commencé à hurler. Ma mère est venue et elle nous a enlacés", dit-il.
"Nous avons encore peur car les juifs sont fous et n'épargnent personne, même pas les enfants", renchérit son frère Nidal, 12 ans.
Les bombardements israéliens ont réduit en ruines plusieurs bâtiments du complexe du Hamas et endommagé plusieurs maisons avoisinantes. "C'était une nuit d'horreur, comme un tremblement de terre", affirme l'un des riverains, Iyad Al-Sayagh.
"J'ai tout de suite fait descendre mes enfants chez mon père qui habite au rez-de-chaussée mais avec chaque missile, les petits devenaient hystériques", dit-il.
Son frère Ihab, un pharmacien, ramasse des boîtes de médicaments éparpillés sur le sol de sa pharmacie touchée par les frappes.
"Cela fait trois jours qu'on n'a pas dormi, mais hier c'était particulièrement terrifiant", dit un autre voisin, Abdel Jalil Al-Khatib, en couvrant de nylon les fenêtres de sa maison dont les vitres ont été soufflées par les raids visant un atelier de métallurgie proche.
Sarah Radi, une institutrice de 29 ans qui habite dans le quartier, affirme que les raids "ont transformé la nuit de Gaza en enfer".
Les Israéliens "disent qu'ils veulent anéantir le Hamas mais c'est faux, ils veulent anéantir le peuple palestinien. Quelle est la faute des femmes et des enfants qu'on tue et dont on détruit les maisons", s'emporte-t-elle.
Son frère Ahmad, 19 ans, sympathisant du Hamas, assure qu'"ils ne pourront pas nous anéantir. Le Hamas en sortira renforcé et restera au pouvoir".
Selon les services d'urgence palestiniens, 39 enfants de moins de 16 ans figurent parmi les victimes des raids israéliens qui ont fait plus de 360 morts.
Deux sœurs, âgées de 4 et 11 ans, ont été tuées mardi matin dans l'un des raids. Dimanche soir, cinq sœurs d'une même famille ont été tuées lorsqu’une mosquée s'est effondrée sur leur maison à la suite d'une attaque israélienne.
"Ce qui se passe est un massacre dont les habitants de Gaza se rappelleront toujours", affirme Samir Zaqout, psychologue à la Gaza Community Mental Health Programme (GCMHP).
"Lorsque 360 personnes meurent sous les bombes et les missiles, cela provoque des troubles post-traumatiques chez les enfants et les adultes, sous forme de dépression, insomnie et schizophrénie", affirme-t-il.
Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) s'est dit "profondément préoccupé de l'impact sur les enfants des violences actuelles à Gaza", appelant les belligérants à respecter "l'obligation légale internationale d'assurer que les enfants sont protégés et reçoivent les besoins humanitaires essentiels".
AH/IINA