Divorce et délai de viduité
10/07/2011| IslamWeb
Beaucoup de gens pensent que le délai de viduité, ‘Idda, est de trois mois alors qu’en réalité sa durée varie en fonction de plusieurs critères. Elle dépend de sa cause : est-ce qu’elle est due à la mort de l’époux ou à un divorce. Elle dépend aussi de la situation de la femme concernée : est-elle une femme enceinte ou pas et si elle n’est pas enceinte fait-elle partie de celles qui ont les règles ou pas, …etc.
Dans les lignes qui suivent nous allons envisager tous les cas possibles avant de passer en revue les plus importantes règles juridiques en matière de divorce que le musulman est tenu de respecter et les plus fréquentes erreurs qu’il doit éviter.
Période de viduité :
1) La période de viduité de la femme enceinte qu’elle soit due à la mort de son époux, à un divorce ou à autre chose prend fin dès qu’elle accouche. Allah le Très-Haut dit (sens du verset): « […]. Quant aux femmes enceintes leur délai prend fin à leur accouchement. » (Coran : 65/4).
D’après Oum Salamah (qu’Allah soit satisfait d’elle) Soubay`a Al-'Aslamiyya accoucha quelques jours après la mort de son mari. Ayant consulté le Messager d'Allah () à ce sujet, il lui recommanda de se marier. (Mouslim)
Le récit complet de Soubay`a : Mouslim rapporta dans son Sahih que:
`Omar ibn `Abdallah écrivit à `Abdallah ibn `Otba, l'informant que Soubay`a (qu’Allah soit satisfait d’elle) lui avait raconté qu'elle était mariée à Sa`id ibn Khawla un homme de la tribu des Banou `Amir ibn Lou'ayy et faisant partie des Compagnons qui avaient assisté à la journée de Badr. Sa`id mourut pendant le Pèlerinage d'Adieu, la laissant enceinte. Peu de temps après la mort de son mari, Soubay`a accoucha. Quand elle fut relevée de ses couches, elle se para dans l'intention de se remarier. Mais, un homme faisant partie des Banou `Abd Addar, en l’occurrence 'Abou As-Sanabil ibn Ba`kak, vint alors la trouver et lui dit: "Pourquoi cette parure? As-tu donc le désir de te marier? Par Allah! Tu ne seras pas mariable avant l’écoulement de quatre mois et dix jours". Soubay`a a dit : "Ayant entendu ces propos, le soir, je mis mes vêtements de sortie et me rendis chez le Messager d'Allah (), que j'interrogeai sur ce point (de droit). Il m’informa que j'étais mariable du jour où j'avais accouché et me dit de me marier si je veux".
2) Pour la femme qui n’est pas enceinte deux situations sont envisageables :
a) Si la période de viduité est due à la mort de son époux : elle sera de quatre mois dix jours. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Ceux des vôtres que la mort frappe et qui laissent des épouses : celles-ci doivent observer une période d'attente de quatre mois et dix jours. » (Coran : 2/234)
b) Si la période de viduité est due au fait qu’elle s’est séparée de son mari de son vivant suite à un divorce, à une annulation du mariage par le juge (Khoul’) ou autre : elle varie selon les situations suivantes :
- La femme divorcée n’a pas à observer une période d’attente, Idda, si son mari n’a pas consommé le mariage et ne s’est pas isolé avec elle. Allah le Très-Haut dit (sens du verset): « ô vous qui croyez ! Quand vous épousez des croyantes et que vous les répudiez avant de les toucher, vous n’avez à leur imposer une période de viduité. Faites-leur des dons [selon le bon usage] et veillez à les faire partir d’une manière élégante.» (Coran : 33/49).
- La femme qui n'a pas les règles parce qu'elle est trop vieille (ménopausée) ou trop petite (n’ayant pas encore les règles): son délai de viduité est trois mois. Allah le Très-Haut dit (sens du verset): « Le délai des femmes ayant dépassé l’âge des menstrues est de trois mois. Il en va de même pour celles qui n’ont pas encore atteint l’âge des règles. […]» (Coran : 65/4).
- La femme qui a ses règles régulièrement : son délai de viduité est d'attendre trois menstrues (c'est-à-dire qu'elle attend d'avoir ses règles et d'être purifiée trois fois), et il se peut qu'elle ait ses règles trois fois en moins de trois mois ou plus de trois mois. Allah le Très-Haut dit (sens du verset): « Les femmes divorcées observent un délai d’attente de trois périodes menstruelles [avant de se marier] » (Coran : 2/228)
- La période de viduité de la femme dont les menstruations se sont arrêtées sans qu’elle sache la cause de leur arrêt est d’une année.
- La période de viduité de la femme du disparu doit commencer après l’observation d’une période d’attente qui dépend de la cause de la disparition de son mari et sa durée dépend de la situation de la femme conformément à l’un des cas précédemment cités.
Règles juridiques importantes :
- La femme divorcée dont le divorce est révocable, doit rester dans la maison de son mari jusqu'à ce que son délai de viduité se termine. Il est illicite de la faire sortir de la maison de son mari et elle ne doit pas sortir d’elle-même conformément à la parole d’Allah, exalté soit-Il (sens du verset) : « ô Prophète ! Quand vous répudier les femmes, répudiez-les conformément à leur période d'attente prescrite; et comptez la période; et craignez Allah votre Seigneur. Ne les faîtes pas sortir de leurs maisons, et qu'elles n'en sortent pas, à moins qu'elles n'aient commis une turpitude prouvée. » (Coran : 1/65)
- Il est permis à la femme divorcée dont le divorce est révocable de se découvrir devant son mari pendant le délai de viduité. Certains savants pensent qu'il lui est même recommandé se faire belle et de se montrer devant lui.
- En cas de divorce révocable, le mari n’a pas besoin du consentement de la femme ni de celui de sa famille pour la reprendre tant qu’elle est dans son délai de viduité, contrairement à ce pensent beaucoup de personnes. Le mari peut retourner à sa femme pendant le délai de viduité sans son consentement ou le consentement de sa famille, et sans aucune condition, et il prend des témoins pour cela.
- La femme en période de viduité suite à un divorce révocable a le droit d’être prise en charge au niveau de l’alimentation, de l’habillement, du logement …
- La femme en période de viduité suite à un divorce révocable hérite de son mari, et il hérite d'elle.
- Proférer explicitement le divorce le rend effectif et prétendre ignorer l'opinion de la Charia sur la question n'y change rien. L’imam Ach-Charbini le Chafiite, auteur de Touhfatou Al Mouhtadj, a dit dans ce sens: « Les imams ont énoncé que l’ignorance du verdict n’a aucun effet sur le divorce. »
Erreurs concernant le divorce:
1- Divorce en le prononçant plus d'une fois, par exemple le mari divorce en prononçant le divorce deux fois, ou trois fois, ou peut-être plus: Il doit divorcer en prononçant le divorce une fois seulement, parce que le divorce qui est prononcé plusieurs fois n'est pas permis, et c'est un divorce bid'â [innové dans la religion].
2- Le mari divorce alors que son épouse est en état de menstrues, c'est un divorce bid'â qui n'est pas permis: Il doit divorcer alors qu'elle est en état de purification ; et si elle a ses règles, il doit attendre jusqu'à ce qu'elle soit purifiée.
3- Le mari divorce alors que son épouse est en état de purification après avoir eu des rapports sexuels avec elle, c'est un divorce bid'â qui n'est pas permis: Il doit divorcer alors que son épouse est en état de purification sans avoir eu des rapports sexuels avec elle pendant cette purification ; et s'il a eu un rapport sexuel avec elle, il doit attendre jusqu'à ce qu'elle ait ses règles et qu'elle soit purifiée.
4- Le divorce en état de colère: Il est préférable de prendre son temps parce qu'il se peut que celui qui est en état de colère perde certaines de ses perceptions, et regrettera par la suite. Donc, si le mari veut répudier son épouse, il ne doit pas s'empresser parce que l'empressement est blâmable dans la législation islamique et selon la raison ; et il est préférable qu'il fasse la prière de consultation (Salat al-Istikhara) et qu’il prenne par la suite l'avis de ceux en qui il a confiance parmi les savants et les gens compétents. S'il veut divorcer à cause de la présence d'une négligence chez la femme, il doit regarder ses autres côtés positifs, faire la comparaison entre les avantages et les inconvénients; alors, s'il décide de divorcer, il doit divorcer en prononçant le divorce une seule fois alors que la femme est en état de purification et sans avoir eu des rapports sexuels avec elle.