Ces petites habitudes quotidiennes sont-elles des innovations ?
23-8-2014 | IslamWeb
Question:
Salam alaykum, J'ai des questions concernant l'innovation. Mon père a pris l'habitude au téléphone de dire avant de raccrocher Lâ ilâha illa Allâh et nous (ses enfants) de répondre Muhammad Ar Rassoul Allâh. C'est une habitude qu'il avait avec son père. Est-ce une innovation ? Aussi, il m'est arrivé après avoir passé la serpillère de recouvrir le seau d'eau pendant la nuit car j'avais peur que les djinns fassent quelque chose avec pendant la nuit ou je ne sais quoi, et de réutiliser l'eau par la suite. Mais aujourd'hui je me dis que je n'ai aucune preuve sur cela. Ce que j'ai fait est-ce une innovation ? Egalement, mon mari après avoir bailler a dit AstaghfiruLLAH Ceci est une habitude chez certaines personnes même s'il n'y a aucune preuve. J'aimerais savoir quelles sont les innovations qui peuvent faire sortir de la religion ? Quelles sont les conditions. Allâhumma jâzikum bal kheir pour le bien que vous propagez.
Réponse:
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :
L’habitude de votre père, que vous avez mentionnée, et son assiduité à la pratiquer est considérée comme une innovation religieuse, car le fait de consacrer une invocation particulière à un moment donné ou un nombre de fois précis doit reposer sur une source. Par conséquent, il ne faut pas faire cet acte tant qu’il n’y a pas de texte indiquant de le faire car cela est considéré comme étant une Bid'a Idhâfiya (hérésie ayant une légitimité religieuse dans le fond mais pas dans la forme). Tout le bien réside dans le fait de suivre la voie du Prophète () car il a dit : « Quiconque accomplit un acte d'adoration non conforme à notre religion, verra cet acte rejeté par Allah. » (Mouslim) Et dans une autre version rapportée par Boukhari : « Celui qui innove en matière de religion, verra son innovation rejetée. »
L’auteur du livre Qawâ'id Ma'rifa al-Bida', Muhammad ibn Husayn al-Djîzânî a été interrogé de la manière suivante : « Certains frères ont pris l’habitude lorsqu’ils se font leurs adieux ou lorsqu’ils mettent fin à une conversation téléphonique que l’un d’entre eux dise : La Ilâha Illa Allah (Nulle divinité n’est digne d’être adorée en dehors d’Allah) et que l’autre réponde : « Muhammad Rasûlu Allah » (Muhammad est le Messager d’Allah). Que dit la Charia sur cette habitude ou cette salutation comme ils la nomment ? »
Il a répondu en disant : « Rien dans le fait de mettre fin à une conversation téléphonique en disant ce qui a été mentionné dans la question ne va dans le sens de la finalité visée par le Législateur et à savoir consolider le principe de fraternité et d’amour entre les musulmans. Par contre, si cette pratique devient une habitude, alors cela entre dans la définition de l’innovation ».
Couvrir les récipients durant la nuit n’est pas une innovation religieuse, au contraire, le Messager d’Allah () a recommandé de faire cela. Il a dit : « Fermez les portes de vos maisons, nouez les outres, recouvrez les récipients et éteignez les lampes, car le diable n'ouvre pas une porte fermée ni un cordon qui est noué et ne découvre pas un récipient couvert. » (Mâlik, Boukhari et Mouslim)
L’imam Boukhari a rédigé un chapitre concernant la légitimité de ces pratiques à la tombée de la nuit intitulé : « Chapitre de la clôture des portes durant la nuit. »
Les paroles du Prophète () vont dans ce sens : « Eteignez les lampes ».
– « Quand la nuit tombe – ou vient le soir -, retenez vos enfants ! Car le diable n’ouvre pas une porte qui est fermée » (Boukhari)
– « Recouvrez les récipients et bouchez les outres, car une nuit par an, une épidémie se propage et touche chaque récipient non-recouvert ou chaque outre non-bouchée qu'elle rencontre. » (Mouslim)
Quant au fait d’implorer le pardon d’Allah lors du bâillement, cela ne fait pas partie de la sunna car il n’y a aucune preuve rapportée à ce sujet et le fait de contracter cette habitude fait entrer cet acte dans le cadre de l’innovation. Le cheikh Ibn 'Uthaymîn fut questionné en ces termes : « Est-ce qu’il y a une invocation précise à dire lorsqu’on rote ou bâille ? » Il répondit en disant : « Non, lorsqu’on rote ou bâille il n’y a pas d’invocation à dire, contrairement à ce que pense la masse des gens qui disent al-Hamdulillah (la louange est à Allah) ou al-Hamdulillah 'Alâ Kulli Hâl (la louange est à Allah en toute circonstance) après avoir roté. Il n’y a aucune preuve qui indique que le fait de roter soit une raison pour dire al-Hamdulillah. De même, ils disent aussi lorsqu’ils bâillent : A'udhu bi Allah min al-Chaytan al-Radjîm (J’implore Allah de me protéger contre le Diable maudit), alors que cela n’a aucun fondement. Il n’est pas rapporté que le Prophète () le faisait. Il se peut qu’une personne dise : “N’est-il pas vrai que le fait de roter est un bienfait d’Allah ? Allah mérite donc d’être loué pour ce bien fait.” Nous disons : « Certes, cependant, il n’est pas rapporté que le Prophète () ait loué Allah lorsqu’il rotait. Or, si rien n’est rapporté à ce sujet alors il n’est pas légitime de le faire en se basant sur la règle connue des oulémas qui dit : “Si la cause de la pratique d’une œuvre était présente au temps du Messager d’Allah () mais que malgré cela il ne l’a pas pratiqué, alors le fait de la pratiquer n’est pas une sunna.” En effet, les actes que le Messager d’Allah () a délaissés, leur délaissement est sunna tout comme l'accomplissement de ceux qu’il a accomplis. Ainsi, le Prophète () rotait mais ne louait pourtant pas Allah pour cela et donc, le fait de ne pas louer Allah lors du rot fait partie de la sunna. Cela vaut de même pour la formule qui consiste à implorer la protection d’Allah contre le Diable maudit lors du bâillement. Il se peut qu’une personne dise que le Messager d’Allah () a dit : “Le bâillement vient du Diable” et Allah dit : “Et si jamais le Diable t'incite à faire le mal, cherche refuge auprès d'Allah. Car Il entend, et sais tout.” (Coran 7/200) Nous disons alors que la parole d’Allah : “Et si jamais le Diable t'incite à faire le mal” veut dire que si tu as pensé commettre un péché ou délaisser une obligation, cherche alors refuge auprès d’Allah car c’est le Diable qui ordonne les turpitudes comme le dit Allah, exalté soit-Il : “Le Diable vous fait craindre l'indigence et vous recommande des actions honteuses…” (Coran 2/268) Dès lors qu’il vous incite à faire le mal, cherchez refuge auprès d’Allah. Quant au fait de bâiller, le Messager d’Allah () a dit : “Le bâillement provient du Diable, quand l’un d’entre vous baille, qu’il se retienne autant que possible et s’il en est incapable, qu’il mette la main devant la bouche.” Il n’a pas dit : “Quand l’un d’entre vous baille, qu’il implore la protection d’Allah” bien qu’il ait dit : “Le bâillement provient du Diable.” Cela indique que le fait d’implorer la protection d’Allah contre le Diable maudit lors du bâillement ne fait pas partie de la Sunna. »
Il n’y a aucune différence entre le fait d’implorer le pardon d’Allah et d’implorer Sa protection lors du bâillement car il n’y a aucune invocation à dire à ce moment précis comme l’a dit le cheikh.
En ce qui concerne les hérésies rendant leurs auteurs mécréants, il est difficile de dresser une liste exhaustive de celles-ci mais nous pouvons donner comme exemple les hérésies des Djahmites qui ont renié les attributs d’Allah, exalté soit-Il, et qui ont dit que le Coran était créé. Il y a également l’hérésie commise par les Qadarites qui ont renié la préscience d’Allah ainsi que d’autres hérésies. Il est peut-être plus bénéfique de mentionner la règle permettant de distinguer clairement les hérésies ayant pour effet de rendre leur auteur mécréant. Le cheikh Hâfidh ibn Ahmad al-Hakamî a dit dans son livre A'lâm al-Sunna al-Manchûra à ce sujet : « Toute personne qui renie une chose approuvée à l’unanimité par la communauté, qui fait l’objet de preuves authentiques largement rapportées (Mutawâtir) et qui ne peut être ignorée par un musulman, aura de fait démenti le Coran et le message dont Allah a chargé Ses Messagers de transmettre, comme les hérésies des Djahmites qui renient les attributs d’Allah, disent que le Coran ou n’importe quel attribut d’Allah est créé, qu’Allah n’a pas pris Ibrâhîm () comme ami intime ou encore qu’Il n’a pas parlé à Mûsâ () et autres. Il y a aussi les hérésies des Qadarites qui renient la préscience, les actes, le décret et la prédestination d’Allah. Nous pouvons aussi citer l’hérésie des anthropomorphistes qui prétendent qu’Allah, exalté soit-Il, ressemble à Ses créatures, ainsi que d’autres hérésies qui proviennent des passions humaines.
Cependant, il y a parmi les hérétiques, ceux dont nous savons que l’objectif principal est de détruire les fondements de la religion et de faire douter les musulmans. Ces individus sont qualifiés de manière formelle de mécréants ; ils sont même étrangers à la religion et ils sont les pires ennemis de celle-ci. Il y a aussi parmi eux des gens qui sont trompés et confus. Ceux-là ne doivent être taxés de mécréants qu’une fois que les preuves (de la croyance correcte) leurs ont été apportées et qu’ils n’aient d’autres choix que de se rendre à l’évidence. »
Et Allah sait mieux.
www.islamweb.net