Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
La formulation de la question dénote un mauvais comportement et une certaine témérité face au livre d’Allah dont on s’étonne qu’elle puisse émaner d’un croyant qui vénère le glorieux Coran !!!
Sachez que les polythéistes de Quraych, eux qui sont de purs arabes, les maitres de la langue littéraire et de l’éloquence, n’ont jamais déprécié l’éloquence du Coran ni son caractère inimitable avec de telles objections. Et si celles-ci constituaient de véritables accusations, ils se seraient empressés de les porter à l’encontre du Coran. Eux qui veillaient plus que quiconque à traiter de menteur le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) et à rejeter ses enseignements.
Quoiqu’il en soit, l’ordre des versets de chaque sourate a été dicté par le Prophète (). Cela fait l’objet d’un consensus des savants. Cet ordre fait partie du caractère inimitable et miraculeux du Coran. A partir de là, les savants ont établi que les versets n’étaient pas dénués de liens et de correspondances entre ceux qui sont cités avant et après. Mais ces correspondances ne peuvent pas nécessairement apparaître aux yeux de tous. De même qu’il n’est pas obligatoire de s’efforcer outre mesure à mettre en évidence d’éventuels liens entre ces versets.
Il est dit dans le livre al-Tahrîr wa al-Tanwîr de son auteur Ibn ‘Âchûr : ‘ L’ordre successif des versets a été dicté par le Prophète () en fonction de la révélation qui lui était faite. Aussi, il est bien connu que le Coran a été révélé par fragment, plusieurs versets à la fois. Plusieurs versets successifs ont pu être révélés au même moment, ou une sourate entière, et ceci fait partie de son caractère miraculeux et de son style sublime. C’est pourquoi l’ordre des versets d’une même sourate doit obligatoirement être respecté conformément à ce qui nous a été transmis. Si cet ordre devait être modifié, le Coran sortirait de son cadre inimitable et miraculeux par lequel il se distingue. Pour cette raison, les versets sont liés à ceux qui leur succèdent et correspondent à un même objet ou alors en procèdent, ou tout autre lien qui fait partie des styles linguistiques harmonieux et cohérents.
Pour preuve, les conjonctions de coordination qui établissent un lien entre les versets et qui correspondent en français aux termes : ensuite, mais, pourtant. Et aussi, les particules d’exception. Et ceci n’implique pas forcément que le verset ait été révélé dans cet ordre. Il est unanimement reconnu que la partie du verset 95 de la sourate numéro quatre, qui se trouve au milieu du verset, - sauf ceux qui ont quelque infirmité -, a été révélé après le début et la fin du verset, comme suit : « Ne sont pas égaux ceux des croyants qui restent chez eux - sauf ceux qui ont quelque infirmité - et ceux qui luttent corps et biens dans le sentier d'Allah. » Badr Al-Dîn Al-Zarkashî a dit : ‘ Un de nos maîtres capable de faire la synthèse des avis des savants a dit : Ceux qui soutiennent qu’on ne doit pas voir de correspondance entre les versets se méprennent. Il convient plutôt de déterminer pour chaque verset s’il vient compléter le sens du précédent ou si son sens est indépendant. Ou alors, pour chaque verset indépendant, de voir quel est le lien avec le précédent. Cette façon de procéder permet d’accéder à énormément de savoir.’
Aussi, il est rare qu’un verset fasse suite à un autre avec une raison qui justifie sa révélation alors que la sourate est en train d’être révélée. Et qu’il soit intimé l’ordre au Prophète de le lire après le précédent. C’est le cas du verset 64 de la sourate 19 : « Nous ne descendons que sur ordre de ton Seigneur. » qui a été révélé après le verset 63 : « voilà le Paradis dont Nous ferons hériter ceux de Nos serviteurs qui auront été pieux. » Il est rapporté que l’ange Gabriel n’est pas venu apporté de révélation au Prophète () durant plusieurs jours. Et lorsqu’il se présenta à lui avec ces versets, le Prophète le réprimanda. Allah ordonna alors à Gabriel de lui dire : « Nous ne descendons que sur ordre de ton Seigneur. » C’était donc une révélation que Gabriel lui transmettait et qui fut lu suite au verset précédent.
Il en est de même pour le verset 26 de la sourate 2 : « Certes, Allah ne se gêne point de citer en exemple n'importe quoi: une mouche ou quoi que ce soit de plus grand. » qui est placé juste après le 25 : « Annonce à ceux qui croient et pratiquent de bonnes œuvres qu'ils auront pour demeures des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux; chaque fois qu'ils seront gratifiés d'un fruit des jardins ils diront: « C’est bien là ce qui nous avait été servi auparavant. » Or c'est quelque chose de semblable (seulement dans la forme); ils auront là des épouses pures, et là ils demeureront éternellement. » Puisqu’il s’agit d’une réfutation des accusations des polythéistes qui soutenaient : Mohammed n’a-t-il pas honte de citer en exemple une mouche ou une araignée ? Mais quand Allah cita d’autres exemples comme dans le verset 17 de la sourate 2 : « Ils ressemblent à quelqu'un qui a allumé un feu; puis quand le feu a illuminé tout à l'entour, Allah a fait disparaître leur lumière et les a abandonnés dans les ténèbres où ils ne voient plus rien. » Il put réfuter les paraboles qu’ils n’acceptaient pas vu qu’elles n’étaient pas sans lien.
Il est également possible qu’un verset n’ait pas de lien avec ceux qui le précèdent et le suivent mais qu’une raison justifiant sa révélation l’implique. C’est le cas des versets 16 à 19 de la sourate 75 : « Ne répète pas avec empressement le Coran qui t’est révélé avant que sa récitation ne soit terminée. C’est à Nous qu’il revient de le fixer dans ta mémoire et de te le faire réciter. Lorsque Nous te le lisons, contente-toi donc d’en suivre la récitation. C’est ensuite à Nous qu’il appartiendra d’en donner l’explication. » Cette sourate réprimande les polythéistes en raison de leur refus de croire en la résurrection. Elle décrit ce jour et les frayeurs qui y auront lieu. Ces versets n’ont donc pas de lien avec le thème principal de la sourate mais la cause de leur révélation eut lieu au moment où elle fut révélée. Bokhari rapporte d’Ibn Abbâs : « Quand l’ange Gabriel descendait avec la révélation, le Prophète () remuait sa langue et ses lèvres pour s’empresser de le mémoriser. Allah révéla alors le premier verset de la sourate 75 : « Non!... Je jure par le Jour de la Résurrection! » Ce hadith prouve qu’il bougeait ses lèvres pour réciter les premiers versets de la sourate.
Il peut ne pas avoir de lien entre un verset et le précédent. Et cela ne doit pas susciter de confusion chez l’exégète. Il se peut que ce verset ait été placé à cet endroit en raison d’une cause qui a justifié sa révélation. Et que ceci eut lieu au cours de la révélation de la sourate dans laquelle le verset fut placé. Il fut donc lu à la fin du dernier verset après lequel la révélation prit fin. C’est le cas des versets 238 et 239 de la sourate 2 : « Soyez assidus aux Salâts et surtout la Salât médiane; et tenez-vous debout devant Allah, avec humilité. Mais si vous craignez (un grand danger), alors priez en marchant ou sur vos montures. Puis quand vous êtes en sécurité, invoquez Allah comme Il vous a enseigné ce que vous ne saviez pas. » Ils sont placés entre de nombreux versets qui font référence aux règles juridiques relatives aux épouses et aux mères.
Il est aussi possible qu’un verset ait été placé précisément suite à un autre verset de la sourate, sur ordre du Prophète, après que celle-ci fut révélée intégralement. C’est le cas du verset 281 de la sourate 2 comme nous l’avons déjà cité d’Ibn Abbâs : « Et craignez le jour où vous serez ramenés vers Allah. » Egalement, Dans le Sahih Mouslim, selon Ibn Mas’ûd, les premiers versets de la sourate le fer, numéro 57, ont été révélé à La Mecque. Or, les savants sont tous d’accord pour dire que le verset 10 jusqu’à la fin de cette sourate : « Et qu'avez-vous à ne pas dépenser dans le chemin d'Allah. » a été révélé à Médine. Ceci est dû au lien et à la ressemblance entre ces versets et notamment du style de leurs compositions. La deuxième partie de la sourate n’a été révélé que plus tard en raison d’une sagesse qui l’impliquait et qui, la plupart du temps, revient aux causes de la révélation de ces versets.
Seul un petit nombre de versets qui sont l’objet d’un placement spécifique sur ordre du Prophète () nous sont rapportés. L’exégète doit donc, autant que faire se peut, chercher à déceler les liens entre les versets. S’il n’y parvient pas, il devrait ne pas s’y attarder plus que cela et ne pas se surcharger.
Le plus grand objectif du Coran est de réformer la nation à laquelle il s’adresse dans son ensemble : Réformer les mécréants de cette nation en les appelant à la foi, en rejetant les adorations égarées et en se conformant aux préceptes de la foi et de l’islam. Réformer les croyants en réformant leurs mœurs, en raffermissant leur foi, en les guidant vers la voie de la réussite, en purifiant leurs âmes. Ces objectifs étaient donc liés à la société qui était la leur durant la période de la révélation. Les versets du coran étaient indépendants les uns des autres puisque chaque verset avait pour objectif de réaliser cette réforme, de s’y référer pour la réaliser, pour l’accomplir et débarrasser les gens de tous les égarements auxquels ils étaient sujet. Les versets n’avaient donc pas à se succéder les uns aux autres selon une signification globale. Le coran était alors plus à l’image d’un sermon qui traite chaque situation présente selon les cas. Et passe d’un sujet à un autre en fonction des situations. C’est pour cette raison que le coran présente beaucoup de phrases qui viennent s’interposer au cours d’un récit homogène. C’est en raison d’une cause qui justifie que ces versets aient été révélés. Il se peut aussi qu’aucune raison ne le justifie puisque chaque phrase recèle une sagesse et une orientation, ou rectifie un fait tortueux, comme dans les versets 72 et 73 de la sourate 3 : « Ainsi dit une partie des gens du Livre: « Au début du jour, croyez à ce qui a été révélé aux Musulmans, mais, à la fin du jour, rejetez-le, afin qu'ils retournent à leur ancienne religion. Et les gens du Livre disent à leurs coreligionnaires: « Ne croyez que ceux qui suivent votre religion... » Dis: « La vraie direction est la direction d’Allah » - et ils disent encore: Vous ne devez ni approuver ni reconnaître que quelqu'un d'autre que vous puisse recevoir comme ce que vous avez reçu de sorte qu'ils (les musulmans) ne puissent argumenter contre vous auprès de votre Seigneur. Dis-leur: En vérité, la grâce est en la main d'Allah. Il la donne à qui Il veut. La grâce d'Allah est immense et Il est Omniscient. » La phrase - Dis: « La vraie direction est la direction d’Allah » - est une phrase qui vient s’interposer au milieu des autres versets.’ Fin de citation en résumé.
Une des questions en lien avec ce sujet est ce que les chercheurs contemporains nomment ‘ l’unité thématique des sourates du noble coran’. Pour en savoir plus, il vous est possible de revenir au livre du docteur Mohammed ibn Mahmûd Khawja intitulé Al-Wahdat Al-Qurâniyya : Dirâsat Tahlîliyya Muqârana.
Pour ce qui est des titres des sourates du noble coran : Tous n’ont pas été dictés par le Prophète (). Et aussi, l’objectif d’un titre est de pouvoir revenir à la sourate et s’y référer plus facilement. L’intérêt est que cela permet de distinguer les sourates les unes des autres. Dans le livre al-Tahrîr wa al-Tanwîr d'Ibn ‘Âchûr : ‘ Pour ce qui est des titres des sourates, ils leur ont été attribué depuis la révélation. L’objectif de ces titres est de pouvoir revenir à la sourate et s’y référer plus facilement. Le hadith d’Ibn Abbass prouve que lorsqu’un verset était révélé, le Prophète () disait : « Placez ce verset dans la sourate où il est dit ceci et cela. » La sourate la vache était donc appelée ainsi parce qu’y figure l’histoire de la vache.
L’intérêt de donner des titres aux sourates est que cela permet de les distinguer les unes des autres. Les titres des sourates sont en principe une description de ce qu’elles contiennent. Comme ils disaient : la sourate dans laquelle est mentionnée ceci et cela. Par la suite, l’appellation s’est diffusé et on n’appelait la sourate uniquement par le nom auquel il faisait référence. Au lieu de dire : la sourate dans laquelle est mentionnée l’épisode de la vache, ils disaient directement : la sourate la vache. Ils pouvaient même dire directement ‘la vache’ à partir du moment où cela ne laissait place à aucune ambiguïté. C’est ce qui est rapporté dans le recueil de Bokhari. Selon Aicha : « Quand les derniers versets de la vache ont été révélé. » (Elle entend par là de la sourate la vache). Selon Ibn Mas’ûd : « Le prophète a lu l’étoile » (en signifiant la sourate l’étoile). Ou selon Ibn Abbâs : « Le Prophète s’est prosterné au niveau de l’étoile. » (C’est-à-dire au cours de la sourate de l’étoile).
Il semble que les compagnons aient donné les titres aux sourates en fonction de ce qu’ils avaient appris du Prophète () ou alors en se basant sur les noms des sourates les plus connus à leur époque, ceux par lesquels les gens les reconnaissaient. Même si les titres des sourates ne sont pas issus de récits prophétiques, Ibn Mas’ûd a nommé l’invocation du Qunût sourate Al-Khal’ et sourate Al-Khan’. Il est donc certain que c’est lui qui les a nommées ainsi. Certains titres des sourates étaient notoirement connus. Le Prophète () a entendu ces titres et les a approuvés. Cela est suffisant pour en valider l’appellation. Sachez que les sourates peuvent porter le titre qui décrivent leur contenu comme sourate al-Fâtiha qui est aussi appelée sourate al-Hamd. Ou alors par un fait qui les distingue de façon spécifique, comme sourate Luqman, sourate Yousouf, sourate al-Baqara. Ou alors en fonction de ce qui prévaut en leur sein comme sourate Hûd ou sourate Ibrahim. Ou alors en fonction des premiers mots de la sourate comme celles qui débutent par Barâ’a, les lettres Ha Mim ‘În Sin Qaf, la sourate Ha Mim Al-Sajda, comme les ont appelées les prédécesseurs. C’est aussi le cas de la sourate Fâtir. D’ailleurs, ils appelaient l’ensemble des sourates qui débutaient par Ha Mim par ‘ Âl Ha Mim’ soit la famille des Ha Mim. Il arrivait aussi qu’ils appelaient deux sourates différentes par un même nom comme ils l’ont fait avec les sourates Al-Kâfirûn et Al-Ikhlâs qu’ils appelaient Al-Muqashqashatayn.
Sachez aussi que les Compagnons n’écrivaient pas les noms des sourates dans leurs copies du Coran mais se contentaient d’y écrire la basmala, la formule qui signifie Au nom d’Allah Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux, au début de chaque sourate pour distinguer la précédente de la suivante. La seule raison pour laquelle ils n’écrivaient pas les titres des sourates est qu’ils répugnaient à ce que soit écrit dans leurs copies du coran quelque chose qui n’en soit pas un verset. Ils choisissaient donc la basmala car elle convient mieux pour débuter une sourate et qu’elle fait partie du Coran.
Dans le livre al-Itqân, il est dit que la sourate al-Bayyina a été appelé Sourate Ahl al-Kitâb dans la copie du Coran de Ubayy ibn Ka’b ce qui permet de dire qu’il donnait des titres aux sourates dans sa copie.
A l’époque des successeurs des compagnons, on écrivait les titres des sourates dans presque toutes les copies du Coran et personne ne blâmait cette pratique. Al-Mâzirî a dit dans Sharh Al-Burhân d’après le cadi Abu Bakr Al-Bâqillânî : Quand le Coran était recopié, on écrivait les titres des sourates par une graphie différente du texte coranique pour qu’on puisse les distinguer. Mais la basmala était écrite au début des sourates avec une graphie identique au texte coranique.’ Fin de citation en résumé.
Votre objection à ce sujet est donc étonnante et bizarre. Quelqu’un de sensé peut-il dire que l’appellation d’une chose doit forcément englober tout ce à quoi elle fait référence ?!
Et Allah sait mieux.