Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Affirmer comme vous le faites qu’il n’existe pas de hadiths authentiques prouvant que les cuisses sont une partie intime est un point de vue que nous ne partageons pas avec vous. Plusieurs hadiths ont été rapporté sur cette question. Et, réunis, ils se renforcent et permettent de s’y référer en tant qu’argument juridique.
Parmi ces hadiths, celui rapporté par Ibn Mâjah et Abû Dâwûd selon Ali où le Prophète, , a dit : « Ne découvre pas tes cuisses et ne regarde pas les cuisses d’un homme qu’il soit mort ou vivant. »
Selon Mohammed ibn Jahsh : le Prophète, , passait devant Ma’mar qui avaient les cuisses découvertes. Il lui dit : « Ô Ma’mar, couvre tes cuisses car elles font partie des parties intimes à ne pas dévoiler. » Rapporté par Ahmad et Boukhari dans son Tarikh. Les hommes qui ont rapporté ce hadith font partie de ceux qui ont rapporté les hadith du recueil de Boukhari à l’exception de Abû Kathîr au sujet duquel aucune éloge ni critique n’a été faite comme le dit Ibn Hajar.
Selon Ibn Abbâs, le Prophète, , a dit : « Les cuisses sont une partie intime. » Rapporté par Tirmidhi et Ahmad en ces termes : « le Prophète, , passait devant un homme qui avaient les cuisses découvertes. Il lui dit : « Couvre tes cuisses car elles font partie des parties intimes à ne pas dévoiler. »
Selon Jarhad Al-Aslamî : le Prophète, , passait devant moi. Je portais un manteau duquel sortaient mes cuisses et étaient donc à la vue des gens. Il me dit : « Couvre tes cuisses car elles font partie des parties intimes à ne pas dévoiler. » Rapporté par Tirmidhi qui précise : c’est un hadith bon et Ibn Hibbân le juge authentique.
Ces hadiths, ainsi que d’autres, vont dans le sens de l’avis de la majorité des savants sur cette question, c’est-à-dire que les parties intimes d’un homme sont comprises entre son nombril et ses genoux. D’autres hadiths authentiques nous donnent des informations différentes, ce qui a conduit plusieurs savants à adopter un autre avis. Et nous ne nions pas le fait que cette question soit objet de divergence entre les savants. Cependant, nous considérons que l’avis prépondérant est celui tenu par la majorité des savants. Et ce, parce que les hadiths sur lesquels ils s’appuient ont une formulation qui énoncent une affirmation du statut. Or, conformément aux règles de compréhension des textes scripturaires, une affirmation prévaut sur une infirmation. Une autre raison qui justifie notre position est la suivante : les hadiths sur lesquels s’appuient ceux qui s'oppose à l'avis de la majorité des oulémas font référence à des évènements et des situations qui supposent une éventualité qu’ils aient été abrogés ou peuvent être interprétés autrement.
Dans son ouvrage Sharh Al-Muntaqa, Shawkânî soutient la position de la majorité des savants et expliquent la divergence sur cette question. Il dit : « Al-Nawawi a dit : la plupart des savants sont d’avis que les cuisses sont une partie intime. Ahmad et Malik selon une version qui leur est attribué affirment : « les parties intimes correspondent uniquement au sexe et au postérieur. » C’est aussi l’avis des Ahl Al-Dhâhir (les littéralistes), d’Ibn Jarîr, d’Al-Istakhrî. Ibn Hajar a dit : il n’est pas sûr qu’Ibn Jarîr soit de cet avis. En effet, dans son livre Al-Tahdhîb, il a évoqué cette question et a réfuté l’avis de ceux qui prétendent que les cuisses sont une partie intime. Ils se sont appuyés sur des hadiths que nous verrons dans le chapitre suivant. La vérité est que les cuisses font effectivement partie des parties intimes. Le hadith de Ali que nous avons cité, bien qu’à lui seul il ne peut faire office d’argument, n’est pas le seul. D’autres hadiths ont été rapporté sur cette question et ils sont tout à fait valables pour s’y référer et appuyer notre position comme vous le constaterez.
Quant aux deux hadiths rapportés par Aisha et Anas que nous allons voir au chapitre suivant, ils ont tous les deux été rapporté dans le cadre de situations particulières et spécifiques. Il est donc tout à fait vraisemblable que cela concerne un cas spécifique ou mentionne une situation où cela est permis alors que ce n’est pas le cas des autres hadiths rapportés sur cette question puisque ceux-ci font mention d’un statut global et d’une loi générale. Il faut donc en premier lieu agir en fonction de ceux-ci, comme le dit Al-Qourtubî. » Fin de citation.
Ayant pris connaissance de ces faits, vous savez maintenant que, contrairement à ce que vous prétendez, nous n’établissons aucune distinction sur le statut des cuisses en tant que parties intimes, que ce soit en prière ou en dehors de la prière. L’avis que vous nous attribuez n’est pas exact. Au contraire, l’avis que nous adoptons, en fonction duquel nous délivrons nos fatwas, est celui de la majorité des savants : les cuisses sont une partie intime, en prière et en dehors de la prière, comme vous le savez maintenant.
Aussi, il n’y a aucun mal à ce qu’un fidèle imite l’avis d’un savant en lequel il a confiance.
Pour ce qui est de couvrir ses épaules en prière : Le hadith qui défend de les laisser découverte en prière est rapporté de source sûre et figure dans le recueil authentique de Boukhari, comme vous l’avez mentionné. La plupart des savants en ont déduit qu’il est recommandé de prier les épaules couvertes en raison d’autres considérations qui les obligeaient à en juger ainsi. Notamment, le fait que le Prophète, , a prié dans un vêtement dont le bout était suffisamment long pour toucher une de ses femmes à proximité.
Al-Khattâbî a dit : « Il est bien connu que le bout du vêtement qu’il portait n’était pas suffisamment large pour le passer autour de sa taille et en même temps suffisamment long pour recouvrir aussi ses épaules. » Fin de citation.
Un autre de ces hadiths est celui où le Prophète, , à intimer l’ordre de se revêtir d’un pagne et de prier en le portant s’il était court. Ce qui implique forcément qu’il autorise à prier les épaules découvertes.
La question est objet de divergence. L’avis en vigueur dans l’école Hanbalite est qu’il est obligatoire de se couvrir une des deux épaules dans la prière obligatoire si on a la possibilité de le faire.
Dans tous les cas, les problématiques que vous avez énoncées émanent du fait que vous n’avez pas pris en considération la totalité des preuves juridique en rapport à cette question. Vous ne vous êtes pas penché sur la totalité des sources des savants et leurs arguments de référence. Ce que nous vous avons expliqué sera à même d’éradiquer toutes ces problématiques et vous éclairera sur le juste avis.
Et Allah sait mieux.