Hadiths confirmant que le fait de renoncer à mesurer, compter, ou évaluer la nourriture ou l’argent serait une source de bénédiction

10-12-2024 | IslamWeb

Question:

J'ai vu une vidéo qui expliquait qu’il ne faut pas observer la nourriture afin de ne pas réduire sa bénédiction. On y mentionnait un hadith, dans lequel, il est indiqué que la mère des croyants, ʻȂïcha (qu’Allah soit satisfait d’elle) en observant des dattes, avait constaté qu’il n’en restait que deux. Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) lui dit alors : « Si tu n’y avais pas pris garde, tu aurais pu en manger jusqu’au Jour de la Résurrection ». J’ai cherché ce hadith pour m’assurer de son authenticité, mais en vain.
Existe-t-il effectivement des hadiths qui confirment qu’il faut s’abstenir d’observer la nourriture ou de ne pas dénombrer les vivres en notre possession, en raison d'une éventuelle perte de bénédiction?

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Nous n'avons trouvé dans les livres en notre possession aucun texte interdisant de regarder la nourriture.
Cependant, il existe des hadiths qui montrent que renoncer à mesurer, compter, ou évaluer la nourriture ou l’argent est une cause de bénédiction.
Parmi eux, il y a celui rapporté par al-Boukhari et Mouslim, d’après ʻȂïcha (qu'Allah soit satisfait d'elle): « Le Messager d’Allah () mourut alors que sur mon étagère il n’y avait rien qui puisse être consommé par un être vivant, si ce n’est un peu d’orge sur une étagère. J’en mangeais au point de commencer à trouver le temps long. Puis je l’ai pesé, et il s’épuisa ». 
Il y a également le hadith rapporté par Mouslim, selon Jâbir (qu'Allah soit satisfait de lui) dans lequel « un homme est venu voir le Prophète () pour lui demander de la nourriture. Le Prophète lui donna alors une demi-mesure de grains d’orge, dont cet homme, sa femme et son invité se nourrirent continuellement jusqu’à ce qu'il la mesure, puis l’homme vint voir le Prophète () qui lui dit : ‘‘Si tu ne l’avais pas mesurée, vous continuerez à en manger et elle vous aurait suffi’’ ».
Il existe par ailleurs un autre hadith de Jâbir : « Umm Mâlik avait l’habitude d’offrir au Prophète () de la graisse dans un récipient précis, et lorsque ses enfants venaient lui demander du condiment ; elle se rendait alors à ce récipient qui est censé être vide et elle y trouva qu’il en contenait toujours, et il continuait de servir de condiment dans sa maison jusqu’à ce qu’elle le presse entièrement. Elle vint alors voir le Prophète () qui lui demanda : ‘‘L’as-tu pressé ?’’ Elle répondit : ‘‘Oui’’. Il dit alors : ‘‘Si tu l’avais laissé, il aurait continué à en contenir’’ ». Et il existe d’autres hadiths qui vont dans ce sens.

Le Qâdi ʻIyâd, dans ʼIkmâl al-Muʻallim bi Fawâʼid Mouslim, explique : « La bénédiction réside dans les choses imprécises et non quantifiées, alors que celles mesurées, comptées ou pesées sont définies dans leur quantité ». Fin de citation.
Abou al-‘Abbâs al-Qurtubi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit dans al-Mufhim lima Achkala min Talkhîs Kitâb Mouslim: « La diminution de cette prospérité, lors du fait de mesurer ou de presser, est due— et Allah sait mieux —  au fait de porter un regard avide en contemplant l’abondance des bienfaits d'Allah, les dons de Sa générosité, et la profusion de Ses bénédictions, tout en négligeant de Le remercier pour cela, de placer sa confiance en Celui qui les a accordés, et de se tourner vers les causes connues qui nous empressent d’adresser les louanges lorsque nous assistons à un phénomène extraordinaire». Fin de citation.
Quant au fait de mesurer ou compter pour la gestion des moyens de subsistance, afin d’éviter l'excès ou la privation, en plaçant sa confiance en Allah, cela est recommandé, comme indiqué dans le hadith rapporté par al-Boukhari d’après al-Miqdâm Ibn Maʻdiyakrib (qu'Allah soit satisfait de lui) où le Prophète () dit: « Mesurez votre nourriture pour qu’elle soit bénie pour vous ».
Ibn Battâl, qu’Allah lui fasse miséricorde, dans Charh Sahîh al-Boukhari, dit : « Mesurer est recommandé pour ce que l’on dépense pour sa famille ; et le fait que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Salla) l’ait recommandé à sa communauté montre qu’il y a en cela une bénédiction. Le sens du hadith est de donner une mesure précise qui vous permettra de subvenir à vos besoins durant la période que vous avez prévue, avec la bénédiction qu’Allah, exalté soit-Il, a placée dans la mesure des gens de Médine suite à l'invocation du Prophète ( ». Fin de citation. 
Ibn al-Mulaqqin, dans al-Tawdîh, indique : « Le législateur (le Prophète, ) mettait de côté pour sa famille la provision d’une année, ce qui n’était possible qu’après l’avoir mesurée ». Fin de citation.
Al-Hâfidh Ibn Hajar a dit dans Fat-h al-Bâri: « Le simple fait de mesurer n'ôte pas la bénédiction tant qu’il est accompagné d’une intention obéissant aux prescriptions pour lesquelles la mesure est permise; la bénédiction ne disparaît pas non plus du fait de la simple mesure, tant qu’elle n’est pas accompagnée de désapprobation ou de contestation ». Fin de citation.
Il est également mentionné dans Charh Sahîh Mouslim d’al-Qâḍī ʻIyâḍ, intitulé ʼIkmâl al-Muʻallim bi Fawâʼid Mouslim : « Cela ne s’oppose pas au fait de mesurer pour organiser les dépenses, comme il est dit : ‘‘Mesurez vos aliments, et ils seront bénis pour vous ’’. Si la quantité initiale reste inconnue, le fait de mesurer ce qui est prélevé engendre bénédiction dans ce qui reste, permet une gestion judicieuse et évite l’estimation approximative et le gaspillage en distribuant plus que nécessaire. Ce n’est pas non plus contraire à une bonne gestion du foyer, qui est l'un des aspects de l'aisance. Tel est le sens de ce hadith, et il n’y a pas de contradiction entre lui et les autres hadiths susmentionnés ». Fin de citation. 

Et Allah sait mieux.
 

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