L’islam d’Abou Bakr

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L’islam d’Abou Bakr

L’islam d’Abou Bakr fut le fruit d’un long voyage spirituel à la recherche de la Vérité. En tant que commerçant, il passait une grande part de sa vie à parcourir les déserts de la péninsule arabe fréquentant ainsi ses habitants du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Bien qu’étant un fin connaisseur des différentes confessions présentes dans la péninsule, il prêtait une attention particulière aux religions monothéistes. Assis un jour devant la Ka `bah, Ibn Abou As-Salt lui demanda :  Ô quêteur du bien, l’as tu trouvé ?  Abou Bakr répondit :  Non.  Ibn Abou As-Salt dit :  Le Prophète attendu sera issu de parmi nous ou de parmi vous.  N’ayant jamais entendu parler d’un Prophète attendu, Abou Bakr alla s’informer à son sujet auprès de Waraqah Ibn Nawfal. Il dit :  Je me rendis auprès de Waraqah Ibn Nawfal qui scrutait longuement le ciel et poussait souvent des soupirs durant ces méditations.  Waraqah dit :  Oui mon frère, nous sommes les gens du Livre et des sciences, mais ce Prophète sera issu d’une tribu arabe.  Dès le début de la mission prophétique, Abou Bakr fut le premier à croire au Message de Muhammad —   — et à apporter son soutien indéfectible à cette cause. À cet égard, le Prophète —   — dit :  Je n’ai invité personne à embrasser l’islam sans qu’il y ait en lui du recul, de la réflexion et de l’hésitation, sauf Abû Bakr Ibn Abî Quhâfah. Il n’a pas attendu un instant lorsque je lui en ai parlé et n’a point hésité  [Rapporté par Ibn Ishâq dans la Sîrah].

Fut-ce par précipitation ou naïveté ? Laissons la réponse aux événements qui suivirent. Un jour, au début de la révélation, les Polythéistes de Quraysh s’attaquèrent violemment au Prophète sous les yeux de ses Compagnons. Devant cette scène, Abou Bakr se précipita à la défense du Prophète en criant :  Tuez-vous un homme parce qu’il dit : "Mon Seigneur est Allah." ?  ; ce qui lui valut d’être encerclé et cruellement frappé. Une fois secouru, mais grièvement blessé et son corps tuméfié, Abou Bakr perdit conscience durant le reste de la journée si bien que sa tribu crut qu’il allait certainement y rester. Mais aussitôt éveillé, il mit de côté les peines et les douleurs dont il souffrait et demanda :  Qu’a-t-on fait au Messager d’Allah ?  Malgré les assurances que sa mère ainsi que Fâtimah Bint Al-Khattâb lui donnèrent que le Prophète était sain et sauf, Abou Bakr insista à s’en assurer lui-même. La nuit tombée, on emmena Abou Bakr chez le Prophète qui, très ému et attristé par ce qui avait touché son Compagnon, se mit à invoquer Allah pour lui. Mais, aux yeux d’Abou Bakr, même la tristesse ne devait avoir aucune place dans le cœur du Prophète. En guise de consolation pour le Messager d’Allah, Abou Bakr lui dit :  Je sacrifierais pour toi mes père et mère, ô Messager d’Allah ! Rien de mal ne m’a touché sauf ces quelques blessures sur mon visage. 

La conversion d’Abou Bakr renforça considérablement les fondements de la nouvelle religion. Sa forte adhésion au Message de l’islam le poussa à défendre, non seulement le Prophète, mais aussi les opprimés et les persécutés parmi les nouveaux musulmans. Ainsi, racheta-t-il sur ses propres deniers la liberté de sept esclaves convertis à l’islam, dont Bilâl Ibn Rabâh et `Âmir Ibn Fuhayrah, afin de les sauver de la ferrure de leurs maîtres. Il eut également le mérite d’être à l’origine de la conversion de cinq Compagnons auxquels Allah promit le Paradis : `Outhmân Ibn `Affân, `Abd Ar-Rahmân Ibn `Awf, Talhah Ibn `Oubayd Allah, Sa`d Ibn Abî Waqqâs et Az-Zoubayr Ibn Al-`Awwâm.

La compagnie du Prophète — — lui était meilleure que la terre et ce qu’elle renfermait comme trésors et représentait pour lui un honneur inestimable. Quand Allah ordonna à son Prophète d’émigrer vers Médine, Abou Bakr le supplia :  La compagnie, la compagnie, ô Messager d’Allah !  Et le Prophète de répondre :  La compagnie, Abou Bakr !  Il s’agissait d’un voyage risqué et semé d’embûches, mais notre mère Aisha dit à cet égard :  Je n’ai jamais vu quelqu’un pleurer de joie comme Abou Bakr ce jour-là. 

Arrivés à la grotte de Thawr, les deux compagnons décidèrent de s’y reposer avant de reprendre leur chemin vers Médine. Abou Bakr demanda au Prophète d’attendre à l’extérieur jusqu’à ce qu’il inspecte la grotte et s’assure qu’aucun danger ne s’y présentait. Trouvant plusieurs cavités susceptibles d’abriter des serpents ou des scorpions, Abou Bakr passa son doigt à l’intérieur de chacune d’entre elles pour s’assurer qu’elle ne contenait rien de nuisible. Il enleva ensuite son manteau, le déchira en morceau et se mit à boucher les trous de la grotte avant d’inviter le Prophète à rentrer. La nuit tombée, le Prophète — — se coucha auprès d’Abou Bakr qui bouchait de son pied un trou qu’il venait de découvrir. Piqué par un scorpion caché dans ce trou, Abou Bakr étouffa sa douleur afin de ne pas déranger le Prophète, mais ne put empêcher ses larmes de couler. Ce ne fut que quand une larme tomba sur les joues du Prophète, qu’il se réveilla et vit son compagnon en larmes. Préoccupé, le Messager d’Allah lui demanda :  Qu’as-tu Abou Bakr !  Il répondit :  Ce n’est qu’une piqûre, ô Messager d’Allah, pour toi je sacrifierais mes père et mère.  Par le toucher de sa salive bénie, le Prophète — — soigna son Compagnon de la piqûre du scorpion... 

De nouveau sur leur chemin, Abou Bakr gardait la route du Prophète — —. Il marchait tantôt devant lui, tantôt derrière, tantôt à sa droite et tantôt à sa gauche. Remarquant cela, le Messager d’Allah lui dit :  M’aimes-tu Abou Bakr ?  Abou Bakr répondit :  Oui, ô Messager d’Allah.  Le Prophète lui demanda :  Es-tu prêt à mourir pour moi ?  Le Véridique répondit :  Oui, car si je meurs, je ne suis qu’un homme ; mais si tu meurs, tu représentes toute cette religion. 

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