Les enseignements tirés de la Bataille de Badr

15952 1922

Alors que les Musulmans avaient fait l'hégire, Les Mecquois n'hésitèrent pas à s'approprier les biens qu'ils avaient laissé à la Mecque et allaient les vendre en Syrie. Les Mohajirines demandèrent au Prophète () de combattre pour leurs droits. Le Prophète () n'en fit rien jusqu'au jour où Dieu le Très Haut lui en donna l'ordre par la révélation. Le Messager de Dieu () et ses partisans partirent au soir du vendredi 17 du mois de ramadan en l'an II de l'hégire, ils étaient environ 314 hommes accompagnés de 70 chameaux dont chacun portait trois hommes à tour de rôle.

Ils allaient pour intercepter la caravane d'Abou Sofiane qui s'en retournait à la Mecque. Bien entendu, les Mecquois virent en cela l'occasion de combattre les Musulmans et de les exterminer, aussi, ces derniers composèrent une armée trois fois plus nombreuses et étaient dotés d'un armement supérieur. En outre, ils dépêchèrent Abou Jahl vers Abou Sofiane pour que ce dernier joigne ses forces à l'armée mecquoise. Abou Sofiane préféra esquiver la bataille pour sauver les biens qu'ils transportaient et il emprunta un autre chemin.

Pendant ce temps là, les Musulmans, mis au courant par leurs espions, hésitèrent dans la décision à prendre : Intercepter la caravane ou bien combattre l'armée mecquoise. Après une concertation faite à la demande du Prophète (), Mohajirines et Ansars décidèrent de combattre l'armée mecquoise. La stratégie adoptée par les Musulmans consista selon les suggestions d'Al Habab (raa) d'aller au puits le plus proche de l'ennemi (le puits de Badr) et de dessécher les autres puits, obligeant les Mecquois à se rendre à l'endroit choisi et les laissant de plus dans une soif extrême.

Le Prophète () implora Dieu en ces termes "O Dieu, voici Qoreich venant défier et démentir Ton Prophète, dans sa vanité et son arrogance. Accorde-moi le soutien que Tu m'as promis. Fais que nos ennemis soient vaincus en l'espace d'un matin...". Par ailleurs, le Prophète () rassura ses Compagnons en leur promettant le soutien de Dieu et s'exprima à eux en disant "Tel polythéiste mourra ici, un tel mourra là en posant la main sur la terre à tel ou tel endroit".

Lorsque la bataille commença, le Prophète () prit une poignée de sable et la jeta en direction des polythéistes qui en eurent les yeux remplis. Les Musulmans sortirent vainqueur de la bataille en ayant eu l'aide de Dieu qui leur envoya en assistance mille anges. Les Musulmans eurent 15 martyrs, et comme le Prophète l'avait prédit, à chaque endroit qu'il avait auparavant désigné se trouvait un polythéiste mort.

Le Prophète () s'adressa aux polythéistes morts en leur disant "O untel, O untel... Vous auriez dû écouter Dieu et son Prophète. Nous autres, avons obtenu ce que Dieu nous avait promis ! En est-il de même pour vous ? Omar lui dit "Tu t'adresses à des corps sans vie !" Le Messager lui répondit "Par celui qui tient mon âme, ils m'entendent aussi bien que vous".

La bataille fut terminée, le Prophète () devait régler le sort des 70 prisonniers faits par les Musulmans et à ce sujet il consulta ses Compagnons. Certains proposèrent qu'ils soient libérés contre une rançon et d'autres par contre proposèrent à ce qu'ils soient exécutés. Le Prophète () opta pour la première solution, privilégiant ainsi la Vie et la Pitié. Par ailleurs, l'argent gagné des rançons contribuerait à aider les Musulmans. Cependant, Dieu révéla un verset venant réprimander le Prophète () sur le choix qu'il arrêta.

La bataille de Badr est riche en enseignements que nous allons développer si Dieu le veut.

Au départ, le Prophète () et les Musulmans désiraient simplement intercepter la caravane et cela sans combattre. Dieu Gloire à Lui le Très Haut les mit à l'épreuve ; à savoir que les Musulmans ne savaient plus quel était le meilleur objectif : intercepter la caravane ou combattre pour la cause de Dieu. Après consultation, les Musulmans décidèrent au prix de leur vie de combattre pour la cause de Dieu, ceci ne fut possible que grâce à la foi qu'ils avaient en Dieu et à son Messager. Les Musulmans savaient en toute conscience qu'ils allaient affronter une armée trois fois et demi supérieure à eux ! Comment agirions-nous dans tel cas ! irions-nous au combat ? ou bien prépiterions nous sur la richesse ? Le Prophète () n'hésita pas à consulter ses compagnons. Il recourait à ce procédé dès qu'il s'agissait d'un sujet pour lequel il n'avait pas eu de révélation spécifique et relevant de la politique gouvernementale. Ceci est resté et restera une loi constante jusqu'à la fin des temps pour tous les sujets épineux dont les Musulmans n'ont point de réponse dans le Coran et la Sunna. Mais la consultation ou "Choura" ne s'applique pas aux sujets traités définitivement par le Coran ou dans la Tradition et aucune autorité ne peut y remédier. La décision de combattre l'armée mecquoise fut une décision collective, ceci prouve que l'allégeance faite à Aqaba par les Ansars ne se limita pas à la parole mais se traduisit également dans les actes et que cette allégeance était bien pour Dieu. Il est permis de recourir à des espions et aux observateurs que les Musulmans peuvent dépêcher en territoire ennemi. Cela pour découvrir la position de l'ennemi et ses plans et connaître sa force en arme et en effectif. A cette fin, le chef musulman peut utiliser ce moyen tant qu'ils servent l'intérêt des Musulmans et assurent leur survie. Le Prophète () croyait à la victoire des Musulmans et à la promesse de Dieu, Qui ne manque jamais à Sa Parole. L'imploration du Prophète () n'est qu'une illustration de la fonction essentielle de l'homme qui n'est autre que l'adoration de Dieu. La demande à Dieu en toutes circonstances nous montre que les épreuves et les malheurs qui menacent l'Homme en cette vie ou qui s'acharnent contre lui sont autant de moyens pour lui rappeler sa qualité de serviteur de Dieu et diriger son espoir et ses pensées vers la grandeur de Dieu et sa formidable puissance. Les malheurs nous ramènent à Dieu en nous obligeant à avouer notre faiblesse, à admettre devant Dieu notre condition de serviteurs à chercher auprès de lui protection contre tous les malheurs. Quand un homme prend conscience de cette vérité, et règle sa conduite là dessus, cela signifie qu'il a atteint le degré de perfection que Dieu a fixé pour tous les Hommes. Le renfort d'Anges au cours de l'expédition, l'un des plus importants miracles visant à appuyer les musulmans authentiques et à les secourir se produisit à Badr. Cette aide ne fut point d'ordre spirituelle ou une force morale comme certains l'ont imaginé mais ce fut un effectif réel de 1000 anges. Ils participèrent réellement au combat pour rassurer les Musulmans en répondant effectivement à leur appel au secours. Mais la victoire est de Dieu seul, elle ne doit rien aux anges. Ce fait a été rapporté dans les deux Sahih. Le Prophète s'adressa aux morts polythéistes et Omar, étant étonné, reçu comme réponse du Messager de Dieu () "Par celui qui tient mon âme, ils m'entendent aussi bien que vous m'entendez". Cette affirmation nous apprend que le défunt à une vie spirituelle propre dont nous ne connaissons pas la nature ni les modalités et que les âmes des morts planent autour de leurs corps. La décision que pris le Prophète sur le sort des Prisonniers ne fut pas la bonne. Cela nous apprend que le Prophète () avait droit à l'erreur, mais ses erreurs n'étaient jamais approuvées, au contraire, elles lui étaient vite reprochées par la révélation de versets. Certains affirment que le Prophète () ne pouvait commettre d'erreur, ce qui est faux puisque Dieu dit dans le Coran "Que Dieu te pardonne ! pourquoi les as tu dispensés du combat..." (verset 43/9). Beaucoup pourraient être choqués par l'attribution d'erreurs au Messager de Dieu (). Ces derniers voient dans l'erreur un crime, une aberration, un acte en parfaite contradiction avec la droiture infaillible des Prophètes. Or dans ce contexte, on entend par "erreur" qu'à un moment donné, la jurisprudence du Prophète () n'a pas abouti auprès de Dieu à la perfection. mais son "erreur" ne contredit nullement sa vertu irréprochable, au contraire, c'est en quelque sorte une gratification de Dieu. Par ailleurs, le Prophète () se dépassait sans cesse, de sorte qu'il considérait toujours imparfaites ses actions passées, par rapport au degré de perfection qu'il atteignait par la suite. Il implorait souvent Dieu de lui pardonner ces "erreurs" tout comme nous implorons nous mêmes le pardon pour nos péchés. Par ailleurs, Dieu dans sa sagesse ne voulut pas que les Musulmans règlent leurs grands problèmes entièrement ou partiellement par le biais de l'argent alors qu'ils devaient tenir compte uniquement du point de vue de la religion en toutes circonstances. Ils ne devraient pas rechercher les solutions matérialistes voire lucratives, car dans ce cas, ils ne tarderaient pas à les considérer comme une règle de conduite qu'ils devraient suivre constamment. Le point de vue matérialiste prendrait le dessus, alors que les règles qui guident les Musulmans doivent demeurer sublimes et s'élever sans cesse au-dessus des convoitises de ce monde. il devient difficile pour celui qui s'est enfoncé dans les plaisirs de ce monde et en a apprécié le goût d'y renoncer et de ne plus jamais y revenir.

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