Erdogan salué en héros
Le geste de colère du Premier ministre turc à Davos, après un accrochage verbal avec le président israélien Shimon Peres, lui a valu un accueil en héros dans son pays. Recep Tayyip Erdogan a également été applaudi au Proche et au Moyen-Orient.
Selon un journalist, tout est bien qui finit bien. Le Premier ministre turc a défendu la place de la Turquie sur la scène internationale et il continuera à le faire comme il l‘a promis à ses supporters venus l’attendre à sa descente d’avion tel un champion au beau milieu de la nuit.
Sans surprise, Tayyip Erdogan a reçu le soutien entier du chef de l’Etat, Abdullah Gül, mais aussi celui à peine voilé de l’état-major qui s’est fendu d’un communiqué soulignant que les accords de coopération militaire entre les deux pays restaient inchangés .
L’affaire ne devrait donc pas porter à conséquence au niveau diplomatique puisque le président israélien, Shimon Peres, a lui aussi réaffirmé la pérennité des liens entre les deux pays, des liens établis il y a treize ans et sérieusement malmenés ces dernières années, surtout depuis l’attaque de Gaza.
Comme cela lui arrive souvent, Erdogan a certes perdu son sang-froid, mais les organisateurs du sommet de Davos l’ont reconnu dans son bon droit et c’est donc en héros qu’il est aujourd’hui salué dans son pays et dans toute la région.
Reste à savoir si la Turquie pourra ou voudra continuer à jouer les médiateurs entre Israéliens et Palestiniens alors que se discute l’envoi d’observateurs à la frontière égyptienne.
Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a loué le geste de M. Erdogan. "Le Hamas rend hommage à la position courageuse du Premier ministre turc", a affirmé son porte-parole Fawzi Barhoum dans un communiqué. Le journal Al-Khaleej des Emirats Arabes Unis a fait état de l'esclandre de M. Erdogan en première page se réjouissant qu'il ait quitté Davos après "avoir dénoncé l'holocauste israélien à Gaza et défendu les Palestiniens".
En revanche, ce geste a suscité des critiques en Turquie où l'opposition reprochait déjà à M. Erdogan d'avoir apporté son appui au Hamas, au détriment d'Israël, principal allié d'Ankara dans la région.
Très sensible à la cause musulmane, M. Erdogan avait fustigé l'opération de 22 jours d'Israël à Gaza qui a coûté la vie à plus de 1.330 Palestiniens.
M. Erdogan s'est justifié en disant: "je ne suis pas un chef de tribu, je suis le Premier ministre de la Turquie. J'ai fait ce que je devais faire".
L'opinion publique turque est coutumière des sorties inattendues de M. Erdogan, un politicien charismatique de 54 ans connu pour son franc-parler, arrivé au pouvoir en 2002 en Turquie, pays musulman mais laïc.