La femme musulmane et le travail

26088 1977

La femme musulmane et le travail

 
Le travail de la femme musulmane soulève de nombreuses interrogations. Doit-elle travailler ou non ? Si oui, dans quels secteurs, comment, sous quelles conditions ? Comment concilier le travail avec la vie de famille étant donné le rôle de la femme au sein de la famille ? Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de cerner les avantages et les inconvénients liés au travail de la femme.
L’islam reconnaît à la femme musulmane le droit de travailler, faculté unanimement reconnue mais pas toujours respectée. A l’époque du Prophète, la femme était active dans la société. Au niveau professionnel, elle était présente dans tous les domaines : agriculture, artisanat, administration, médecine. En occident, la femme travaille aujourd’hui également dans tous les secteurs, parfois au prix de nombreux combats et sacrifices mais qu’en est-il de la femme musulmane ? Nous essaierons de présenter ici les conditions, les avantages, les inconvénients du travail de la femme musulmane.
Quelques soient ses motivations, la femme musulmane doit respecter certaines conditions. La première est la légitimité de l’emploi occupé. L’activité ne doit pas comporter d’actes illicites tels que vendre ou servir de l’alcool, le mensonge ou le vol. L’exigence suivante est vestimentaire, la tenue islamique doit être respectée par le port d’habits longs et amples ne laissant pas paraître les formes féminines et d’un voile couvrant les cheveux. Son comportement doit suivre les règles de bienséance définies par l’islam. Elle doit éviter l’isolement avec un homme étranger et tenir un langage correct avec une voix ferme et non mielleuse, avec tout collègue du sexe opposé.
Quels sont les avantages pouvant inciter la femme musulmane à travailler ? On peut dégager trois principaux aspects : intellectuel, social et économique. Dans de nombreuses professions, le travail peut constituer un moyen d’atteindre ou de maintenir un certain niveau intellectuel. Cet aspect est particulièrement important pour celles qui ont fait de longues études, elles valorisent ainsi leurs diplômes. Du point de vue social, il permet de rompre la solitude de certaines femmes au foyer. Rencontrer des gens, discuter, échanger des idées font partie des besoins de tout être humain car celui-ci ne peut vivre dans l’isolement. Enfin, l’aspect économique est non négligeable. Le travail est un moyen pour la femme d’avoir son propre argent, que ce soit pour ses dépenses personnelles, sa famille ou les indigents. L’islam octroie à la femme musulmane un droit à la propriété que peu de société lui ont donné avant l’avènement de l’islam ou bien seulement au cours du siècle dernier. Elle jouit de ses biens comme elle l’entend et nul ne peut en disposer à sa place.
" Ne convoitez pas ce qu’Allah a attribué aux uns d’entre vous plus qu’aux autres ; aux hommes la part qu’ils ont acquise, et aux femmes la part qu’elles ont acquise. Demandez à Allah de Sa grâce. Car Allah, certes, est Omniscient." Sourate 4, An-Nisâ’ (Les femmes), verset 32
Si elle le souhaite donc, son salaire peut constituer un apport supplémentaire pour le foyer sans pour autant diminuer ou ôter à l’homme sa responsabilité financière. Le mari est tenu, dans tous les cas, de subvenir aux besoins de la famille sans aucune obligation pour l’épouse d’y contribuer. En cas de veuvage, le fruit de son travail permet à la femme d’assurer une vie décente à sa famille. Elle a également la possibilité d’utiliser l’argent ainsi gagné, de façon licite, pour faire le bien en le donnant en aumône. Ce dernier usage est bien évidemment le meilleur comme Allah le dit dans le Coran : 
" Les Musulmans et Musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes, loyaux et loyales, endurants et endurantes, craignants et craignantes, donneurs et donneuses d’aumône, jeûnants et jeûnantes, gardiens de leur chasteté et gardiennes, invocateurs souvent d’Allah et invocatrices : Allah a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense. " Sourate 33, Al ’Ahzâb (Les coalisés), verset 35.
" Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable accomplissent la Salâ, acquittent la Zakâ et obéissent à Allah et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah est Puissant et Sage.", Sourate 10, At Tawba (Le repentir), verset 71.
Une activité professionnelle comporte indéniablement des bénéfices pour la femme mais elle implique également des inconvénients qu’il est important de prendre en considération. Lorsque la femme travaille, elle conserve toutes ses responsabilités au regard de son foyer. Ses rôles de mère et d’épouse restent intacts. En choisissant de travailler, la femme doit assumer une charge additionnelle et le plus souvent, le travail occasionne un stress et une fatigue supplémentaires. Elle est alors moins disponible pour sa famille au niveau temps, attention, écoute, affection. Elle doit être suffisamment forte moralement et physiquement pour les supporter afin que son activité n’agisse pas négativement sur ses responsabilités premières, religieuses et familiales. Sa religion risque d’être affaiblie par un manque de temps, des compromis ou un environnement peu favorable aux pratiques religieuses. Le monde du travail n’est pas toujours suffisamment ouvert et tolérant pour accepter le voile qu’Allah a prescrit pour toute Musulmane. En ce cas, elle doit choisir entre sa religion et son emploi. Si sa foi est faible ou si le travail représente une réelle nécessité économique, elle peut être tentée d’ôter son voile sur le lieu de travail. Le travail constitue alors une menace pour sa religion. En occident, excepté quelques domaines, le travail a lieu dans un cadre mixte et entraîne de nombreux contacts avec des hommes étrangers. La femme est alors exposée à un risque de manque de respect, à des avances. Seul un environnement constitué de Musulmans respectueux de leur religion peut lui garantir une sécurité morale.
Travailler relève plutôt d’un choix personnel de la femme, en concertation avec son époux, selon les besoins financiers, sa capacité à concilier la vie professionnelle avec la vie familiale, l’apport de son travail à la société. Cependant, il n’est pas facile de respecter toutes les conditions requises citées précédemment dans une société majoritairement non musulmane comme en France. Travailler devient alors pour la femme un véritable défi. De plus, la Musulmane ne doit pas oublier ou négliger ses obligations religieuses et familiales. Elle est responsable de son foyer et devra en rendre compte :
" Chacun d’entre vous est un berger et chacun de vous est responsable de son troupeau. Le Chef de la Communauté musulmane est un berger et il lui sera demandé compte de son troupeau ; l’homme est le berger des siens et il est responsable de son troupeau, la femme est une bergère dans la demeure de son mari et elle sera responsable de son troupeau ; le serviteur est un berger quant au bien de son maître et il est responsable de son troupeau. " (Sahih Al Bokhari 11-11)
" Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah. ", Sourate 4, An-Nisâ’ (Les femmes), verset 34.

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