Baraka ou Oum Aymane : une femme du Paradis
Zayd - qu’Allah l’agrée - était un arabe de la tribu de Kalb qui a été capturé étant enfant et amené à la Mecque pour être vendu au marché d’esclaves. Il a été acheté par le neveu de Khadidja et a été mis à son service. Dans le foyer de Khadidja, le jeune homme s’est attaché à Mohammed, , et s’est mit à son service. Leur relation était semblable à une relation père-fils. A tel point que lorsque le père de Zayd vint à la Mecque à sa recherche, Zayd eut le choix donné par Mohammed, , entre suivre son père ou rester avec lui. La réponse de Zayd à son père fut la suivante : Je ne quitterai jamais cet homme. Il m’a traité avec noblesse, comme un père traiterait son fils. Pas un seul jour, je me suis senti esclave. Il s’est bien occupé de moi. Il est gentil et aimable avec moi. Il fait tout ce qui est en son pouvoir pour me rendre heureux. Il est le plus noble des hommes et la meilleure des créatures. Comment pourrais-je le quitter et partir avec toi ? ... Je ne le quitterai jamais.
Plus tard, en public, Mohammed, , a proclamé la liberté de Zayd qu’Allah l’agrée. Toutefois, Zayd a continué de vivre avec lui comme un membre de son foyer et est resté à son service.
Quand Mohammed, , a été élu Prophète, Baraka et Zayd - qu’Allah les agrée - étaient parmi les premiers à croire au message qu’il a proclamé. Ils ont subi avec les premiers musulmans la persécution que leur infligeaient les Qurayshites.
Baraka et Zayd ont rendu de précieux services à la mission du Prophète . Ils agissaient à la manière d’un service secret s’exposant à la punition et à la persécution des Qurayshites, risquant leurs vies pour obtenir des informations sur les plans et les conspirations des mécréants.
Une nuit, les mécréants ont bloqué les routes conduisant à la maison d’Al-Arqam où le Prophète, , rassemblait ses Compagnons régulièrement pour leur apprendre les enseignements de l’Islam. Baraka a été chargée de transmettre au Prophète une information urgente de la part de Khadidja. Elle a risqué sa vie en essayant d’atteindre la maison d’Al-Arqam. Lorsqu’elle est arrivé et a transmis le message au Prophète, , il a souri et lui a dit : Tu es bénie, Oum Aymane. Sûrement tu as une place au Paradis. Une fois Oum Aymane partie, le Prophète, , a dit à ses Compagnons : Si quelqu’un parmi vous désire épouser une femme des gens du Paradis, qu’il épouse Oum Aymane.
Tous les Compagnons sont restés silencieux. Oum Aymane n’était ni belle ni attirante. Elle avait à l’époque environ cinquante ans et paraissait plutôt fragile. Zayd ibn al-Haritha - qu’Allah l’agrée - s’est avancé cependant et a dit : Ô ! Messager de Dieu, je me marierai avec Oum Aymane. Par Dieu, elle est mieux qu’une femme gracieuse et belle.
Zayd et Oum Aymane se marièrent et furent bénis par la naissance d’un fils qu’ils nommèrent Oussama. Le Prophète, , aimait Oussama comme son propre fils. Il jouait souvent avec lui, l’embrassait et le nourrissait lui-même. Les musulmans disaient : Il est le fils bien-aimé du bien-aimé. Dès le plus jeune âge, Oussama - qu’Allah l’agrée – s’est distingué par son caractère et plus tard le Prophète lui confia de lourdes responsabilités.
Lorsque le Prophète a émigré vers Yathrib, qui deviendra plus tard El Médina, il laissa Oum Aymane à La Mecque pour s’occuper de certaines de ses affaires à son foyer. Finalement, elle a émigré vers El Médina par ses propres moyens. Elle a fait le long et pénible voyage à travers le désert et le terrain montagneux à pied. La chaleur était accablante et les tempêtes de sable lui cachaient la route mais elle persistait, portée par son amour profond et son attachement pour le Prophète, . Lorsqu’elle est arrivé à El Médina, ses pieds étaient endoloris et enflés et son visage était couvert de sable et de poussière.
“Ya Oum Aymane! Ya Oummi! (Ô Oum Aymane ! Ô ma mère ! ) Il y a pour toi une place au Paradis ! s’est exclamé le Prophète, , lorsqu’il l’a vu. Il a essuyé son visage et ses yeux, lui a massé les pieds et lui a frictionné les épaules de ses douces mains.
A El Médina, Oum Aymane - qu’Allah l’agrée – a joué un rôle prépondérant dans les affaires des musulmans. A Ouhoud, elle a distribué de l’eau aux assoiffés et s’est occupé des blessés. Elle a accompagné le Prophète, , durant certaines expéditions, à Khaybar et Hounaïne par exemple.
Son fils Aymane - qu’Allah l’agrée - un Compagnon dévoué du Prophète est tombé martyr à Hounaïne dans la huitième année après l’hégire. Le mari de Baraka, Zayd, a été tué à la batailla de Mou’ta en Syrie après une vie de bons et loyaux services rendus au Prophète et à l’Islam. Baraka à cette époque avait environ soixante-dix ans et demeurait la plupart du temps chez elle. Le Prophète, , accompagné d’Abou Bakr et de Omar - qu’Allah les agrée- lui rendait souvent visite et lui demandait : Ya Oummi ! (Ô Mère !) Est-ce que tu vas bien ? et elle lui répondait : Je vais bien, Ô Messager de Dieu aussi longtemps que l’Islam se porte bien !
Après la mort du Prophète, , on voyait souvent Baraka - qu’Allah l’agrée- les yeux en larmes. On lui a demandé un jour : Pourquoi pleures-tu ? Elle a répondu : Par Dieu, je savais bien que le Messager de Dieu, , devait mourir un jour, mais je pleure parce qu’il a été mis un terme à la Révélation. "
Baraka - qu’Allah l’agrée - était unique dans le sens où elle a été la seule à être aussi proche du Prophète, , tout au long de sa vie, de sa naissance à sa mort. Sa vie fut entièrement consacrée au service du foyer du Prophète, . Elle demeura profondément attachée à la personne du noble et attentionné Prophète, . Par dessus tout, sa dévotion à l’Islam fut forte et inébranlable.
Elle est morte durant le Califat de Othmane, qu’Allah l’agrée. Ses racines étaient inconnues mais sa place au Paradis, elle, est assurée.