Oum As-Saâd: la fidélité des disciples 2

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Oum  As-Saâd: la fidélité des disciples 2

 
Interrogée sur ses disciples et les liens qu’elle entretient avec eux, elle dit :  Je me souviens de chacun d’eux. J’ai habilité certains à la récitation d’un seule Quira’ate. D’autres - peu nombreux - ont reçu des habilitations dans les dix Quira’ates, estampillées de mon cachet spécial dont je ne me sépare jamais et que je ne confie à personne, même pas aux gens de confiance. 
Elle ajoute :  Certains d’entre eux sont devenus occupés et ne me rendent plus visite. Mais la plupart m’appellent, viennent me voir et prennent de mes nouvelles de temps en temps.  Elle en dénombre, non sans fierté, nombre de récitateurs, de prédicateurs et de mémorisateurs du Noble Coran ; l’un d’entre eux a même décroché le deuxième prix au concours international de mémorisation du Coran organisé tous les ans en Arabie Saoudite. Le plus connu parmi ses disciples est le Cheikh Ahmed Niînaâ qui a récité le Coran et a obtenu son habilitation, au même titre que nombre d’enseignants et de Cheikhs de l’Institut des Quira’ates à Alexandrie qui chaque fois qu’ils accordent une habilitation dans la mémorisation du Coran, mentionnent son nom au début de la chaîne de transmission remontant au Prophète, .
Les épouses des mémorisateurs sont jalouses de la Cheikha !
Cheikha Oum  As-Saâd raconte avec amusement que les épouses de certains mémorisateurs manifestent de la jalousie à son endroit et la crainte qu’elle leur "pique" leurs époux, tellement ceux-ci parlent de leur Cheikha  avec fierté et respect. Ceci pousse alors les époux à emmener leurs femmes aux séances d’apprentissage pour s’assurer que de telles craintes étaient infondées à l’endroit d’une vieille femme aveugle !
Elle ajoute :  Par ailleurs, certains hommes hésitaient un peu à étudier auprès de moi parce que je suis une femme, d’autres s’en sont abstenus. Mais le Cheikh Mohammed Ismaïl, le prédicateur salafi le plus renommé d’Alexandrie, a émis une Fatwa les autorisant à cela, notamment lorsqu’il a pris connaissance de mon âge ; il a même envoyé ses parentes étudier auprès de moi. 
Les festivités du jour de la Khatma... La fête et les cadeaux
Le bonheur d’Oum As-Saâd est à son summum le jour de la Khatma, jour où elle décerne la licence de mémorisation du Coran à un disciple. Bien que cet événement se soit produit plus de trois cents fois, elle en garde une photo à chaque fois, la dernière habilitation en date étant celle d’une femme qui a appris le Coran dans le lectionnaire de Nafaâ selon la transmission de Qaloun.
Le jour de la Khatma se tient un repas ou un salon de thé avec des pâtisseries. L’auteur de la Khatma lui offre alors un présent : une djellaba, une bague, un bijou en or, chacun selon ses moyens. Le plus beau cadeau que ses élèves lui aient offert fut un voyage pour le pèlerinage à La Mecque, avec un séjour d’un an dans le Hidjaz, tous frais payés. Ce qu’elle apprécia le plus dans ce voyage, après le pèlerinage, fut l’opportunité qu’elle eut de réviser le Noble Coran et de délivrer des habilitations à des dizaines de Hafedh issus de divers pays musulmans, comme l’Arabie Saoudite, le Pakistan, le Soudan, la Palestine, le Liban, le Tchad ou l’Afghanistan. Elle éprouva un plaisir particulier à habiliter une jeune femme saoudienne à peine âgée de dix-sept ans.
Que ma Cheikha me pardonne : je me suis mariée !
Interrogée sur l’identité de son disciple le plus intime, Cheikha Oum As-Saâd répondit :  Mon mari !  Il s’agit de Cheikh Mohammed Farid Nou’mane qui, avant son décès, était le récitateur le plus connu à la radio d’Alexandrie. Il est également la première personne habilitée par Oum As-Saâd. Elle raconte au sujet de son mariage :  Je n’ai pas pu tenir la promesse faite à ma Cheikha Nafissa de ne pas me marier. Il me récitait le Coran dans toutes les Quira’ates. J’ai ressenti de la sympathie à son égard. Il était aveugle comme moi et avait mémorisé le Coran étant très jeune. Je lui ai enseigné pendant cinq années entières. Lorsqu’il a fini l’apprentissage des dix Quira’ates et a obtenu son habilitation, il a demandé ma main en mariage et j’ai accepté. 
Leur mariage dura quarante ans durant lesquels ils n’eurent pas d’enfants. Elle commente ce fait, disant :  J’ai le sentiment que Dieu choisit toujours le bien pour moi. Avec des enfants, j’aurais probablement eu d’autres occupations et je n’aurais pu me consacrer au Coran que j’aurais peut-être oublié. 
La Cheikha  continue toujours à se dépenser tel un fleuve qui apporte généreusement les flots du Coran...

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