Il s’agit de Mohammad ibn Omar ibn al-Hassan ibn al-Hussein, Abou Abdallah al-Qourachi, al-Bakri, al-Taymi, plus connu sous le nom d'Ibn al-Khatib ainsi que de Fakhr Eddine Ar-Razi. Il né en l’an 543 après l’Hégire et mort, après avoir atteint le sommet de la renommée, à l’âge de 63 ans en l’an 606. Il fut en son temps le représentant principal des gens de Sounna (Ahl As-Sunna) et s'est opposé à toutes les sectes déviantes avec lesquelles il est entré en contact, en particulier les sectes Mou’tazilites, Chiites, Hachiwiyya ainsi que les juifs et les chrétiens.
Il fut un magnifique professeur dans toutes les branches de la théologie et pouvait débattre et prêcher aussi bien en arabe qu'en persan, et répondait gracieusement et longuement aux questions des disciples de chacune des quatre écoles de jurisprudence. Au cours de ses prêches, il entrait souvent dans des états émotionnels tels, qu'il faisait fondre en larmes son auditoire.
Ce grand érudit et célèbre exégète (qu’Allah lui fasse miséricorde) donna à son fils Abdallah et à travers lui toute la communauté les conseils que voici :
Mon fils, c'est en perfectionnant la piété que tu connaîtras la prospérité. Un être pieux ne cherche pas à se faire remarquer, ni ne s'expose à ce qui peut nuire à sa religion. Celui qui veille à ne pas transgresser les lois d'Allah sera préservé. Le Prophète, , dit à Ibn Abbâs - - : Ne néglige point [les lois de] Allah et Lui ne te négligera pas ; ne néglige point Allah et tu Le trouveras devant toi.
Sache, mon fils, que Younes (Jonas, Alaihi Sallam) avait une réserve d'actes de piété, ce qui lui a permis d'éviter la captivité à l'intérieur du ventre de la baleine. Allah dit (sens des versets) :S'il n'était pas de ceux qui me font les louanges, il aurait sûrement demeuré dans son ventre jusqu'au jour de la résurrection. (Coran 37/143-144)
Comme Pharaon n'avait aucune réserve d'actes vertueux, il n'a pu trouver de secours dans son agonie. On lui dit (sens du verset) : Maintenant, alors qu'auparavant tu étais rebelle [au Seigneur]. (Coran 10/91)
Constitue [mon fils], au moyen de la piété, une réserve de bonnes actions, elles te seront profitables plus tard. On rapporte ceci dans un hadith : Il n'est pas un seul être qui craigne Allah durant sa jeunesse, sans qu'il ne soit préservé durant sa vie d'adulte.
Allah dit à propos de Joseph (sens du verset) : Et lorsqu'il eut atteint sa maturité, nous lui fîmes don de sagesse et de science. C'est ainsi que, nous récompensons les bienfaiteurs. (Coran : 12/22)
Sache, mon fils, qu'une réserve parfaite serait composée en premier lieu de s’éloigner de ce qui est illicite, d'éviter le bavardage inutile et de donner la primauté et l'avantage aux ordres d’Allah, exalté soit-Il, sur les passions. Tu connais le Hadith des trois personnes qui se sont réfugiées dans une grotte ; dès qu'ils furent dedans, un rocher dévala de la montagne et leur ferma l'ouverture de la grotte. Ils se dirent : Il ne vous débarrassera de ce rocher qu’en invoquant Allah avec les meilleurs œuvres que vous avez accomplies.
L'un d'eux dit : Ô mon Dieu, j'avais une mère et un père très vieux, et je ne donnais jamais à boire [le lait que je leur ramenais], ni à ma famille et ni à mes enfants, avant eux. Un jour que je m'étais trop éloigné en quête de pâturage, je fus en retard pour retourner et je les trouvai endormi. Je fis traire (le troupeau) et leur ramenai leur lait. A mon arrivée, ils dormaient toujours. Et comme je n'aimais donner à boire ni à ma famille, ni à mes enfants avant eux, je restai ainsi, la tasse dans la main, attendant leur réveil jusqu'à l'aube [dans une autre version de ce hadith : et mes enfants pleuraient à mes pieds]. Quand enfin ils se réveillèrent, ils buvaient leur lait.
Ô mon Dieu, si Tu sais que je fis cela en vue de Te plaire, alors écartes ce rocher de notre passage.
Le rocher fut écarté, mais pas assez pour leur permettre de sortir.
Ô mon Dieu, dit le deuxième, Tu sais que j'avais une cousine que j'aimais plus que tout au monde et que j'essayais tant de séduire mais elle se défendait, jusqu'à ce qu'elle fût affligée de misère en une certaine année. Elle vint alors me voire. Je lui donnai cent vingt dinars pourvu qu'elle me laisse disposer d'elle et elle céda. Quand je m'emparai d'elle, elle me dit : Il ne t'est pas permis (par Allah) de me déflorer sans que tu aies le droit [c'est-à-dire l'acte légal]. Ceci m'embarrassa tellement, que je la laissai et me détournai d'elle, tout en la désirant plus que tout. Aussi, je lui laissai l'or que je lui avais donné. Ô mon Dieu, si Tu sais que je fis cela en vue de Te plaire, alors écartes ce rocher de notre passage.
Le rocher fut écarté, sans toutefois qu'ils puissent en sortir.
Ô mon Dieu, dit le deuxième, Tu sais que j'avais une cousine que j'aimais plus que tout au monde et que j'essayais tant de séduire mais elle se défendait, jusqu'à ce qu'elle fût affligée de misère en une certaine année. Elle vint alors me voire. Je lui donnai cent vingt dinars pourvu qu'elle me laisse disposer d'elle et elle céda. Quand je m'emparai d'elle, elle me dit : Il ne t'est pas permis (par Allah) de me déflorer sans que tu aies le droit [c'est-à-dire l'acte légal]. Ceci m'embarrassa tellement, que je la laissai et me détournai d'elle, tout en la désirant plus que tout. Aussi, je lui laissai l'or que je lui avais donné. Ô mon Dieu, si Tu sais que je fis cela en vue de Te plaire, alors écartes ce rocher de notre passage.
Le rocher fut écarté, sans toutefois qu'ils puissent en sortir.
Le troisième dit : Ô mon Dieu, j'avais engagé des ouvriers et leur avais donné leurs salaires. L'un d'entre eux laissa le sien et s'en alla. Je fis fructifier son dû qui apporta une grande richesse. Après un certain temps, cet ouvrier se présenta à moi et me dit :
Ô serviteur d’Allah, donnes moi mon salaire.
Je lui dis : Tout ce que tu vois comme chameaux, ovins, bovins et esclaves est le fruit de ton salaire.
Il me dit : Ô serviteur d’Allah, ne te moques pas de moi !
Mais non, lui répondis-je, je ne me moque pas de toi.
Ainsi, il prit tout et s'en alla.
Ô mon Dieu, si Tu sais que je ne fis cela qu'en vue de Te plaire, alors délivres-nous.
Le rocher fut complètement écarté et ils sortirent pour poursuivre leur chemin. (Rapporté par Boukhari et Mouslim)
Quelqu'un a vu dans son songe Soufiane Ath Thawri. On lui dit : Qu'a fait de toi Ton Seigneur ? Il répondit : Après m'avoir
installé dans ma tombe, je vis le Seigneur des mondes devant moi. Il ordonna que l'on m'introduise au Paradis. Lorsque je fus au Paradis, j'entendis quelqu'un m'appeler Soufiane , je répondis : C'est moi Soufiane. Il me dit: Te rappelles-tu le jour où tu as donné la préférence à Allah sur tes passions ? Je répondis: Oui
Il te faut parfaire ta force d'esprit car il y a des êtres qui ont voué leur vie à l'ascétisme, d'autres ont été versés dans la science ; un petit nombre seulement de gens a atteint un très haut degré de connaissance ainsi qu'une parfaite mise en pratique de celle-ci. Après avoir passé en revue tous les gens de la deuxième génération de l'Islam et même ceux qui leur succédèrent, je n'ai pu y trouver plus accompli que les quatre personnes suivantes : Saïd Ibn Al Moussayab, Soufiane Ath-Thawri, AI-Hassan Al-Basri et Ahmad Ibn Hanbal. Ce sont des gens qui possèdent une force d'esprit bien supérieure à la nôtre.
Un grand nombre parmi nos pieux prédécesseurs (Salafs) possédait une force d'esprit exceptionnelle. Si tu désires t'informer à leur sujet, réfère-toi au livre intitulé Safwat As-Safwa ou Akhbar Saïd ou Akhbar Soufiane ou Akhbar Ahmad Ibn Hanbal. J'ai réalisé un livre (biographie) pour chacun d'eux.
Tu sais, ô mon fils, que j'ai écrit une centaine de livres, parmi ceux-ci: At-Tafsir Al-Kabir en 20 tomes, At-Tarikh en 20 tomes également, Tahdib Al-Mousnad en 10 tomes et d'autres ouvrages, soit en 3, 4 ou 5 tomes, ou plus ou moins. Tu as là une quantité suffisante de livres qui te dispensent de l'emprunt et de l'effort d'écriture.
Tu dois mémoriser ce que tu apprends, car la mémorisation est capitale. Le comportement est un privilège qu’il ne faut pas négliger. Aie donc recours à Allah, et ne néglige pas Ses commandements.
[…].Si vous soutenez [la religion de] Allah, Il vous assistera.. (Coran : 47/7)
Souvenez-vous de Moi et Je me souviendrai de vous. (Coran : 2/152)
[…]. Si vous tenez vos engagements vis-à-vis de Moi, Je tiendrai les miens. Et c'est Moi que vous devez redouter. (Coran : 2/40)
Prends garde de ne pas te limiter à la science sans son application, car ceux qui ont rejoint la cour des princes et ceux qui ont porté de l'intérêt au milieu mondain, c'est parce qu'ils ont œuvré sans science. Ils se sont privés de toute bénédiction et de tout profit.
Méfie-toi d'une pratique religieuse sans science, certains ascètes ont quitté le droit chemin parce qu'ils ont œuvré sans science.
Couvre-toi de deux vêtements qui ne doivent pas te procurer, par leur aspect luxueux, une réputation au sein des gens épris de ce monde ou par leur aspect désuet, une réputation au sein de ceux qui ont renoncé aux biens d'ici-bas (Az-Zouhâd).
Prends garde à la moindre parole que tu prononces, au moindre regard et au moindre pas, car tu es responsable de tous tes actes. Ce que tu as appris comme savoir profitera aux auditeurs. Lorsque le prédicateur œuvre sans science, sa prédication
ne se maintient pas dans les cœurs, telle l'eau qui ne se maintient pas sur les pierres. Tu ne dois exhorter les gens sans intention, ni marcher ou manger sans intention et si tu jettes un regard sur le comportement des ancêtres pieux, tu y retrouverais tout cela. Réfère-toi au livre Minhadj Al-Mouridine, tu y apprendras les bonnes manières. Fais-en à la fois ton compagnon d'études et ton enseignant.
Jette un regard à l'ouvrage intitulé Sayd Al-Khatar (La pensée vigile), tu y trouveras ce qui te permettra de gérer convenablement ta vie religieuse et matérielle.
Mémorise le livre intitulé Djannate An-Nadhr, il suffit à assimiler la jurisprudence. L'étude du livre Al Hadaïq te permet de prendre connaissance de l'ensemble des Hadiths. Quant au livre Al-Kachaf, il te dévoilera ce qui est implicite dans les deux recueils authentiques.
Sois un bel exemple pour les gens en menant une vie très retirée, car la retraite est un soulagement contre toute mauvaise fréquentation mais également un chemin vers la décence. Il convient au prédicateur en particulier, de ne pas se faire remarquer par la vulgarité et la turbulence ou de se promener dans les marchés pour une bonne opinion de soi et pour que ses prédications soient profitables.
Mais si tu es contraint à fréquenter les gens, il te faut agir avec indulgence. Si tu venais à découvrir leurs mœurs, tu n'aurais pu les côtoyer.
Tu dois pour chaque chose lui accorder son droit, que ce soit ton épouse, tes enfants ou tes proches. Vois à quoi ont servi les heures passées. Il te faut, selon tes possibilités, les occuper avec ce qu'il y a de mieux. Fais parvenir à ton entrepôt ce qui te réjouira le jour où tu le retrouveras. Tu te dois d'appréhender l'issue finale, afin de pouvoir patienter tant face aux choses désirables que détestables.
Si tu remarques en toi de l'insouciance, rends-toi au cimetière et rappelle-toi que le grand voyage [vers l'au-delà] est proche. Gère tes dépenses afin de ne pas gaspiller et pour ne pas dépendre des gens en cas de besoin.
Sache que nous sommes descendants d'Abou Bakr As-Siddiq. Notre grand père, AI-Qassem Ibn Mohammed Ibn Abou Bakr, ainsi que sa biographie, se trouvent dans le livre Safwat As-Safwa. Nos ancêtres ont toujours été des commerçants, mais parmi les dernières générations, aucun n'a été pourvu d'une ardeur pour l'étude des sciences religieuses. L'honneur m'en est revenu. Fais en sorte de ne pas décevoir les espoirs que j'ai placés en toi et pour toi.
Je te confie à Allah, exalté soit-Il, et Lui demande de t'assister dans la science et sa mise en pratique.
Voilà ce qui m'a été possible de te faire comme recommandations. Il n'y a de pouvoir, ni de puissance, si ce n'est par la grâce d'Allah. Gloire à Allah, le Seigneur des mondes.