D’après An-Nou’man ibn Béchir (Radhiya Allahou ‘Anhou), le Prophète, Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam a dit : En vérité, ce qui est licite est clair, et ce qui est illicite est clair ; et entre les deux se trouvent des choses douteuses ; peu sont les gens qui connaissent si elles relèvent du licite ou de l'illicite. Celui qui s’éloigne des choses douteuses a certes préservé sa religion et son honneur, et celui qui y choit finira par commettre l’interdit à l’exemple d’un berger qui fait paître son troupeau autour d’un domaine réservé; proche est le moment où il y pénètrera. Ecoutez! Chaque roi dispose de son domaine réservé et le domaine réservé d'Allah sur Sa terre est constitué de ce qu'Il a interdit. N’est-ce pas qu’il y a dans le corps un bout de chair qui, s’il est pur, purifie tout le corps et s’il est corrompu, corrompt tout le corps. N’est-ce pas que c’est le cœur. (Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim)
Ici le Prophète () a partagé les choses en trois sections en disant : "ce qui est licite (halal) est clair et ce qui est illicite (haram) est clair également ". En effet le halal clair et pur est si apparent et si manifeste qu'il ne donne lieu au moindre doute, au moindre soupçon. C'est le cas par exemple des bonnes variétés de cultures, de fruits, etc. dont la consommation est tout à fait halal. Quant au haram pur et clair il a des caractéristiques claires, sans équivoque tels l’adultère, l’alcool, le vol et autres exemples du même type.
La troisième section traite des choses qui semblent être à cheval entre le haram et le halal, de sorte que les deux (halal et haram) se les réclament à tort ou à raison. C'est pourquoi beaucoup de personnes en sont devenues si confuses qu'elles ont du mal à s'en sortir.
Face aux questions en apparence ambiguës le Prophète () a pris soin d'inciter son Ouma à adopter une attitude qui fait grande part à la piété, loin des suspicions en disant: "Celui qui s’éloigne des choses douteuses a certes préservé sa religion et son honneur ". Il a donc expliqué que celui qui prend ses distances par rapport aux choses douteuses aura purifié sa religion des défauts, car quiconque s'éloigne des ces choses douteuses s'éloignera, à plus forte raison, des interdits. D'ailleurs c'est le terme utilisé dans la version d'Al-Boukhari: "Celui qui abandonne tout ce qui a l'apparence d'un péché, évitera, à plus forte raison, ce qui s'énonce clairement comme un péché". En plus de cela, celui qui évite les choses douteuses aura son honneur sain et sauf dans la mesure où ceux qui voient clair en la matière ne peuvent l’accuser d'avoir succombé aux interdits. Mais celui qui ne prend pas ce genre de précaution court le risque d'y céder car Satan, toujours actif, le poussera progressivement jusqu'à succomber aux interdits. C'est le sens de l'autre version du hadith: "quiconque brave les choses douteuse risque bien de succomber aux péchés proprement dits". Ainsi agit Satan. Il pousse les fils d'Adam petit à petit vers les péchés. Il les fait escalader d'une échelle à l'autre, leur embellissant de se livrer, corps et âmes, au Moubah (choses permises). Il continuera ainsi jusqu'à ce qu'ils progressent vers Al-Makrouh (ce que le législateur n'a pas défendu de façon sans équivoque), puis il les incite à commettre des peccadilles et ensuite de grands péchés. Mais il ne s'arrêtera pas là, il s'efforcera de leur faire abandonner la religion d'Allah et de les faire sortir du giron de l’islam, à Allah ne plaise. C'est pourquoi Allah a averti et mis en garde Ses serviteurs contre le suivi des pas de Satan de crainte de succomber à sa séduction. Ainsi dit-Il dans Son Livre (sens du verset):"ô vous qui avez cru ! Ne suivez pas les pas du diable." (Coran: 24/21). Il est donc du devoir du croyant de faire preuve de grande vigilance pour ne pas glisser vers les chemins de séduction. Il doit rester particulièrement attentif aux stratèges et aux ruses du Satan.
Il ressort du hadith qu'on vient de voir la confirmation d'une règle importante de droit musulman, à savoir: l'obligation pour le croyant de barrer la route à tout prétexte conduisant aux choses interdites, à leur fermer la porte. Ainsi il est interdit de serrer la main aux femmes (non Mahram) ou d'être seul avec elles car il s'agit d'un chemin qui mène droit à l'adultère. Il y a aussi un autre exemple que l'on peut méditer : l'interdiction pour le fonctionnaire d'accepter les cadeaux présentés par les clients de crainte que cela ne soit un prétexte pour accepter la corruption.
Ensuite, et à titre d'illustration de ce qui précède et par souci de clarifier davantage l'image dans les esprits, le Prophète () poursuit :" à l’exemple d’un berger qui fait paître son troupeau autour d’un domaine réservé; proche est le moment où il y pénètrera"; ce qui veut dire que le berger garde ses animaux autour d'une terre protégée où il y a de la verdure; lorsque les bêtes voient cette verdure protégée elles vont y accourir et le berger, à force de les retenir, se lassera, ce qu'il aurait pu éviter s'il était allé à un autre endroit. Le troupeau pourrait, à tout moment, tromper sa vigilance et entrer dans le champ alors que l'homme sage qui est à la recherche du salut et de la sécurité ne s’approchera jamais du lieu protégé. De même que le croyant sage et averti s'éloigne de tout ce qui est susceptible de constituer une ambiguïté en matière du halal et du haram. C'est pourquoi le Prophète () ajoute ceci :" Ecoutez! Chaque roi dispose de son domaine réservé et le domaine réservé d'Allah sur Sa terre est constitué de ce qu'Il a interdit.". Allah le Tout Puissant est le vrai Roi. Ayant entouré la charia d'une clôture solide et étanche Allah a interdit aux hommes tout ce qui peut leur causer du mal que se soit dans leurs affaires religieuses ou dans celles qui sont mondaines.
Etant donné que le cœur est le commandant de tout le corps de sorte que lorsqu'il est pieux les autres parties du corps seront tout autant, le Prophète () fit suivre son illustration par le cas de cet organe en disant: " N’est-ce pas qu’il y a dans le corps un bout de chair qui, s’il est pur, purifie tout le corps et s’il est corrompu, corrompt tout le corps. N’est-ce pas que c’est le cœur."