Houd et le peuple de ‘Âd

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Le peuple de ‘Âd était un peuple arabe rude et mécréant, rejetant la vérité et s’obstinant dans l’adoration des statues. Allah leur envoya alors un homme issu d’eux-mêmes qui les appela à l’adoration d’Allah, Seul en toute sincérité. Ils le traitèrent de menteur, le contredirent et le rabaissèrent, et c’est pourquoi Allah les saisit d’un châtiment émanant du Puissant et Omnipotent.

Houd les appela à l’adoration d’Allah, les encouragea à Lui obéir et à demander Son pardon, et leur promit en échange le bien de ce monde et de l’au-delà. De même qu’il les avertit d’un châtiment en ce monde et dans l’au-delà s’ils s’opposaient à lui. Mais, Les notables de son peuple qui ne croyaient pas dirent : Certes, nous voyons que tu es stupide et nous pensons que tu es du nombre des menteurs. (Coran : 7/66) C’est-à-dire que ce à quoi tu nous appelles n’est qu’une sottise par rapport à notre adoration des statues dont nous espérons aide et subsistance. De plus, nous pensons que tu mens lorsque tu prétends qu’Allah t’a envoyé.
Il dit : Ô mon peuple ! Je ne suis pas stupide mais je suis un messager de la part du Seigneur de l’univers. Je vous communique les messages de mon Seigneur, et je suis pour vous un conseiller honnête. (Coran : 7/67)  C’est-à-dire : ce n’est pas ce que vous pensez, et la transmission d’un message implique l’absence de mensonge dans ce qui est transmis, sans ajouter ni retrancher quoi que ce soit. Cela doit également se faire en toute clarté et éloquence, sans ambiguïté, divergence ou contradiction.
En plus de cette transmission claire, emprunte de douceur et de sincérité, avec la volonté de guider son peuple vers la voie droite. Houd ne voulut d’eux aucun salaire et ne leur demanda rien. Il était sincère envers Allah dans sa prédication et dans le conseil qu’il adressait à Ses créatures. Il ne chercha de récompense qu’auprès de Celui qui l’a envoyé et qui tient dans Ses Mains les richesses de ce monde et de l’au-delà, et détient le Commandement. C’est pour cela qu’il a dit à son peuple : Ô mon peuple ! Je ne vous demande pas de salaire pour cela. Ma récompense n’incombe qu’à Celui Qui m’a créé. Ne raisonnez-vous pas ? (Coran : 11/51) C’est-à-dire : ne raisonnez-vous donc pas pour voir que je vous appelle à la vérité éclatante pour laquelle témoigne la nature sur laquelle vous avez été créés ? C’est la religion de vérité avec laquelle fut envoyé Nouh, et pour laquelle Allah a exterminé ceux qui s’en écartaient. Je vous appelle vers cette religion et ne vous demande aucun salaire, car je ne cherche de récompense qu’auprès d’Allah qui seul peut amener le bien ou causer du tort. C’est pour cela que le croyant évoqué dans la sourate Yâ-Sin dit : Suivez ceux qui ne vous demandent aucun salaire et sont bien guidés. Pourquoi n’adorais-je pas Celui qui m’a créé ? Et c’est vers Lui que vous serez ramenés.  (Coran : 36/21-22)
Le peuple de Houd lui dit également : nous n’avons pas foi en toi. Nous dirons plutôt qu’une de nos divinités t’a affligé d’un mal. (Coran : 11/53-54) Ils disaient : tu n’as apporté aucune preuve extraordinaire qui montrerait la véracité de tes propos, et nous ne sommes pas prêts à délaisser l’adoration des statues en nous fiant uniquement à tes propos, sans aucune preuve pour les appuyer. Nous pensons plutôt que tu es possédé, et que c’est une de nos divinités qui t’a affligé de ce mal car elle fut en colère contre toi. Il dit : Je prends Allah à témoin - et vous aussi soyez témoins - qu’en vérité, je désavoue ce que vous associez, en dehors de Lui. Rusez donc tous contre moi et ne m’accordez pas de répit. (Coran : 11/54-55) C’est un défi qu’il leur lança, un désaveu et un mépris de leurs divinités, un exposé visant à montrer qu’elles ne possèdent ni bien ni mal, et qu’elles ne sont que des choses dénuées de toute volonté. Même si, comme vous le prétendez, elles peuvent vous secourir ou amener un bien ou un mal, moi je me désavoue d’elles et les maudits, alors rusez contre moi de toutes vos forces et ne m’accordez aucun répit, serait-ce le temps d’un clin d’œil, je ne me soucie aucunement de vous.
  Je place ma confiance en Allah, mon Seigneur et le vôtre. Il n’y pas d’être vivant sans qu’Il ne soit soumis à Toi. Mon Seigneur, certes, est sur un droit chemin. (Coran : 11/56) C’est-à-dire : je place ma confiance en Allah, cherche assistance auprès de Lui et compte sur Lui car Mon Seigneur n’abandonne jamais ceux qui placent leur confiance en Lui et demandent Son assistance. En dehors de Lui, je ne me soucie de personne, je ne place ma confiance en aucun autre et n’adore que Lui. Ceci est une preuve irréfutable que Houd était bien le Messager et le serviteur d’Allah et que son peuple s’était égaré dans l’adoration d’autres qu’Allah, car ils n’ont pu lui causer aucun tort. Cela montre la véracité de son message et la fausseté sur laquelle se trouvait son peuple. Et c’est ce même type d’argument que Nouh utilisa avant lui : Raconte-leur l’histoire de Nouh, quand il dit à son peuple :  Ô mon peuple ! Si mon [long] séjour (parmi vous), et mon rappel des signes d’Allah vous pèsent trop, [sachez que] c’est en Allah que je place ma confiance. Concertez-vous avec vos associés, et ne cachez pas vos desseins. Puis, tranchez sur mon sort et ne m’accordez pas de répit.  (Coran : 10/71)
Il en fut de même pour Ibrahim : Son peuple polémiqua avec lui, mais il dit :  Polémiqueriez-vous avec moi au sujet d’Allah alors qu’Il m’a guidé ? Je n’ai pas peur des associés que vous Lui donnez. Je ne crains que ce que veut mon Seigneur ; Il est Celui Qui embrasse tout de Sa science. Ne vous rappellerez-vous donc pas ?  Et comment craindrais-je les associés que vous Lui donnez, alors que vous ne craignez pas d’associer à Allah ce au sujet de quoi Il n’a fait descendre aucune preuve ? [Dites-moi] donc lequel des deux partis a le plus droit à la sécurité, si vous savez. Ceux qui ont cru et n’ont point entaché leur foi de quelque association, ceux-là ont la sécurité, et ce sont eux les bien guidés.  Tel est l’argument par lequel Nous donnâmes le dessus à Ibrâhîm sur son peuple. Nous élevons en degrés qui Nous voulons. Ton Seigneur est certes Sage et Il sait tout.  (Coran : 6/80-83)
Les notables de son peuple qui avaient mécru et traité de mensonge la rencontre de l’au-delà, et auxquels Nous avions accordé le luxe dans la vie présente, dirent :  Ce n’est qu’un homme comme vous, qui mange de ce que vous mangez et boit de ce que vous buvez. Si vous obéissez à un homme semblable à vous, vous serez perdants. Vous promet-il que, lorsque vous mourrez et que vous serez poussière et ossements, vous serez ressuscitez ?  (Coran : 23/33-35)
Ils trouvèrent invraisemblable qu’Allah envoie un Messager humain, et c’est un argument souvent utilisé de tout temps par les ignorants mécréants, comme Allah dit : Est-il étonnant pour les gens, que Nous ayons révélé à un homme d’entre eux :  Avertis les gens  (Coran : 10/2)
 Qu’est-ce qui empêcha les gens de croire, quand les preuves claires leur furent parvenues, si ce n’est qu’ils se dirent :  Allah a-t-Il envoyé un être humain en tant que messager ?  Dis :  S’il y avait sur terre à votre place des anges marchant posément, Nous leur aurions fait descendre du ciel un ange en tant que messager.  (Coran : 17/94-95)
C’est pour cela que Houd dit à son peuple : Est-ce que vous vous étonnez qu’un rappel vous vienne de votre Seigneur à travers un homme parmi vous, pour qu’il vous avertisse ? (Coran : 7/23) C’est-à-dire qu’il n’y a rien d’étonnant à cela, et Allah sait mieux que quiconque où placer Son message.
Vous promet-il que, lorsque vous mourrez et que vous serez poussière et ossements, vous serez ressuscitez ? Comme est loin, très loin, ce que l’on vous promet ! Il n’y a que notre vie présente : nous mourons et nous vivons, nous ne serons jamais ressuscités ! Ce n’est qu’un homme qui ment sur Allah et nous ne croirons pas en lui.  Le messager dit :  Seigneur ! Aide-moi contre eux, car ils me traitent de menteur. (Coran : 23/35-39) Cela signifie qu’il leur était improbable que la Résurrection soit une réalité et que les corps se relèvent après avoir été poussière et ossements. Pour eux, un peuple meurt et un autre le suit, et c’est une croyance de matérialistes. Quant à ceux qui croient en la réincarnation, ils pensent revenir sur terre tous les trente-six mille ans, et tout ceci est une ignorance, un mensonge, une mécréance, un égarement, une fausseté, une tromperie sans aucune preuve qui séduit la raison des débauchés mécréants qui ne réfléchissent pas et ne sont pas bien guidés, comme Allah dit : Afin que le cœur de ceux qui ne croient pas en l’au-delà penchent vers [ces paroles], les agréent, et commettent ensuite ce qu’ils commettent.  (Coran : 6/113)
Houd exhorta son peuple en leur disant : Bâtissez-vous dans chaque vallée un monument par amusement ? Édifiez-vous des tours comme si vous alliez vivre éternellement ? (Coran : 26/128-129) Il leur dit : Bâtissez-vous sur chaque colline un monument gigantesque comme des palais ou d’autres constructions prestigieuses par frivolité alors que vous n’en avez aucun besoin ? Il leur dit ceci car ils habitaient dans des tentes et Allah dit à leur sujet : N’as-tu pas vu comment ton Seigneur a agi avec [le peuple de] ‘Âd, avec Iram, [la cité] aux colonnes, dont jamais pareille ne fut construite parmi les villes. (Coran : 89/6-8)
Les ‘Âd d’Iram sont les premiers ‘Âd qui habitaient les colonnes qui soutenaient les tentes. Celui qui prétend qu’Iram est une cité construite d’or et d’ar­gent qui se déplace d’une région à une autre, est dans l’erreur et soutient ce qu’aucune preuve ne peut étayer. On a dit que les tours évoquées dans le verset désignaient des palais, des volières ou des tours d’eau. Ils espéraient ainsi peupler longuement la terre. Et lorsque vous attaquez violemment les gens, vous le faites avec tyrannie. Craignez donc Allah et obéissez-moi. Craignez Celui qui vous a attribués tous les bienfaits que vous connaissez, qui vous a attribués des bestiaux et des enfants, des jardins et des sources. Je crains pour vous le châtiment d’un jour terrible. (Coran : 26/130-135)
Et parmi ce qu’ils lui dirent : Es-tu venu à nous pour que nous adorions Allah seul, et que nous délaissions ce que nos ancêtres adoraient ? Fais donc venir le châtiment promis, si tu fais partie des véridiques. (Coran : 7/70) C’est-à-dire : Es-tu venu pour que nous adorions Allah Seul, et nous écartions de la voie de nos pères et de nos ancêtres ? Si tu es véridique, fais venir ce dont tu nous menaces comme malheur et châtiment, car nous ne te croyons pas et ne te suivrons pas. Ils dirent également : Peu importe que tu nous exhortes ou non !  Ce n’est que ce qui arrivait habituellement à nos ancêtres. Nous ne serons jamais châtiés ! (Coran : 26/136-138)
Houd leur répondit : Vous voilà frappés de la part de votre Seigneur d’un tourment et d’une colère. Allez-vous polémiquer avec moi au sujet de noms que vous et vos ancêtres avez donnés à vos statues, sans qu’Allah ne fasse descendre à ce propos la moindre preuve ? Attendez donc l’arrivée du châtiment ! Moi aussi j’attends avec vous. (Coran : 7/71) C’est-à-dire : vous avez mérité le tourment et la colère d’Allah. Mettrez-vous sur un pied d’égalité l’adoration d’Allah, Seul, sans associé et l’adoration de statues que vous et vos ancêtres ont fabriquées et nommées divinités, alors qu’Allah n’a révélé aucune preuve à ce sujet. Si vous refusez d’accepter la vérité et persistez dans le faux, il est égal que je vous avertisse ou non, attendez le châtiment d’Allah qui va vous saisir et ne peut être repoussé. Allah dit : Le messager dit :  Seigneur ! Aide-moi contre eux, car ils me traitent de menteur.  Allah dit :  Très bientôt, ils regretteront.  Le Cri les atteint en toute justice, puis Nous les rendîmes semblables à l’écume du torrent. Que la malédiction soit sur les injustes ! (Coran : 26/39-41)
Ils dirent :  Es-tu venu pour nous détourner de nos divinités ? Apporte-nous ce que tu nous promets si tu es du nombre des véridiques.  Il dit :  La science n’est qu’auprès d’Allah. Je vous transmets le message avec lequel j’ai été envoyé. Mais je vois que vous êtes des gens ignorants.  Puis, voyant un nuage se dirigeant vers leurs vallées, ils dirent :  Voici un nuage qui nous apporte de la pluie.  Au contraire ! C’est ce que vous cherchiez à hâter : un vent contenant un châtiment douloureux, détruisant tout, par ordre de son Seigneur.  Le lendemain on ne voyait plus que leurs demeures. Ainsi Nous rétribuons le peuple criminel.  (Coran : 46/22-25)
Allah a mentionné la destruction du peuple de ‘Âd dans de nombreux versets comme nous l’avons vu plus tôt, et comme dans Sa Parole : Or, Nous l’avons sauvé, (lui) et ceux qui étaient avec lui, par miséricorde de Notre part, et Nous avons fait périr jusqu’au dernier ceux qui traitaient de mensonges Nos signes et qui n’étaient pas croyants.  (Coran : 7/72)
Et quand vint Notre ordre, Nous sauvâmes par une miséricorde de Notre part, Houd et ceux qui avaient cru avec lui. Et Nous les épargnâmes d’un terrible châtiment. Tels sont les ‘Âd ! Ils ont nié les signes de leur Seigneur, désobéi à Ses messagers et suivi le commandement de tout tyran entêté. Et ils furent poursuivis, ici-bas, d’une malédiction, ainsi qu’au Jour de la Résurrection. En vérité les ‘Âd n’ont pas cru en leur Seigneur. Que périssent les ‘Âd, peuple de Houd !  (Coran : 11/58-60)
Le Cri les atteint en toute justice, puis Nous les rendîmes semblables à l’écume du torrent. Que la malédiction soit sur les injustes !  (Coran : 23/41)
Ils le traitèrent donc de menteur. Et nous les fîmes périr. Voilà un signe évident, mais la plupart d’entre eux ne croient pas. Ton Seigneur est vraiment le Puissant, le Très Miséricordieux.  (Coran : 26/139-140)
Allah dit : Puis, voyant un nuage se dirigeant vers leurs vallées, ils dirent :  Voici un nuage qui nous apporte de la pluie.  Au contraire ! C’est ce que vous cherchiez à hâter : un vent contenant un châtiment douloureux, détruisant tout (Coran : 46/24) Ce fut le premier châtiment qui les atteint, car ils souffraient de sécheresse et de disette. Ils virent un nuage dans le ciel et pensèrent qu’il s’agissait d’un nuage porteur d’une pluie bénie, alors qu’il était porteur de châtiment. C’est pour cela qu’Allah dit : C’est ce que vous cherchiez à hâter lorsque vous vouliez voir le châtiment et que vous disiez : Apporte-nous ce que tu nous promets si tu es du nombre des véridiques. (Coran : 46/22)
Les exégètes rapportent ces propos de l’imam Mohammed Ibn Ishaq Ibn Yasar qui dit : Lorsqu’ils s’obstinèrent dans la mécréance, Allah les priva de pluie durant trois ans jusqu’à les épuiser. Or, à cette époque, lorsque les gens étaient confrontés à des malheurs, ils demandaient à Allah de les en délivrer, en s’adressant à Lui auprès de la Maison Sacrée. Les ‘Âd envoyèrent une délégation de soixante-dix hommes afin de demander la pluie sur le territoire sacré. Ils passèrent chez Mou’awiyah Ibn Bikr aux alentours de la Mecque, ils s’arrêtèrent chez lui pour un mois et burent du vin et deux esclaves de Mou’awiyah chantèrent pour eux. Lorsque le temps passa et que Mou’awiyah fut gêné de leur demander de partir, il écrivit un poème dans lequel il leur suggérait de partir et il ordonna à ces deux esclaves de le leur réciter. […]
Ils se souvinrent alors de la raison de leur venue et se rendirent à la Maison Sacrée où ils invoquèrent pour leur peuple. Ce fut Qayl Ibn ‘Ounouz qui invoqua en leur nom. Allah envoya alors trois nuages blanc, rouge et noir. Une voix émanant du ciel dit à Qayl :  Choisis pour toi (ou pour ton peuple) un nuage !  Il répondit :  Je choisis le nuage noir car c’est celui qui porte le plus de pluie.  On lui dit alors :  Tu as choisi un nuage de cendres et de feu. Rien ne restera de ‘Âd, ni parent ni enfant. Tous s’éteindront, à l’exception des Banou Al-Loudhiyyah Al-Hamada !  Il s’agit d’une branche du peuple de ‘Âd qui habitait La Mecque et qui fut épargnée par le châtiment, et ceux qui survécurent formèrent les seconds ‘Âd.
Allah poussa le nuage noir porteur de châtiment choisi par Qayl Ibn ‘Ounouz vers ‘Âd. Ils le virent arriver depuis une vallée nommée Moughith et ils se réjouirent en disant : Voici un nuage qui nous apporte de la pluie.  Mais Allah dit :  Au contraire ! C’est ce que vous cherchiez à hâter : un vent contenant un châtiment douloureux, détruisant tout, par ordre de son Seigneur.  Le lendemain on ne voyait plus que leurs demeures. Ainsi Nous rétribuons le peuple criminel.  (Coran : 46/24-25) On rapporte qu’une femme nommée Mahdad fut la première à voir le nuage. Lorsqu’elle vit ce qu’il contenait elle cria et s’évanouit. Lorsqu’elle reprit ses esprits, on lui demanda :  Qu’as-tu vu Mahdad ?  Elle dit :  Un vent contenant des braises de feu tiré par des hommes.  Allah fit souffler ce vent pendant sept nuits et huit jours continus, et il fit périr tous les ‘Âd. Houd et ceux qui le suivirent parmi les croyants se réfugièrent dans une bergerie et ils ne furent atteints que par ce qui réjouit les âmes et les corps, alors que le vent détruisait tout entre ciel et terre et anéantissait ‘Âd par des pierres.  [Tafsîr Ibn Kathîr (2/209)]
Ibn Yazîd rapporte que le Prophète (Salla Allahu’Alayhi wa Sallam) a dit:  […] Le peuple de ‘Âd subit une disette, et ils envoyèrent [vers la Mosquée Sacrée] un émissaire appelé Qayl. Il passa chez Mou’awiyyah Ibn Bikr et resta chez lui un mois à boire du vin et à écouter les chants de ses deux esclaves. Après un mois, il se rendit sur les montagnes de Tihamah et dit :  Ô Allah ! Tu sais que je ne suis pas venu à un malade pour le guérir et que je n’ai pas libéré d’esclave. Ô Allah ! Accorde aux ‘Âd la pluie que Tu leur accordais dans le passé. On lui présenta des nuages noirs, il en choisit un et on l’appela de ce nuage en disant :  Prends ce nuage de cendres et de feu ! Il ne restera rien de ‘Âd !  […]  (Rapporté par Ahmad et qualifié de hasan par Al-Albânî et Al-Arnâ’ût)
Mais ces textes peuvent désigner les deuxième ‘Âd et non les premiers, car Ibn Ishaq et d’autres évoquent La Mecque qui n’a été bâtie qu’après Ibrâhîm, lorsqu’il y installa Hâjar et son fils Ismâ’îl, et que la tribu de Jurhum s’installa non loin d’eux. Ceci, alors que les premiers ‘Âd ont vécu avant Ibrâhîm. Les vers de poésie de Mou’awiyyah sont également cités, alors qu’il s’agit d’une poésie qui ne ressemble pas aux propos des gens de l’époque des premiers ‘Âd. Ces textes évoquent également un nuage de feu, alors que les premiers ‘Âd ont été détruits par un vent à propos duquel Ibn Mas’oud et Ibn ‘Abbâs ainsi que de nombreux imams parmi les successeurs des Compagnons ont dit qu’il s’agissait d’un vent glacial et violent Qu’Allah déchaîna contre eux pendant sept nuits et huit jours consécutifs. (Coran : 69/7) C’est-à-dire sans interruption des jours durant. Certains ont dit que cela avait commencé un vendredi, et d’autres ont dit que c’était un mercredi. Tu voyais alors les gens morts comme des troncs de palmiers évidés. (Coran : 69/7)  Allah les a comparés aux troncs de palmiers.
Ils ont été assimilés à des souches de palmiers évidés qui n’ont pas de tête, car le vent emportait les gens dans les airs avant de les faire retomber sur leur tête qui se fracassait sous la violence du choc, comme Allah dit : Nous avons envoyé contre eux un vent violent et glacial, en un jour terrible et interminable. Il arrachait les gens comme des souches de palmiers déracinés. (Coran : 54/19-20) C’est-à-dire en un jour terrible, pendant lequel le châtiment s’est abattu continuellement sur eux. Quant à ceux qui pensent qu’il s’agit du mercredi [uniquement], c’est une erreur et une opposition au Coran, car Allah dit dans un autre verset : Nous déchaînâmes contre eux un vent violent et glacial en des jours néfastes. (Coran : 41/16)  Et il est connu qu’il s’agissait de huit jours consécutifs. Si [seul le mercredi] était un jour néfaste, les sept autres jours auraient été des jours sinistres, ce que personne ne dit. Ces jours furent néfastes en raison du châtiment qui les atteint. Allah dit :  De même pour les ‘Âd, quand Nous envoyâmes contre eux le vent dévastateur.  (Coran : 51/41) C’est-à-dire le vent qui n’amène aucun bien, n’amenant aucun nuage [porteur de pluie] et ne fécondant aucun arbre, il n’est que dévastateur. C’est pour cela qu’Allah dit : Ne laissant rien sur son passage sans le réduire en poussière.  (Coran : 51/42) en une chose insignifiante et dont on ne tire aucun profit.
Ibn ‘Abbâs rapporte que le Prophète (Salla Allahou ‘Alayhi wa Sallam) a dit :  J’ai été secouru par As-Sabâ (le vent d’est) et cÂd a été détruit par Ad-Dabour (le vent d’ouest).  (Boukhari et Muslim) Quant à la Parole d’Allah :  Et rappelle-toi le frère des cÂd (Houd) lorsqu’il avertit son peuple à Al-Ahqaf - alors qu’avant et après lui, des avertisseurs sont passés - [en disant]:  N’adorez qu’Allah. Je crains pour vous le châtiment d’un jour terrible.   (Coran : 46/21) Ce qui apparaît est qu’il s’agit des premiers ‘Âd, car cela ressemble à la description du peuple de Houd, mais cela peut également désigner les deuxième ‘Âd, comme cela apparaîtra dans le hadith de ‘Â’ishah.
Quant à la Parole d’Allah :  Puis, voyant un nuage se dirigeant vers leurs vallées, ils dirent :  Voici un nuage qui nous apporte de la pluie.   (Coran : 46/24) Ils pensèrent qu’il s’agissait d’un nuage chargé de pluie, alors qu’il ne contenait que le châtiment, ils crurent qu’il était une miséricorde, mais il n’était qu’une punition, ils en espéraient le bien, et n’en obtinrent que le mal. C’est pourquoi Allah :  Au contraire ! C’est ce que vous cherchiez à hâter : un vent contenant un châtiment douloureux.  (Coran : 46/25) Ce châtiment peut être ce vent violent, dévastateur, glacial, qui souffla contre eux huit jours et sept nuits, n’épargnant personne, les poursuivants jusque dans les grottes dans les montagnes, les faisant sortir et les exterminant, détruisant également leurs demeures et leurs fortifications. Ainsi, ils se vantaient de leur force en disant :  qui est plus fort que nous ?  et Allah leur envoya une chose plus puissante encore, un vent dévastateur.
On peut également penser que ce vent est la dernière chose qui les ait frappés. Ceux qui vivaient encore pensèrent qu’il s’agissait d’un nuage de miséricorde leur amenant la pluie. Mais Allah envoya ce nuage chargé de braises et de feu, comme cela a été rappelé par nombre [de savants]. Ce châtiment serait alors semblable à celui qui atteint le peuple de Madyan, qui fut atteint à la fois par le vent glacial et le châtiment du feu. C’est là le pire des châtiments : être touché par des punitions différentes et opposées, ceci en plus du Cri qu’Allah a cité dans sourate Al-Mou’minûn. Et Allah est plus savant.
[Ibn Kathîr rapporta ensuite deux hadiths très faibles et il signala lui-même ses doutes quant à leur authenticité.]
Il existe un hadith plus clair [dans son authenticité et son sens] dans ce que rapporte ‘Âishah :  Lorsque le vent soufflait, le Prophète (Salla Allahou ‘Alayhi wa Sallam) disait :  Ô Allah ! Je Te demande le bien [de ce vent], le bien qu’il porte et le bien avec lequel il a été envoyé. Et je cherche protection auprès de Toi contre son mal, le mal qu’il porte et le mal avec lequel il a été envoyé. Lorsque le ciel se chargeait de nuages, la couleur de son visage changeait et il ne cessait de rentrer et de sortir, et lorsqu’il pleuvait il s’en réjouissait. Je remarquai cela et l’interrogeai à ce sujet, il me dit :  Ô ‘Aishah ! Il se peut que ce soit comme l’a dit le peuple de ‘Âd :  Puis, voyant un nuage se dirigeant vers leurs vallées, ils dirent :  Voici un nuage qui nous apporte de la pluie.  (Boukhari et Muslim)
‘Âishah rapporte :  Je n’ai jamais vu le Prophète (Salla Allahou ‘Alayhi wa Sallam) rire au point de voir sa luette, il ne faisait que sourire. Lorsqu’il voyait un nuage ou un vent, cela se voyait sur son visage. Je dis : Ô Messager d’Allah ! Lorsque les gens voient un nuage, ils s’en réjouissent en espérant qu’il amène la pluie, mais lorsque qu’un nuage arrive je vois la réprobation sur ton visage ? Il dit :  Ô Aishah! Qu’est-ce qui m’assure qu’il ne contient pas un châtiment ? Des peuples ont été châtiés par le vent, et d’autres ont subi une punition alors qu’ils disaient : voici un nuage qui nous apporte la pluie.  (Boukhari et Muslim).
Ce hadith et d’autres montre clairement la différence entre les deux récits que nous avons indiqués plus tôt. Ainsi, le récit cité dans sourate Al-Ahqâf concerne les deuxième ‘Âd, alors que les autres récits dans le Coran concernent les premiers ‘Âd. Et Allah est plus savant.
[Ibn Kathîr conclut ce récit en évoquant le pèlerinage et le lieu de sépulture de Houd qui serait au Yémen ou à Damas, mais rien d’authentique n’est rapporté à ce sujet.]

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