Ramadan au Canada

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Les Musulmans du Canada constituent une minorité, puisque leur nombre ne dépasse pas le million, alors que le nombre total des habitants du pays est de quelque trente millions. Selon les recensements officiels, le nombre des Musulmans au Canada atteint environ sept cent mille personnes seulement.

 
Ceux-ci ne jouissent pas d’une grande liberté de culte, notamment depuis les derniers incidents dont a été témoin la scène mondiale. A titre d’exemple, il est interdit que la voix de l’Adhaan dépasse les portes de la mosquée, sans mentionner les autres persécutions qui visent les Musulmans au Canada dans le but de limiter leur liberté confessionnelle.
 
Toutefois, la colonie musulmane du Canada attend impatiemment l’avènement du mois de Ramadan. Dès que l’observation de la nouvelle lune est annoncée, c’est la joie qui envahit tous les Musulmans : ceux-ci se félicitent mutuellement et expriment des sentiments de fraternité et d’affection.  Joyeux Ramadan  est entendu partout.
 
En fait, les Musulmans du Canada n’ont pas l’habitude de sortir pour détecter la nouvelle lune ; ils se contentent de ce qu’annoncent les médias. Mais, dès qu’ils apprennent la nouvelle, ils s’empressent de se rencontrer ou de se téléphoner pour transmettre leur joie à leurs coreligionnaires et leur communiquer leur joie. Cependant, aucun changement fondamental n’est constaté dans le rythme de leur vie pendant ce mois sacré, ce qui est normal, puisque les Musulmans ne constituent pas au Canada une communauté très importante, capable d’imposer ses habitudes et d’exercer les mêmes pratiques confessionnelles que dans son pays d’origine.
 
Cependant, certains Musulmans tachent de se conformer autant que possible à la ligne de conduite du Prophète, Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam : ils observent le Sahour, rompent leur jeûne par la consommation de dattes trempées dans du lait ou de l’eau ou de boissons diverses.
 
Par ailleurs, les repas collectifs organisés dans les mosquées marquent ce mois sacré. Les Musulmans de différentes nationalités se réunissent à une même table pour prendre le repas de la rupture du jeûne, puis accomplissent en commun la prière de Taraawiih et assistent aux courts sermons, prononcés dans les intervalles par les jeunes Musulmans pieux ou par les prédicateurs qui se rendent au Canada pendant ce mois sacré.
 
Pendant la prière de Taraawiih, les Musulmans accomplissent souvent vingt Rak’ah et récitent soit une grande partie du Coran chaque jour de façon à le terminer avec la fin du mois, soit des sourates diverses sans tenir compte de son achèvement. Il se peut que le nombre restreint de mosquées, généralement éloignées des lieux de résidence, constitue pour les Musulmans une entrave qui les empêche d’accomplir la prière de Taraawiih en commun. La mosquée la plus réputée au Canada est celle de la Sunna à Montréal, largement fréquentée par les Musulmans provenant des quatre coins de la ville pendant le mois de Ramadan.
 
La majorité des femmes assistent à la prière en commun de Taraawiih, exception faite de celles qui ont des excuses valables ou qui se sont égarées dans le tourbillon de cette vie de tentations.
 
Chaque jour pendant le mois de Ramadan, des séances coraniques sont organisées, au cours desquelles certains récitants du Coran écoutent et corrigent la récitation de l’assistance, expliquent le sens d’un verset ou d’un terme coranique obscur, et répondent aux questions qui leur sont posées.
 
Rares sont les Musulmans qui observent la retraite spirituelle au Canada. Cependant, convaincus que la nuit du 27 Ramadan est celle d’Al-Qadr, les pratiquants à la recherche de la bénédiction de cette nuit affluent vers les mosquées et y demeurent jusqu’à l’aube du lendemain, puis ils se dispersent, espérant la miséricorde et le pardon d’Allah, Exalté soit-Il.
 
Les Musulmans du Canada ne s’acquittent pas dûment de la Zakate Al-Fitr : rares sont ceux qui s’en acquittent et ils le font de façon tout à fait personnelle, vu l’absence d’associations et de services officiels capables de collecter et de distribuer les aumônes.
 
Les soirées ramadanesques au Canada n’ont rien de particulier par rapport aux autres soirées de l’année, si ce n’est la prière de Taraawiih et la récitation de quelques versets du Coran. Le reste de la soirée est employé dans l’accomplissement des actes de piété et la recherche de l’agrément d’Allah, Exalté soit-Il, ou au contraire dans la perpétration d’actes illicites qui courroucent notre Seigneur, Exalté soit-Il. Malheureusement, beaucoup de jeunes se sont complètement leurrés et ont été séduits par les attraits de cette civilisation trompeuse, alors qu’en réalité ils sont plongés dans l’insouciance, tournent le dos au Jour dernier et se jettent dans les bras de ce bas monde et de ses passions. Cela n’empêche que certains jeunes Musulmans, bien que peu nombreux, sont attachés à leur religion, respectent dûment ses dispositions et s’y accrochent comme à une braise enflammée.
 
L’atteinte à la nature sacrée de ce mois se manifeste dans la négligence dont les Musulmans font preuve à l’égard de la prière prescrite. Ceux-ci ne font aucun cas de la religion et de sa sacralité, et se moquent de ses enseignements, de ses étiquettes et de ses dispositions.
 
Quant à l’attitude des non-Musulmans au Canada vis-à-vis du mois de Ramadan, elle se caractérise par l’indifférence. Cependant, chaque règle a ses exceptions : nous avons appris que certains non-Musulmans jeûnaient le mois de Ramadan en cachette, à l’insu de tous, sans oser confier leur secret à qui que ce soit !

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