Ramadan en Mauritanie

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Les avis des Mauritaniens divergent quant à l’observation de la nouvelle lune qui détermine le début du mois de Ramadan. En fait, l’Etat a désigné un comité spécial chargé de détecter la nouvelle lune et de trancher cette question. Cependant, un groupe de Mauritaniens fait fi des décisions de ce comité et ne commence le jeûne qu’après la confirmation de certaines personnes de confiance, véridiques et dévouées, ou, de toute façon, après le trentième jour de Cha’baan. La majorité des Mauritaniens, se réglant sur la Sunna, sortent pour observer la nouvelle lune.

 
Tout comme les autres peuples musulmans, les Mauritaniens accueillent le mois de Ramadan avec joie et en échangeant des félicitations.
 
L’échange de visites et le maintien des liens de parenté s’amplifient au cours de ce mois sacré, et les vieillards, les enfants, les jeunes et les femmes affluent vers les mosquées, dans la majorité desquelles des séances religieuses sont organisées.
 
Sur le plan officiel, le gouvernement envoie des camions chargés de denrées variées, telles que des dattes, du riz, du blé, du sucre, du lait et du beurre, à destination des différentes contrées de la République pour être distribuées aux jeûneurs au moment de la rupture du jeûne.
 
De leur côté, les associations et institutions caritatives s’emploient à distribuer des provisions et des couvertures aux malades hospitalisés, en plus des subventions octroyées aux habitants du désert et des régions lointaines.
 
Les Mauritaniens conservent certains usages ramadanesques : ils ont l’habitude de suivre la prière de Taraawiih, transmise en directe de la mosquée sacrée de la Mecque et de celle du Prophète, Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam, à Médine, en dépit du décalage de trois heures entre la Mecque et la Mauritanie. En fait, les Mauritaniens considèrent que cette transmission est une sorte de compensation spirituelle pour ceux qui sont incapables de se rendre en terre sainte pendant le mois de Ramadan. Certains d’entre eux enregistrent assidûment cette transmission quotidienne et se vantent d’imiter les lectures respectives des cheikhs Ali Al-Houdhayfi et ‘Abdol-‘Aziiz Ibn Saalih.
 
Parmi les usages confessionnels des Mauritaniens pendant le mois de Ramadan, figure leur assiduité dans la lecture des ouvrages d’exégèse dans les mosquées comme dans les maisons et l’organisation de séances pour l’enseignement des ouvrages de Hadiths, et notamment les Sahihs de Boukhari et de Mouslim ; d’ordinaire, ce sont les Imams des mosquées, les prédicateurs ou les étudiants actifs de théologie qui se chargent de donner ces cours.
 
Les Mauritaniens observent dûment le Sahour, en tant que Sunnah. Parmi les repas les plus réputés qu’ils consomment au Sahour, figure  Al-‘Aich , semblable à la purée des Soudanais.
 
Ils observent également certains usages lors de la rupture du jeûne : ils commencent par la consommation de quelques dattes, puis passent à la soupe. Ils disent que pour le jeûneur, les mets chauds sont plus appropriés pour l’estomac que les froids. Ensuite, ils accomplissent la prière du Maghreb, soit à la mosquée soit chez eux, puis rentrent pour prendre leur repas principal, à commencer par une boisson appelée le  zrig , mélange de lait caillé, d’eau et de sucre. Mais le dessert le plus connu en Mauritanie consiste en des dattes sèches mélangées à du beurre. Ensuite, ils mangent le repas, composé principalement de viande, de pommes de terre et de pain. En fait, certains Mauritaniens consomment ce repas principal juste après l’accomplissement de la prière du Maghreb, d’autres après l’accomplissement des prières du ‘Ichaa’ et des Taraawiih. Après le repas principal, les Mauritaniens ont l’habitude de prendre du thé vert, une boisson très consommée dans ce pays, sauf bien sûr aux moments des prières.
 
La cuisine mauritanienne offre une grande variété de mets, dont les Tajines composés de viande cuite avec des légumes, et mangés avec du pain.
 
La prière des Taraawiih, composée de huit Rak’ah, est accomplie dans toutes les mosquées du pays. La grande majorité des Mauritaniens assistent à la prière dans les mosquées, alors que les vieillards l’accomplissent chez eux. La majorité des mosquées achèvent la récitation du Coran la nuit du 27 Ramadan ; quelques-unes l’achèvent le dernier jour du mois, alors que d’autres l’achèvent tous les dix jours, c'est-à-dire un total de trois fois pendant le mois sacré. Il est remarquable de voir les femmes assister avec assiduité à la prière des Taraawih. Pendant cette prière nocturne, les Mauritaniens ont l’habitude de prononcer des évocations et des invocations et de réciter le Coran en commun. Quant aux séances religieuses organisées pendant la prière des Taraawiih, elles ne sont pas très fréquentées.
 
Après l’achèvement de la récitation entière du Coran, certains Mauritaniens apportent un récipient rempli d’eau, avec laquelle l’Imam se rince la bouche, puis les gens tirent bénédiction de cette eau.
 
Dès que les Mauritaniens ont fini de prendre leurs repas de rupture du jeûne et ont terminé la prière des Taraawiih, ils se dispersent pour échanger des visites avec les amis et les proches, converser et boire l’Atay, thé vert à la menthe.
 
Les Mauritaniens sont soucieux de veiller la nuit d’Al-Qadr pour évoquer Allah et L’adorer. La majorité d’entre eux sont convaincus qu’elle tombe la nuit du 27 Ramadan. Le lendemain de cette nuit, il est fréquent de constater les manifestations de tolérance et de pardon entre les gens, qui s’évertuent à réconcilier ceux qui sont en conflit.
 
La retraite spirituelle pendant le mois de Ramadan est très répandue parmi les vieillards et certains jeunes gens qui y trouvent une occasion de revenir à Allah, Exalté soit-Il, et de renouveler leur repentir. La majorité des Mauritaniens se consacrent pendant le mois de Ramadan à la récitation du Coran, si bien que certains l’achèvent en un jour et une nuit, et que d’autres l’achèvent trois fois tous les deux jours, c'est-à-dire qu’ils récitent le Coran en entier pendant la journée et sa moitié pendant la nuit.
 
Il est à noter que les muezzins en Mauritanie ne respectent pas une heure précise pour l’Adhaan, celui de la prière du Maghreb surtout, ni pour l’Imsaak, abstention de manger un moment avant la prière de Fajr.
 
Les Mauritaniens s’acquittent dûment de la Zakate Al-Fitr. D’habitude, les individus s’en occupent personnellement, car les institutions officielles ou caritatives qui se chargent de collecter les fonds de la Zakate pour les distribuer aux ayants droit font défaut. D’autre part, les personnes bienfaisantes tachent d’organiser des banquets de charité auxquels sont invités les pauvres et les démunis.
 
Ce qui est amusant, c’est que les Mauritaniens donnent à chaque décade du mois de Ramadan un nom différent. On entend donc parler de la décade des chevaux, de celle des chameaux et enfin de celle des ânes. Ces dénominations signifient que le premier tiers du mois de Ramadan passe à la vitesse des chevaux et que les jeûneurs ne sont pas victimes de l’ennui ou de la paresse, alors que le deuxième tiers passe à une allure plus lente, comme celle des chameaux… jusqu’au dernier tiers dont la lenteur est celle d’un âne !
 
La société mauritanienne comprend également certains impies qui dérogent à l’éthique de Ramadan et organisent ou assistent à des soirées libertines, à des concerts, etc. Or, grâce à Allah, ceux-ci constituent des exceptions, et leur impiété se manifeste plus rarement pendant le mois de Ramadan que pendant les autres jours de l’année.
 

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