‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, dit : Ni au mois de Ramadan, ni au cours des autres mois, le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) ne faisait plus de onze Rak’ates, unités de prière. Il faisait d’abord quatre Rak’ates aussi bonnes que longues, puis quatre autres aussi bonnes que longues, puis trois. Je lui dis alors : ‹ô Messager d’Allah, tu vas te coucher avant de faire la prière du Witr, impaire ?›. ‹O ‘Aïcha, mes yeux s’endorment, alors que mon cœur reste toujours en éveil›, me répondit-il (Boukhari et Mouslim).
Dans un autre récit, elle dit, qu’Allah soit satisfait d’elle : La nuit, le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) effectuait treize Rak’ates, unités de prière, y compris le Witr et les deux unités de la prière surérogatoire de l’aube (Boukhari et Mouslim).
Lorsque Masrouq, qu’Allah lui fasse miséricorde, interrogea ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, sur la prière nocturne du Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) elle lui répondit : Sept, neuf ou onze Rak’ates, unités de prière, outre les deux unités de la prière de l’aube (Boukhari).
De son côté, Ibn ‘Abbaas, qu’Allah soit satisfait d’eux, dit : Le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) effectuait de nuit treize Rak’ates, unités de prière (Boukhari et Mouslim).
Racontant le comportement des Médinois à son époque, Abdor-Rahmaan Ibn Hormoz Al-A’radj, qu’Allah lui fasse miséricorde, dit : J’ai été contemporain des gens maudissant les mécréants au cours du mois de Ramadan lors de l’invocation de Qonout. L’Imam récitait la Sourate Al-Baqarah, la Vache, en huit unités de prière nocturne, et s’il la récitait en douze, les gens voyaient qu’il avait allégé la prière (Maalik, ‘Abdor-Raazik et Al-Bayhaqi : Sahih).
Leçons et dispositions :
Premièrement, ces récits montrent que le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) effectuait la prière nocturne au cours en dehors du mois de Ramadan.
Deuxièmement, lorsque les prophètes (‘Alaihim Assalam) dormaient, leurs yeux dormaient, mais leurs cœurs étaient toujours éveillés. Voilà pourquoi leurs visions étaient une pure vérité, et cela faisait partie de leurs caractéristiques.
Troisièmement, les oulémas ont convenu à l’unanimité que la prière nocturne, au cours ou en dehors du mois de Ramadan, est une Sunna, et que ses unités ne sont pas immuables. Chacun a la pleine liberté d’y prolonger la récitation du Coran et de restreindre ses unités à un certain nombre ou d’augmenter le nombre de ses unités et d’y raccourcir la récitation du Coran.
Quatrièmement, la méthode du Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) concernant la prière nocturne consiste à prolonger la récitation du Coran, l’inclinaison et la prosternation, tout en se limitant à un maximum de onze unités de prière. Cela vaut mieux que d’alléger la récitation du Coran tout en multipliant les unités de prière.
Cinquièmement, il est vrai que le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) pouvait dépasser les onze unités de prière nocturne pour en accomplir treize, comme il pouvait accomplir un nombre de Raq’ates inférieur à onze, que ce soit sept ou neuf, comme l’indiquent les Hadiths. Cependant, ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, rapporta ce que faisait souvent le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) à savoir l’accomplissement quasi-habituel de onze unités de prière.
Sixièmement, le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) avait également l’habitude d’accomplir deux par deux les unités de la prière nocturne. Ainsi, l’accomplissement de la prière nocturne en quatre unités avec un même Tasliim, salutation finale, déroge à sa Sunna, Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam. La preuve se trouve dans la description, effectuée par ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, de la prière nocturne du Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) lorsqu’elle dit : Le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) faisait une salutation finale (Taslim) toute les deux unités de prière, puis terminait sa prière nocturne par le Witr (Mouslim). De son côté, le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) a dit : Les unités de la prière nocturne se font deux par deux (Boukhari et Mouslim), à part l’unité impaire. Partant, le Musulman est autorisé à accomplir le Witr en trois ou en cinq unités de prière, mais ne doit réciter la formule de salutation qu’à leur terme, d’autant plus que ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, a dit : Le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) accomplissait de nuit treize Rak’ates, dont cinq unités de prière Witr, et il ne prononçait la formule de salutation qu’à leur fin (Mouslim).
Septièmement, les Compagnons et ceux qui imitèrent leur bon comportement, qu’Allah soit satisfait d’eux, à Médine, avaient l’habitude de prolonger la prière d’At-Tarawiih, comme le confirma ‘Abdor-Rahmaane Ibn Hormoz, qu’Allah lui fasse miséricorde.
Huitièmement, sans que ce soit une obligation, il est autorisé, lors de l’invocation du Qonout , faite pendant la prière d’At-Tarawiih, de maudire et de lancer des imprécations contre les mécréants, qu’ils soient ou non parmi les gens du Livre, puisqu’ils le méritent en raison de leur mécréance. La méthode du Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) consiste à invoquer Allah, Exalté soit-Il, pour faire périr et pour châtier ceux parmi eux qui combattent les musulmans, et pour guider ceux parmi eux qui ne les combattent pas et qu’on espère voir embrasser l’Islam.
Neuvièmement, l’invocation du Qonout, effectuée par les Compagnons et les Taabi’ounes , qu’Allah soit satisfait d’eux, à Médine, fut inspirée par le Qonout An-Nawaazil , à savoir les imprécations lancées par le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) contre les assassins des récitants du Coran appartenant aux Ri’l, aux Dhakwaan, aux Banou Lihyaan et aux ‘Oçayyah. Les Médinois faisaient cela au cours de la seconde moitié du mois de Ramadan.
Dixièmement, les imprécations lancées contre les mécréants, lors du second sermon du vendredi, sont inspirées de l’œuvre des Compagnons et de ceux qui imitèrent leur bon comportement, qu’Allah soit satisfait d’eux, à Médine, qui maudissaient les mécréants lors de l’invocation du Qonout. Ibn ‘Abdol-Barr, qu’Allah lui fasse miséricorde, affirma : Al-A’raj était contemporain d’un groupe de Compagnons et de Taabi’oune, et avait été témoin de cette œuvre à Médine .