La poursuite des criminels dans le but de les empêcher de nuire est indispensable pour assurer la sécurité et la paix. C'est exactement ce que le Prophète, , voulait réaliser, surtout vis-à-vis des bédouins et des tribus qui avaient l’habitude d’attaquer les gens et de s’emparer de leurs biens.
La première bataille qui visa à réaliser cet objectif fut celle d’Al-Ghaabah entre le Prophète, , et un groupe de Banou Ghatafaan. Le nom de cette bataille est tiré d'un lieu près de Médine du côté du Cham dans lequel pâturaient les chameaux du Prophète, . L’imam Boukhari a rapporté dans son Sahih que cette bataille est aussi connue sous le nom de Dhou Qarad.
Cette bataille eut lieu 3 jours avant la conquête de Khaybar, lorsque le Prophète, , chargea Dharr, le fils de Abou Dharr Al-Ghifaari, qu'Allah soit satisfait de lui, de prendre soin des chameaux. `Oyainah Ibn Hisn Al-Fazari (dans une autre version : Abderrahman Ibn `Oyainah) procéda à une attaque de nuit pour s’emparer de ces chameaux en tuant leur berger et en capturant son épouse. A l'appel de la prière de l'aube, l'un des serviteurs du Prophète, , se rendit chez Salamah Ibn Al-Akwa`, qu'Allah soit satisfait de lui, pour l'informer de cette incursion. Ce dernier ne put alors que grimper sur une hauteur en appelant, à haute voix, les musulmans afin de protéger leurs biens. Selon la version de Boukhari : Toute la ville de Médine m’a entendu crier trois fois: ' Au secours !'
Dès qu'il apprit la nouvelle, le Prophète, , se prépara rapidement ainsi que ses Compagnons pour le Djihaad, guerre pour la cause d'Allah. L’appel fut " Enfourchez vos montures pour le Djihaad, et ce fut la première fois qu'on utilisa cette formule pour appeler à la guerre. Ce fut aussi la première bataille après la conciliation de Houdaybiyah et avant la grande conquête de Khaybar.
Alors, le Prophète, , enfourcha sa monture, portant un casque en fer. Al-Miqdaad Ibn ‘Amr, vêtu de son heaume et de sa cuirasse, fut le premier Compagnon qui répondit à l’appel du Djihaad. Le Prophète, , le nomma commandant et attacha l’étendard à sa lance. Puis, il lui dit : Va-s-y, nous te suivons. Avant de partir, le Prophète, , nomma Ibn Om Maktoum responsable de Médine.
Les livres de biographie indiquent que Salamah Ibn Al-Akwa` fut le premier à arriver à la hauteur des ennemis, comme il était le plus rapide. Après avoir mobilisé les musulmans par son cri, il courut jusqu'à arriver au niveau des ennemis alors qu'ils étaient en train de chercher de l'eau. Il leur lança des flèches, lui qui était expert en la matière, en disant : Je suis le fils de Al-Akwa`, aujourd'hui est le jour de l’extermination des méchants. Il continua à leur lancer ses flèches pour les blesser et les obliger à s’arrêter à un passage étroit dans la montagne. Alors, il escalada la montagne et fit tomber des pierres sur eux. Ils prirent alors la fuite. Comme ils étaient assoiffés, ils se dirigèrent vers une source, mais Salamah les empêcha de boire à l’aide de ses flèches. Ils furent alors obligés de se débarrasser de quelques bagages afin de pouvoir se sauver. Chaque fois qu'ils jetaient quelque chose, Salamah le signalait au Prophète, , et à ses Compagnons en l’indiquant par une marque. A la fin de la journée, il était parvenu à prendre un certain nombre de chameaux ainsi que trente pièces d’habits de guerre.
Pendant la nuit, Le Prophète, , alla retrouver Salamah. Les renforts ne cessaient de venir de Médine, y compris des cavaliers à dos de cheval ou de chameau et des fantassins, jusqu'à ce qu'ils eurent rejoint le Prophète, , à Dhou Qarad. Les ennemis prirent la poudre d’escampette et les musulmans récupérèrent les chameaux volés. Cet événement est rapporté par Boukhari et Mouslim.
Le Prophète, , rendit hommage à certains de ses Compagnons qui participèrent à cette guerre en disant : Le meilleur cavalier aujourd'hui est Abou Qataadah, et le meilleur de nos fantassins est Salamah. ll donna à Salamah deux parts, celle du cavalier et celle du fantassin, et il le prit en croupe pour retourner à Médine, en récompense des efforts qu'il avait déployés dans cette bataille.
La leçon la plus importante à tirer de cette bataille est le courage du Prophète, . En effet, il portait rapidement secours à autrui dans la mesure du possible. Aussi les Compagnons se hâtèrent-ils de répondre à l'appel au Djihaad avec dévouement et sincérité. Certains firent même la chasse aux mécréants à pied.
Une autre leçon à tirer est que le Prophète, , honorait verbalement et par des actes ceux qui faisaient preuve de zèle et qui étaient connus pour leur grande abnégation. Le Prophète, , encourageait ses Compagnons à rivaliser entre eux. Ainsi Salamah demanda au Prophète, , de lui permettre de rivaliser avec l'un des Ansars de retour à Médine et il, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, accepta. Cela donna lieu à une scène qui combina à la fois courage, force, euphorie et jeu innocent. Qu'Allah soit satisfait de tous les Compagnons.