La bataille de Hounayn se déroula le 7 septembre de l'an 8 de l'Hégire. Elle eut lieu dans la vallée de Hounayn, située à 27 kilomètres de la Mecque du côté de ’Arafaat et près de Thi Al-Madjaaz. Le nombre des musulmans dans cette bataille était de 12000 dont 10000 venaient de Médine et 2000 de la Mecque.
La cause de la bataille :
La conquête de la Mecque fut la plus grande victoire pour l'Islam, et par ce biais, Allah, Exalté soit-IL, honora son Prophète, , son armée et ses partisans. Allah, le Très Haut, délivra la Mecque et la Mosquée Sacrée qui étaient entre les mains des mécréants. Les Anges se réjouirent de cette conquête…Beaucoup de gens embrassèrent la religion d'Allah le Très Haut, et la Terre resplendit de lumière et de joie.
Quant aux grandes tribus arabes proches de la Mecque notamment Hawaazin et Thaqiif, elles eurent une réaction inverse. Les leaders de ces tribus se réunirent pour nommer Maalik Ibn ‘Awf, chef de Hawaazin, comme chef pour combattre les musulmans avant qu'ils ne renforcent leur autorité et ne remportent d'autres victoires.
• Les événements de la bataille :
Maalik Ibn ‘Awf était courageux et audacieux, mais il n'avait que de mauvaises opinions et n'aimait pas consulter les autres. Il partit avec tous ses gens, hommes, femmes, enfants et biens. Son but était de faire sentir à chaque homme que ses biens et sa famille étaient derrière lui et qu’il ne les fuyait pas. Toutefois il rencontra l’opposition de Dorayd Ibn As-Simmah qui était un cavalier expérimenté, qui lui dit : Cette idée n'a rien à voir avec la défaite ou la victoire. Si tu gagnes, ce sera seulement du fait des combattants, et si tu perds, tu compromettras ta famille et tes biens. Mais Maalik se moqua de son point de vue et persista à exécuter son plan quelles qu’en seraient les conséquences. Lorsque le Prophète, , apprit cette nouvelle et la décision de Maalik, il prépara l'armée pour se défendre.
D'autre part, Maalik avait pris l'initiative de se diriger vers la vallée de Hounayn. Il lança son armée dans les passages menant à cette vallée et lui donna l'ordre de lancer des flèches sur les musulmans une fois arrivés, puis de fondre sur eux comme un seul homme.
Avant l'aube, le Prophète,, avait mobilisé son armée et avait nommé les chefs en ordonnant à chacun de prendre son poste. Avant que le soleil ne se levât, les musulmans arrivèrent à la vallée de Hounayn et se mirent à la traverser, sans se douter de ce qui les attendait. Les flèches s’abattirent sur eux de toutes parts. Les troupes ennemies leur assénèrent des coups efficaces qui les obligèrent à se disperser. Ce fut donc un grand échec pour l'armée musulmane. A ce moment, le Prophète, , se pencha vers la droite et appela les musulmans en disant : Je suis le Prophète, pas de mensonge, je suis le fils de ’Abdul Mouttalib. Il ne restait avec lui qu’un nombre restreint de Mouhadjirounes et d’Ansaars.
Al-‘Abbaas, qu'Allah soit satisfait de lui, nous raconte cette situation critique en détail en disant : J'ai assisté à la bataille de Hounayn avec le Prophète, , et nous étions, moi et Abou Soufyaan Ibn Al-Harith, à ses côtés tout le temps. Le Prophète, , était sur sa mule blanche. Lorsque les deux armées se rencontrèrent, les musulmans prirent la fuite, mais le Prophète, , se mit à faire galoper sa mule vers les mécréants. Il, , me dit : - "Ô ‘Abbaas, appelle ceux qui m'ont prêté serment d'allégeance à Al-‘Aqabah." J'ai crié : - "Où sont ceux qui ont prêté allégeance au Prophète, , à Al-‘Aqabah ?" Ils répondirent tous aussitôt : - Nous voici, nous voici. Puis, ils poursuivirent le combat contre l'ennemi. Alors, le Prophète, , les regarda combattre, depuis sa mule, et dit : Le combat fait rage. Ensuite, il lança quelques cailloux sur le visage des mécréants, et leur dit : Par Allah, ils seront défaits. Al-‘Abbas continua : "Après ces jets de pierres, je les ai vus, l'un après l'autre, s’affaiblir et s’enfuir. (Mouslim)
Quant à Maalik Ibn `Awf et les gens qui étaient avec lui, ils prirent la fuite, et se retranchèrent à Taa`if, laissant derrière eux un butin important. Mais le Prophète, , leur envoya un groupe de compagnons qui les assiégèrent et les combattirent jusqu’à la victoire.
Ces événements sont mentionnés par Allah, le Très Haut, qui dit (sens des versets):
Allah vous a déjà secourus en maints endroits. Et [rappelez-vous] le jour de Hunayn, quand vous étiez fiers de votre grand nombre et que cela ne vous a servi à rien. La terre, malgré son étendue vous devint bien étroite; puis vous avez tourné le dos en fuyards. Puis, Allah fit descendre Sa quiétude [Sa sakîna] sur Son messager et sur les croyants. Il fit descendre des troupes (Anges) que vous ne voyiez pas, et châtia ceux qui ont mécru. Telle est la rétribution des mécréants. (Coran 9/ 25-26).
Cet événement qui montre à quel point le prophète, , était courageux malgré le nombre restreint de ses Compagnons, apporte une preuve indéniable et un argument probant de sa foi profonde. Il avait confiance en le fait qu'Allah, Exalté soit-Il, aiderait les adeptes de cette religion de la vérité à réaliser une grande victoire à la fin de la guerre. Cela apparut clairement lorsque les troupes se dispersèrent, laissant le Prophète, , seul et sans protection, chacun d'eux prit la fuite en ne pensant qu'à soi. Quant au Prophète, , il était presque seul sur le champ de bataille, exposé au danger de l’ennemi. Il fit alors preuve d’une vaillance étonnante qui surprit ceux qui prenaient la fuite et leur redonna du courage.
• L'histoire d’Om Solaym :-
L'une des héroïnes de cette bataille fut Om Solaym, l'épouse du Compagnon Abou Talhah, qu'Allah soit satisfait de tous les deux. Les livres de biographie et de Hadiths rapportent, selon une chaîne de transmission Sahih, les événements de cette scène. D'après Anas, qu'Allah soit satisfait de lui: Lors de la bataille de Hounayn Abou Talhah remarqua que son épouse portait une dague. Il en informa le Prophète, . Lorsque le Prophète, , demanda une justification à Om Solaym, elle dit aussitôt : "Je prends des précautions, et s’il arrivait que l'un des ennemis parmi les mécréants veuille m'attaquer je le poignarderais." Ceci fit rire le Prophète, . Puis elle reprit la parole en disant : "Ô Prophète d'Allah ! Il faut tuer ceux qui embrassèrent l'Islam lors de la conquête de la Mecque parce que ce ne sont pas de vrais musulmans. En effet, ils n’ont embrassé l’Islam que parce qu'ils se voyaient vaincus et se trouvaient obligés de le faire." Alors, le Prophète, , lui répondit : "Ô Om Solaym ! Allah nous a épargné le combat et nous a octroyé beaucoup de bienfaits."
Conséquences de cette attaque :
L'une des conséquences importantes de cette guerre fut la question du partage du butin important sur lequel les musulmans avaient mis la main. Le Prophète, , adopta une politique sage concernant sa répartition, mais malheureusement elle ne fut pas comprise au début, ce qui donna naissance à des rumeurs et autres affabulations. D'après Ibn Is-haq, Abou Saiid Al-Khodrii, qu'Allah soit satisfait de lui, a dit : Le Prophète, , distribua le butin aux compagnons issus de la tribu de Qouraiche et d’autres tribus arabes à l'exception des Ansars . Ces derniers se sentirent lésés par un tel partage, ce qui entraîna beaucoup de rumeurs parmi eux. L'un d'eux dit même: "Certes, le Prophète, , a retrouvé les siens et nous a oubliés." A ce moment Saad Ibn Obadah, - Qu'Allah soit satisfait de lui - vint trouver le Prophète, , et lui dit : "Ô messager d'Allah ! Les Ansars sont mécontents à cause de ce que tu as fait en distribuant le butin aux musulmans de ta tribu et en donnant de grandes portions à ceux des autres tribus arabes sans attribuer quoi que ce soit aux Ansars." Alors, le Prophète, , lui demanda : "Et quel est ton avis Sa`d?" Il a répondu : "Mon avis est celui de mon peuple." Alors, il lui demanda de rassembler les Ansars dans un endroit qu'il lui précisa. Quelques Mouhajirounes étaient venus à cet endroit, mais il permit seulement à l’un d’eux d'entrer.
Après avoir réuni les Ansaars Sa’d informa le Prophète, , que les Ansaars étaient réunis. Alors, le Prophète,, se joignit à la réunion, commença par faire les louanges d’Allah, Exalté soit-Il, et dit :
Ô vous les Ansaars ! J'ai entendu que vous disiez telle et telle chose et que vous ressentiez de la tristesse à cause de moi, est-ce vrai? Je vous ai trouvés égarés et Allah vous a guidés ; je vous ai trouvés pauvres mais Allah vous a enrichis, n’est-ce-pas ? Allah ne vous a-t-il pas réconciliés alors que vous étiez des ennemis ?
Alors, Ils dirent tous: Oui, Ce n’est que par la grâce d'Allah puis de Son prophète. Puis, il, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, leur dit: Ne me répliquez-vous pas, O Ansaars ?
Et que te dirions-nous ? A Allah puis à Son Prophète sont la grâce et la faveur.
Il dit : Si vous aviez voulu, vous auriez dit ceci, et l’on vous aurait cru: "Lorsque tu es arrivé, les gens te traitaient de menteur mais nous t’avons cru. Tu étais abandonné, et nous t’avons offert notre soutien. Tu étais banni, et nous t'avons porté secours. Tu étais pauvre, et nous t'avons donné de l'argent." Dites-moi, Ô les Ansars, êtes-vous fâchés à cause de quelques plaisirs vains de ce bas monde ? J'ai donné ces biens à ces gens pour gagner leurs cœurs afin qu'ils soient de bons musulmans, alors que votre foi à vous était déjà ferme. Ne seriez-vous pas satisfait si ces gens retournaient chez eux avec des chameaux et des brebis, mais que vous retourniez à Médine en compagnie du Prophète d’Allah, ? Par celui qui détient mon âme, je me considère comme un membre des Ansaars, mais la seule différence c’est que j'ai émigré. Si tous suivaient un chemin et que les Ansaars en suivaient un autre, je suivrais celui des Ansaars. Après ma mort, vous constaterez de l’égoïsme chez les gens. Faites donc preuve de patience en attendant le moment où vous me rencontrerez autour de mon Bassin, le Jour du Jugement Dernier. Ô Allah ! Fais miséricorde aux Ansaars et à leurs descendants.
A ce moment-là, tout le monde versait des larmes au point de mouiller leurs barbes. Ils dirent tous : Nous sommes satisfaits d'être aux côtés du Prophète, , et de ce partage. Et la réunion prit fin.
Leçons importantes que nous pouvons tirer de cette bataille :
● La bataille de Hounayn a fourni une magnifique leçon en matière de croyance islamique. Elle a constitué une expérience pratique pour comprendre le principe de cause à effet. Lors de la bataille de Badr les musulmans étaient peu nombreux, mais ils firent tout ce qui était en leur pouvoir pour obtenir la victoire grâce à leur foi en Allah, le Très Haut. Après avoir gagné la bataille ils comprirent que peu importait le nombre s'ils étaient attachés à leur foi. Quant à la bataille de Hounayn, elle leur donna une autre leçon, à savoir que la présence d’un grand nombre de combattants ne sert à rien et n’entraîne pas la victoire si ces combattants n’ont pas comme arme une foi profonde et une croyance véritable, et qu’ils n'ont pas fait ce qu'ils devaient faire pour réaliser cette victoire. Ainsi la victoire ou l'échec ne dépendent pas du nombre de combattants. D’autres facteurs sont aussi importants, si ce n'est plus, pour déterminer le résultat d'une guerre.
Les musulmans ont donc bien appris cette leçon sur les causes de la victoire. Allah le Très Haut dit à ce propos (sens du verset) : Ô Vous qui croyez ! Si vous faites triompher la cause d'Allah, Il vous fera triompher et raffermira vos pas. (Coran 47/ 7).
• L'histoire d’Om Solaym montre à quel point les musulmanes de l'époque du Prophète, s, tenaient à participer à la prédication et à faire face aux ennemis comme le faisait le Prophète, .
● La sagesse de la politique du Prophète, , dans le partage du butin, lorsqu'il donna du butin aux nouveaux convertis, qui avaient embrassé l’Islam lors de la conquête de la Mecque, en leur attribuant une portion supérieure à celle des autres musulmans. Il ne prit pas en considération le principe de l'égalité entre les combattants. Cela indique que le chef des musulmans a le droit de faire ce qui lui semble bon pour la communauté que ce soit en matière religieuse ou pour la vie d’ici bas.
● Le Djihaad, a été institué avec pour but essentiel de lever les obstacles qui entravent l’appel à l'Islam. Il vise aussi à amener les gens vers le droit chemin et à leur expliquer cette religion magnifique. Tout cela représente le but général de l'avènement de l'Islam. Ces guerres n'avaient donc pas pour but de réaliser un profit économique ou politique.
La preuve en est que le Prophète, , demanda aux Compagnons de le renseigner à propos de Maalik Ibn awf qui constituait le moteur essentiel de cette bataille. Ils lui répondirent que cet homme se trouvait à Ta`if avec la tribu de Thakif. Alors il, , leur dit :
Informez-le qu'il peut reprendre ses biens ainsi que les captifs de sa tribu à condition qu'il vienne à moi en tant que musulman, et je lui donnerai en plus 100 chameaux.
Quand Maalik apprit cette nouvelle, il vint très rapidement chercher le Prophète, , et se convertit à l'Islam. Comme le Prophète, , tenait toujours ses promesses, il lui rendit ses biens et les captifs ainsi que 100 chameaux. Maalik devenint un bon musulman attaché à sa religion. Cette histoire a été narrée par Ibn Is-haq, qu'Allah lui fasse miséricorde.
Tout cela, et d’autres arguments encore, montrent que le Djihaad a été institué pour commander le bien et interdire le blâmable, en appelant les gens à la religion de la vérité en leur garantissant la liberté de choisir l’Islam en toute sécurité.