L’Imam Malik ibn Anas (93-179)

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Dans ce présent article nous allons essayer de donner un bref aperçu portant sur  la biographie de l’un des quatre pôles de la jurisprudence islamique, à savoir l’Imam Malik Ibn Anas Ibn Malik Ibn Ibn `Amir Ibn `Amr Ibn Ghayman Ibn Khathil Ibn `Amr Ibn Al-Harith.

Ce grand personnage de la jurisprudence islamique est né à Médine en l’an 93 et y résida jusqu’à sa mort en l’an 179 H. Son arrière grand-père, Abou `Amir Ibn `Amr, fut un Compagnon du Messager d’Allah (). Il participa à toutes les batailles du temps du Messager d’Allah, exception faite de la grande bataille de Badr.
Son grand-père, Malik Ibn Abou `Amir, fut un grand Successeur qui rapporta des hadiths sur l’autorité du Commandeur des Croyants `Umar Ibn Al-Khattab, de Talhah, de la Mère des Croyants `Aishah, de Abou Hurayrah et de Hassan Ibn Thabit, qu’Allah soit satisfait d’eux tous. Il fut l’un des quatre hommes ayant porté le Commandeur des Croyants `Uthman Ibn `Affan, qu’Allah soit satisfait de lui, à sa tombe. Il fut l’un des scribes qui inscrivirent le Coran lorsque `Uthman réunit les codex du Coran. On rapporte en outre que le Cinquième Calife bien-guidé , `Umar Ibn Abd Al-`Aziz, lui demandait souvent conseil.
Quant au père de Malik, Anas, l’histoire ne nous apprend que peu de choses sur lui. Nous savons toutefois qu’il vécut à Dhoul-Marwah, une oasis dans le désert au nord de Médine, et qu’il gagnait sa vie en fabriquant des arcs. Selon l’opinion la plus solide, sa mère s’appelait Al-Ghaliyah Bint Shourayk Al-Azdiyyah.
L’imam Malik mémorisa le Coran dans son enfance puis s’orienta vers la mémorisation des hadiths prophétiques et les verdicts religieux (fatwa) émis par les Compagnons. Il étudia la jurisprudence de l’Ecole de l’Opinion et s’initia à la réfutation des courants déviants. Il se montra brillant dans l’acquisition des sciences islamiques et se distingua par son excellente mémoire. Il a appris la science auprès d’un grand nombre de Cheikhs. Selon l’Imam An-Nawawi, il eut 900 Cheikhs dont 300 Successeurs, les autres étant des Successeurs de Successeurs. L’Imam `Abd Ar-Rahman Ibn Hurmuz Al-A`raj figurait parmi ses Cheikhs les plus distingués. Mais parmi ses Cheikhs, nous pouvons également citer, le Hafidh Abou `Uthman Rabi`ah Ibn Abou `Abd Ar-Rahman Al-Qurashi surnommé "Rabi`at Ar-Ra’y" pour sa rigueur et son intelligence dans l’interprétation et le raisonnement par analogie, Nâfi`, le noble Successeur affranchi de `Abd Allah Ibn `Umar, le grand Imam Ja`far Ibn Mohammed Al-Baqir, le juriste et savant-mémorisateur Yahya Ibn Sa`id Al-Ansari le Juge de Médine, et le prédicateur aux exhortations vibrantes, Salamah Ibn Dinar Abou Hazim As-Sufi et bien d’autres.
L’excellence de l’Imam Malik lui permit d’enseigner et de diffuser la science dès sa jeunesse et ses Cheikhs l’autorisèrent à enseigner et à délivrer les Fatwas (avis juridiques) dès l’âge de 17 ans.  Il choisit la Mosquée du Prophète () pour tenir son cercle de science. Plus précisément, il choisit, dans cette Mosquée, l’endroit où se tenait le Calife Juste `Umar Ibn Al-Khattab. C’est là que s’asseyait le Messager d’Allah (). Les cours de l’Imam Malik ne furent transférés chez lui que plus tard, à cause de sa maladie. Confit dans une piété ascétique, Malik était un homme modeste, bienveillant et plein d’amour pour le prophète Mohammed (), si bien que par respect pour lui, il n’a jamais enfourché une monture à Médine. Les Califes Abou Jaafar al-Mansour, al-Mahdi, Haroun Ar-rachid le tenaient en haute estime. Ils lui demandaient souvent conseil et assistaient à ses cours pendant le pèlerinage. Il composa son célèbre ouvrage ‘‘Al-Mouattaa’’ à la demande du Calife Al-Mansour. On le citait comme exemple dans une maxime qui dit : Pas de Fatwa à Médine tant que Malik s’y trouve .
La profusion de sa science attira une foule très nombreuse, sa renommée s’étendit et il occupa une place distinguée dans le cœur des habitants de Médine.
En matière de jurisprudence, Malik puisait dans le Noble Coran, exigeant que l’exégète ait une excellente maîtrise de la langue arabe. Puis il s’appuyait sur le Hadith et la Sunnah, avec une grande minutie dans l’authentification des narrations. Il considérait la pratique des gens de Médine comme un argument législatif.
Le Calife al-Mansour lui demanda de composer un livre qui ferait autorité sur l’ensemble des hadiths du prophète () et qui servirait de constitution de l’Etat. L’Imam rassembla son célèbre recueil de hadiths intitulé ‘‘Al-Mouattaa’’ mais il refusa qu’on lui accordât un caractère officiel de manière à l’imposer, estimant qu’aucun livre, excepté le Livre d’Allah (Le Coran), ne devait s’imposer à l’ensemble des musulmans.
L’Imam Malik fut emprisonné et torturé pour avoir émis une fatwa défiant la politique du Calife. Ce dernier avait décrété le divorce automatique de quiconque romprait le serment d’allégeance qui l’engage envers l’Etat. L’Imam déclara que le divorce sous la contrainte était nul et non avenu.
Ce noble savant prolongeait la réflexion et la méditation avant d’émettre une fatwa ou un avis juridique. Il disait : "Parfois, on me fait part d’une question et je passe toute la nuit à la traiter." Il arrivait qu’une personne vienne le consulter pour une question juridique et reparte avec pour toute réponse de l’Imam : "Laisse-moi, je dois y réfléchir." La précipitation n’avait aucune place dans ses verdicts. Il en est ainsi pour tous les nobles savants qui pensent en permanence au Jour où ils comparaîtront devant Allah, exalté soit-Il.
Le scrupule de l’Imam Malik transparaît aussi dans sa parole : "La chose la plus éprouvante pour moi c’est d’être interrogé sur une question du licite ou de l’illicite, car il s’agit de trancher dans la religion." C’est ainsi que l’Imam Malik passa des années sans avancer une opinion sur certaines questions complexes et ambiguës. Il dit : "Voilà une dizaine d’années que je réfléchis à une question, sans arrêter une opinion."
Plus encore, quand l’Imam était questionné sur une chose qu’il ne savait pas, il répondait sobrement : "Je ne sais pas." Lorsqu’une personne insistait en lui disant: "Je suis venu jusqu’à toi d’un pays lointain pour te poser cette question et voici que tu me réponds que tu ne sais pas, toi le grand Imam de Médine. Que vais-je dire aux miens ?" Et l’Imam, imperturbable, de répondre : "Dis-leur que Malik ne sait pas."

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