Allah, exalté doit-Il, dit: Ne referme pas ton poing autour de ton cou par avarice, et ne donne pas non plus à pleines mains, si tu ne veux pas être blâmé ni éprouver des regrets ! (Coran : 17/29)
Il dit également : Et ne gaspille pas indûment, car les gaspilleurs sont les frères des démons ; et le Démon est très ingrat envers son Seigneur. (Coran : 17/26/27). Les gaspilleurs sont qualifiés dans ce verset de frères des démons dans la mesure où ils se laissent tenter par ces derniers et leur obéissent en gaspillant leur richesse inutilement ce qui est aussi une forme d’ingratitude envers Allah Qui leur a fait don des richesses dont ils disposent afin qu’ils les dépensent dans les voies du bien et qu’elles soient pour eux un moyen de gagner Son agrément, non un moyen de mériter Son courroux.
Le Noble Coran après avoir enjoint le musulman dans de multiples versets de dépenser son argent dans des causes louables, lui interdit formellement dans autant d’autres versets -dont fait partie les deux mentionnés au début de cet article- le gaspillage et la prodigalité et l’invite à emprunter le chemin de la sobriété et de la modération dans ses dépenses.
Allah, exalté soit-Il, dit : Mangez et buvez mais ne gaspillez point ! Car Allah n’aime pas les gaspilleurs. (Coran : 7/31). De ce verset les oulémas ont déduit que les gaspilleurs sont comptés parmi de ceux qui méritent le courroux divin qu’implique la négation de l’amour d’Allah.
Allah, exalté soit-Il, loue, chez Ses serviteurs pieux, la vertu de l’économie, parlant d’eux Il dit : ceux qui, dans leurs dépenses, tiennent un juste milieu, de façon à n’être ni avares ni prodigues. (Coran : 25/67)
Considérant que le gaspillage et la prodigalité emportent le bonheur de l’individu et de la famille, le Sage Législateur a édicté la mise sous tutelle des biens des mineurs et des incapables majeurs, afin que leurs tuteurs subviennent à leurs dépenses de manière économe, et ce, jusqu’à ce que leur maturité soit dûment constatée. Allah, exalté soit-Il, dit à cet effet : Si vous constatez qu’ils ont atteint la maturité, alors remettez-leur leurs biens. (Coran : 4/6)
Notre noble religion nous met en garde contre les conséquences de la prodigalité, et nous appelle à l’économie. En outre, l’économie ne compte pour une vertu que lorsque l’individu s’est acquitté des sommes redevables pour l’entretien obligatoire de ses proches, et des aumônes imposées au bénéfice des pauvres et des nécessiteux, et qu’il a offert généreusement son aide pour des actions d’intérêt public, telles que la construction de mosquées, d’écoles, d’hôpitaux, d’asiles ou pour des actions de développement des moyens de préservation de la souveraineté de la nation et de défense de ses droits.
L’adage dit : Ne préserve pas tes richesses devant une juste cause et ne dépense le moindre sou devant une injuste cause.
Lorsque Mohammed ibn ‘Imran a été accusé d’avarice. Il a répondu : Par Allah, je ne retiens pas mes biens devant une cause juste et je les donne pas pour une cause injuste.
Nous saisissons cette occasion pour dénoncer les dépenses débridées et inconsidérées que l’on rencontre dans les cérémonies nuptiales ou funéraires. De tels événements sont organisés avec peu de sagesse et de raison, car ils dévorent des sommes colossales d’argent qui auraient pu servir dans des choses beaucoup plus utiles pour l’individu et pour la société dans laquelle il vit. En général les individus qui organisent de telles cérémonies n’en tirent aucun mérite, au contraire, ils peuvent même se trouver exposé à la critique et au péché.
Le gaspillage dans le luxe comporte des effets nocifs très nombreux aussi bien pour les individus que pour la société. Parmi ces méfaits citons à titre d’exemples les deux suivants :
- Le gaspillage dans le luxe mène à la lâcheté dans la mesure où l’ancrage des âmes dans l’apparat et les plaisirs mondains renforce leur attachement à la vie, et les porte à éviter les champs de bataille, même si c’est leur honneur qui est en jeu, même s’il s’agit de défendre leur vie, leur dignité ou leurs biens. L’homme qui baigne dans l’apparat et les plaisirs mondains déteste la mort plus que quiconque, et ne se précipitera guère dans les champs de bataille.
- Le gaspillage dans le luxe tend à entraîner les hommes à commettre l’injustice, dans la mesure où l’homme vautré dans le luxe est déterminé à gagner l’argent qui lui permettra de satisfaire ses envies, sans guère de scrupules quant à l’obtenir par des moyens illicites, en faisant main basse sur les biens d’autrui par la corruption, ou par l’usurpation s’il détient quelque autorité ou quelque puissance.
Il est de notre devoir de nous entraider tous pour combattre dans nos société le fléau du gaspillage et ce devoir incombe surtout à ceux parmi nous qui ont une quelconque influence (oulémas, hommes politique, intellectuels réformateurs, …). Nous ne devons ménager aucun effort pour que les gens s’en éloignent dans leur nourriture, dans leur boisson, dans leur façon de s’habiller, dans leurs maisons et dans leurs moyens de transport, et de rechercher le meilleur moyen permettant de parvenir à cette fin.
Nous ne souhaitons nullement que les hommes se détournent unanimement et massivement des parures et des plaisirs. Allah, exalté soit-Il, dit en effet : Dis : Qui a interdit la parure d’Allah, qu’Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonne nourritures? (Coran : 7/31)
Notre seul objectif est de les appeler à la sobriété, afin de les protéger contre l’amour démesuré de l’apparat et des plaisirs mondains, qui ne doivent en aucun cas devenir des objets de fierté ou de vanité. Les gens aisés ne perdent rien à être économes dans leur nourriture et leur vêtement, dès lors qu’ils dépensent leurs biens dans des actes de générosité et de garantie des droits de la société. Une telle économie témoignerait au contraire en faveur de leur excellence et de leur vertu.