Un Ramadan à Hyderabad

4909 2018

Le Ramadan signifie des choses différentes selon les personnes ; il en est de même selon les endroits du monde. Le mois de Ramadan à Hyderabad, en Inde, fait partie des moments les plus festifs de l’année. Les maisons et les rues connaissent une agitation fébrile, différente du train-train quotidien de la vie (habituelle). Le mois de Ramadan là-bas est animé en soirée, et se vit tranquillement, au ralenti pendant la journée. En fait, presque toutes les échoppes et restaurants sont fermés pendant la journée, pour n’ouvrir que quelques heures, avant le moment de l’Iftar (la rupture du jeûne).

A Hyderabad, les hommes et les femmes ont des rôles distincts. Alors que les hommes passent leurs journées à se rendre dans les mosquées pour les cinq prières quotidiennes, les prières de Tarawiih, et même, à y passer quelques nuits d’I’tikaf (retraite spirituelle dans la mosquée, avec la pure intention d’adorer Allah), les femmes effectuent leurs actes d’adoration au sein de leurs foyers ; elles s’occupent de préparer les repas spéciaux de l’Iftar, du Sohoor (repas pris avant la pointe de l’aube), et du dîner, en plus de l’attention particulière qu’elles consacrent aux préparatifs des festivités imminentes de l’Aïd.
Ironiquement, alors que le Ramadan consiste à s’abstenir de manger et de boire pendant le jour, la majorité de la journée peut être occupée à préparer des plats, et à organiser les préparatifs de la fête de l’Aïd, qui comprennent la préparation des plats de fêtes élaborés et des desserts. En fait, dans certains foyers, les préparatifs des festivités de l’Aïd commencent dès le début du mois.
Les femmes commencent à apprêter habits et plats pour l’Aïd, depuis le tout début du Ramadan. Ceci remonte d’une part à une ancienne tradition, quand les ressources étaient rares, et devaient être stockées, et est dû d’autre part simplement à l’excitation ressentie à l’égard de la fête bénie à venir.
Les femmes et les jeunes filles peuvent passer une bonne partie de leur temps à choisir les vêtements qu’elles porteront le jour de l’Aïd, à réunir habits, bijoux, etc. dans l’attente du grand jour. De plus, les trois jours de célébrations de l’Aïd exigent une grande quantité de nourriture, plus particulièrement lorsqu’on a l’intention de nourrir la famille élargie et les amis, et d’offrir aux voisins nourriture et sucreries (comme c’est l’habitude à Hyderabad). Donc, bon nombre de foyers à Hyderabad, s’affairent à la cuisine et au nettoyage tout au long du mois, et non pas uniquement à cause des préparations quotidiennes des repas, mais de la célébration à venir de l’Aïd, qui n’aura lieu parfois que quelques semaines plus tard.
Mais ne vous laissez pas tromper par le goût que les Hyderabadiens montrent pour la nourriture et les vêtements ; ils mettent autant d’énergie et d’entrain dans leurs actes d’adorations et leur dévouement que dans la confection de leur Biryani (riz pilaf). A Hyderabad, la culture joue un rôle important dans la manière dont on passe Ramadan. Nombreux sont les hommes qui passeront la fin du mois à naviguer d’une mosquée à l’autre, faisant en sorte d’assister et de participer à autant de prières de Tarawih que possible. Ainsi, à chaque fois qu’une mosquée complète la récitation du Coran et les Tarawihs, un homme se rend à cette mosquée, et au bout d’une semaine, il aura participé à plusieurs Khatma du Coran (Khatma est la récitation du Coran dans son intégralité). Ceci est important et très significatif pour les Hyderabadiens (et une tradition qui continue pour bon nombre d’individus, même en Amérique).
En ce qui concerne la jeune génération de Hyderabadiens, la différence entre les sexes existe encore. Généralement, les jeunes hommes se rendent à la mosquée et les jeunes filles restent à la maison. Cependant, pendant la prière de l’Aïd, les jeunes filles ont également le droit d’y participer. Et en ce qui concerne les festivités qui suivent la prière de l’Aïd,  la famille tout entière participe, et les trois jours de l’Aïd sont occupés à se régaler de nourriture telle que le biryani et le sheerkorma (du lait sucré avec des vermicelles).
Ainsi qu’il se doit, l’objectif principal de tous les musulmans pendant le mois de Ramadan est le culte, y compris le jeûne et la prière. Fait intéressant, un Hyderabadien vivant en Amérique a mentionné qu’un vrai Hyderabadien, qu’il soit  bon ou mauvais, riche ou pauvre, pratiquera toujours le jeûne et participera à la prière du vendredi. Ceci étant ce qu’on nous a enseigné de faire et que tout le monde pratique, quelles que soient les mauvaises choses que l’on commet en dehors de cela 
L’aumône est également une pratique que les Hyderabadiens semblent respecter et conserver. Apparemment, d’après certains récits, les commerçants fabriquent et gardent effectivement des vêtements et d’autres articles, spécifiquement pour en faire aumône aux nécessiteux.
Durant les derniers jours du Ramadan, les commerçants distribuent ces vêtements gratuitement devant leurs magasins, comme ‘cadeaux de l’Aïd’ (c’est une sorte d’aumône). Ces actes cultuels (aumône, prière, jeûne), pendant le Ramadan, sont ce qui fait que les bénédictions de ce mois sacré continuent à abonder. N’oublions pas de partager les joies du Ramadan avec nos voisins et amis.

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