Par : Hassân Chamsi Pacha
Le Hadj constitue une saison singulière, au cours de laquelle se réunissent dans un seul lieu, et pendant des semaines, plus de deux millions de Musulmans qui y affluent des quatre coins du globe. Certes, le Hadj impose au pèlerin certaines difficultés, telles que la peine du voyage, les démarches pour accomplir les rites et les variations climatiques à la Mecque et à Médine en été.
Il n’est donc pas étonnant que de nombreux pèlerins se sentent exténués à cause de ces changements subits, qui peuvent augmenter la tension subie par le cœur, l’abdomen et les deux reins, surtout chez les personnes dont ces organes sont malades.
Et comme les rites du Hadj ont lieu à un moment déterminé, nombre d’entre eux hésitent à demander une consultation médicale, bien que le gouvernement saoudien assure des services médicaux gratuits aux pèlerins, et nombre d’entre eux s’empressent de quitter l’hôpital pour éviter de rater les rites.
Á notre grand bonheur, beaucoup de recherches médicales ont été récemment publiées dans les revues spécialisées, se focalisant sur les malaises qui atteignent les pèlerins, dont l’hyperthermie, les problèmes médicaux et chirurgicaux généraux qu’ils doivent affronter, les difficultés rénales, la méningite, etc.
Les gastro-entérites sont en tête des maladies les plus répandues parmi les pèlerins. En 1988, Dr. Hassan Al-Ghaznawi de l’Université de Djeddah a publié dans le Saudi Medical Journal les résultats d’une étude effectuée sur un échantillon de pèlerins. En vertu de cette étude, les inflammations de l’estomac et des intestins sont les plus répandues chez les pèlerins, surtout égyptiens et syriens, les pèlerins d’âge avancé étant les plus touchés. Au deuxième rang vient la pneumonie qui est à l’origine du décès de nombre de pèlerins qui ont dépassé la cinquantaine.
Cependant, l’hyperthermie reste la cause principale des décès chez les pèlerins, 28% des décès, suivie de l’asphyxie, surtout parmi les femmes et les personnes âgées, en raison des bousculades qui se produisent pendant la lapidation.
Les maladies cardiaques chez les pèlerins :
Il va sans dire que nombre de personnes cardiaques accomplissent le Hadj chaque année. Au cours de la saison de l’année 1413 de l’hégire, Dr. Mohammad Yusuf, de l’Hôpital du roi ‘Abdul-‘Azîz à Médine, a effectué des études sur un échantillon de 754 pèlerins atteints de problèmes médicaux internes. Il a découvert que 73% des cas sont atteints de maladies affectant la poitrine et 61% de maladies cardiaques. Le quart de ces derniers souffrent de problèmes dans les artères coronaires, alors qu’un deuxième quart souffre d’hypertension.
D’autre part, 16% des cas consistent en des personnes atteintes d’IDM (infarctus du myocarde). Malheureusement, la majorité des patients ont été atteints de plusieurs maladies à la fois et, au cours de la période de l’étude, 57 pèlerins ont trépassé, la moitié de ce nombre à cause de l’IDM.
En 1995, en faisant la présentation de son étude lors de la réunion de l’Association des Maladies Cardiaques, le chercheur a affirmé que la majorité des patients qui composaient l’échantillon précédent se sont arrêtés de prendre leurs médicaments ; leur situation sanitaire s’est alors détériorée, ce qui a entrainé leur hospitalisation. Parmi les problèmes qu’affrontent les médecins dans le traitement des pèlerins, figure la difficulté de la communication avec eux, vu la barrière de la langue, en plus de l’inexistence de rapports médicaux en possession de ces patients, décrivant leur situation sanitaire avant le Hadj.
L’hyperthermie qui frappe les pèlerins :
L’hyperthermie est un cas médical qui peut être traité par les premiers secours. Il consiste en une hausse de la température du corps parfois au-delà des 40o, accompagnée d’une anhidrose et de troubles nerveux qui varient entre la confusion mentale et le coma. En Arabie saoudite, où la température en été peut atteindre les 48o, les cas d’hyperthermie se produisent très rarement parmi les indigènes qui ont l’habitude de supporter cette chaleur torride, mais augmentent tangiblement pendant la saison du pèlerinage, surtout lorsqu’elle tombe en été, se répandant parmi les pèlerins.
D’habitude, les cas d’hyperthermie se produisent au cours des deux premières semaines de Dhoul Hidjja sur l’itinéraire qui va de la Mecque vers ‘Arafat, puis Mina, puis le chemin de retour vers la Mecque. Ceci est dû entre autres facteurs à la foule et à la chaleur. Le gouvernement saoudien a pris maintes mesures de prévention et de traitement dans des centres spécialisés à la Mecque, à Mina et à ‘Arafat. Ces centres comprennent des dispositifs particuliers pour le refroidissement du corps, appelés Body-Cooling Unit .
En 1986, une revue médicale saoudienne a publié une étude qui compare deux procédés de refroidissement. Le premier consiste en un refroidissement rapide, par le biais de l’unité susmentionnée, et le second consiste en la méthode classique simple, et ceci en recouvrant le corps du patient de morceaux de gaze humidifiée à la température de la chambre, puis à exposer le patient à des courants d’air provenant de ventilateurs électriques fixés partout. Il n’y avait pas de différence notable entre les deux procédés, concernant le temps mis pour refroidir le corps du patient, ni dans les résultats finaux, ce qui laisse entendre que la méthode classique simple reste efficace dans le traitement de ces cas.
Selon les chercheurs, l’apparition de l’hyperthermie chez les pèlerins est due à maints facteurs, parmi lesquels :
1- La hausse de la température et de l’humidité, surtout pendant la nuit, lorsque la saison du pèlerinage a lieu en été.
2- L’entassement des pèlerins et, par conséquent, la réduction de la circulation de l’air.
3- Le fait que certains pèlerins ne soient pas habitués à la chaleur.
4- Le fait que les pèlerins effectuent les rites exténuants du Hadj, dont les longues marches entreprises surtout au milieu de la journée. Par ailleurs, certains pèlerins insistent pour escalader le Mont Ar-Rahmah le jour de ‘Arafat, et à parcourir de longues distances à pied.
5- Le grand nombre de voitures et de bus, dont la majorité n’est pas équipée de systèmes de climatisation.
6- Le fait que certains pèlerins aient été déjà atteints par diverses maladies, telles que le diabète et les maladies cardiaques.
7- L’obésité.
8- La sécheresse.
9- La sénilité.
Les changements cardiaques lors de l’hyperthermie :
En 1994, le Journal of Saudi Heart Association a publié une kyrielle d’études que les chercheurs ont présentées au cours de la conférence sur les maladies cardiaques, organisée à Dammam en janvier de la même année. Parmi ces études, il y en avait une qui avait été élaborée par Dr. Layth Maymach de l’Hôpital spécialisé du roi Faysal à Riyad. En collaboration avec nombre de ses collègues, Dr. Maymach a observé les changements qui surviennent dans le cœur humain, en soumettant à un examen cardiographique 28 patients atteints de coup de chaleur et de 34 autres atteints d’hyperthermie. Il a découvert des anomalies dans les cardiogrammes de 29 patients sur 34.
La tachycardie sinusale a été le symptôme commun chez beaucoup de patients. Par ailleurs, les changements qui sont apparus sur les cardiogrammes ont laissé entendre l’existence d’un manque dans l’irrigation du myocarde.
Pour sa part, Dr. Mohammad Nûh, de l’Hôpital universitaire du roi Khaled à Riyad, a présenté les résultats d’un examen échocardiographique, effectué sur un échantillon de 51 pèlerins atteints d’hyperthermie. Selon ces résultats, 17% de ces pèlerins ont été atteints d’un dérèglement local dans le mouvement du myocarde. Par ailleurs, le quart des pèlerins qui constituaient cet échantillon souffrait d’un épanchement péricardique.
Les maladies parasitaires qui apparaissent pendant la saison du Hadj :
En 1993, le Journal of the Egyptian Society of Parasitology a publié une recherche effectuée par Dr. Sarawat, de l’Hôpital An-Nûr à Médine, sur le taux des maladies parasitaires parmi les pèlerins. Il a découvert que la maladie la plus répandue parmi eux est la diarrhée, issue des giardia, parasites très connus dans les pays en développement. Ces parasites peuvent être détectés à l’aide d’une coproscopie et peuvent être facilement traités par un médicament, appelé Metronidazole (Flagyl). Des cas de malaria et de bilharziose ont été constatés. Les chercheurs ont affirmé que l’uroscopie et la coproscopie restent des dispositifs très efficaces pour diagnostiquer ces maladies.
Par conséquent, on conseille au pèlerin, avant d’entreprendre son Hadj, de consulter son médecin et d’obtenir un rapport sur sa situation sanitaire, ainsi que d’amener avec lui une quantité suffisante de médicaments, pour qu’il ne soit pas obligé d’interrompre son traitement.
Voici quelques conseils généraux aux pèlerins :
1- Veillez à la propreté de la nourriture et des boissons que vous consommez, et tachez de bien laver les légumes et les fruits.
2- Evitez de vous exposer longtemps aux rayons du soleil et, autant que possible, de vous trouver dans les endroits où il y a beaucoup de monde.
3- Reposez-vous et dormez suffisamment.
4- Portez des vêtements en coton, pourvu qu’ils soient également légers, amples et de couleurs claires.
5- Buvez beaucoup lors des jours chauds et surtout le jour de ‘Arafat.
6- Dans les jours de chaleur torride, réduisez les efforts physiques en évitant par exemple les balades dans les marchés.
7- Si vous ressentez un malaise quelconque, consultez immédiatement un médecin.