Ibn `Umar, qu'Allah soit satisfait de lui et de son père, a dit : Eduque ton enfant, car tu seras interrogé à son sujet : comment l’as-tu discipliné ? Que lui as-tu enseigné ? Et il sera interrogé à son tour au sujet de sa piété et son obéissance à ton égard (Ibn Al-Qayyim, Tuhfat Al-Mawdûd).
Le modèle de nos pieux ancêtrespour éduquer leurs enfants consistait à former leur credo, à développer leurs aptitudes et leur potentiel, à les mettre à l’abri des tentations et des choses suspectes, à les préparer à accomplir des œuvres éminentes, à s’acquitter des obligations religieuses et à se doter d'une bonne moralité.
Nombreux sont les textes rapportés qui viennent étayer tout ceci et l’expliquer.
A ce sujet, Rabî'a bint Mu'awwidh, qu'Allah soit satisfaitd'elle, a dit : Le Messager () envoya desmessagers le matin de 'Âchûrâ` aux villages des Ansârs (les auxiliaires) pourleur dire :
‘ Celui qui n'est pas à jeun qu'il jeûnejusqu'à la fin de la journée. Et celui qui est déjà à jeun, qu'il continue sonjeûne’ .
Rabî'a bint Mu'awwidh ajouta : Nous avons donc prisl'habitude de jeûner le jour de 'Âchûrâ` et nous habituions nos enfants à faire de même tout en leur donnant des jouetsencoton pour que celui d'entre euxqui pleurait à cause de la faims'amuse avecjusqu'au moment de la rupturedu jeûne .
Ainsi étaient nos prédécesseurs et ainsi était leur modèle de conduite que nous devons appliquer à nos enfants pendant les meilleurs jours, à savoir les dix jours de Dhoul Hidja, au sujet desquels le Prophète () a dit :
– Nulle œuvre n’est plus méritoire ni mieux récompensée qu’unbienfaitaccompli pendant la décade qui précède le ‘Aïd al-Adha .
– Pasmême la lutte dans le sentier d’Allah ? , lui ont demandé lesCompagnons.
– Pasmême la lutte dans le sentier d’Allah, à moinsqu’elle ne soit menéeparun homme qui y engage sa vie et sa fortune, et ne revient ni avecl’uneni avec l’autre ,a répondu le Prophète((. (Boukhari).
Dans ce même contexte, le Prophète () a dit également :
"Il n'y a pas de jours qui ont plus de valeur auprès d'Allah et où les bonnes actions accomplies lui sont plus chères que ces dix jours ; multipliez-y donc le tahlîl, le takbîr et le tahmîd" (Ahmad).
Selon l'imam Ibn Hadjar, qu'Allah lui fasse miséricorde : Cela signifie que chacun de ces dix jours est préférable à tout autre jour de l’année qu’il s'agisse d'un vendredi ou pas, et le vendredi de cette décade est préférable à tout autre vendredi, car les deux mérites y sont réunis (Fath al-Bârî).
Est-il raisonnable que nous laissions passer des jours aussi bénis sans enraciner cet esprit dans la mémoire de nos enfants, de manière à ce que chacun d’eux grandisse en ayant pris l’habitude d’observer les obligations religieuses et les actes surérogatoires, de glorifier son Seigneur au même titre que nous Le glorifions, de réserver au credo une place sublime dans son âme comme nous le faisons ? Il grandira ainsi en ayant une foi inébranlable, un cœur sain et une parole sincère afin d’être une personne vertueuse et un membre actif au sein de la société.
Afin d’enraciner ces qualités dans l'esprit de nos enfants durant ces jours où les bonnes actions sont les plus méritoires auprès d'Allah, exalté soit-Il, il nous incombe de faire quelques démarches, préalablement étudiées, au sein de la famille. Cela dans le but d’obtenir la miséricorde d’Allah, le Généreux, le Magnanime, de nous rapprocher davantage de nos enfants et de fixer des objectifs sublimes que toute personne cherche à réaliser dans ce bas monde pour préparer sa vie dans l’au-delà et l’enrichir de bienfaits.
Première démarche : attirer l'attention des enfants
Commençons par imprimer en grand format les hadiths rapportés par Boukhari et l’imam Ahmad ainsi que le commentaire de l’imam Ibn Hadjar, qu'Allah leur fasse miséricorde, que nous avons évoqués au début de cet article. Accrochons ensuite l'imprimé dans la salle de séjour ou dans n’importe quel autre endroit visible de la maison afin que tout le monde le lise. Si possible, annoncez que celui qui, parmi les membres de la famille, réussit à apprendre ces hadiths par cœur aura une récompense. Cela sera bien entendu une motivation.
Deuxième démarche : les préparer psychologiquement
Que toute la famille se rassemble autour du père ou de n’importe quel autre membre de la famille afin d'évoquer le caractère éminent de ces dix jours qu’Allah, le Très Haut, évoque dans Son Livre (sens du verset) : Par l’Aube ! Et par les dix nuits ! (Coran 89/1-2). Evoquer aussi les hadiths et les propos de nos pieux ancêtres sur le mérite de cette décade dont les jours sont préférables à tous les autres jours de l'année.
Le Prophète () a préconisé de faire de bonnes œuvres pendant cette décade et nous a ordonné de multiplier le tahlîl et le takbîr. Cette décade comprend le jour de `Arafat et celui d'al-Nahr (l'immolation) durant lesquels se conjuguent les pratiques cultuelles majeures comme le Hadj, l’aumône, le jeûne et la prière (Ach-Chawkânî - Nayl Al-Awtâr). Que tout ceci soit présenté dans un style attrayant adapté à l’âge de l’auditoire et en prenant en considération le niveau de compréhension des enfants.
Troisième démarche : leur parler des œuvres préconisées durant cette décade
Les textes puisés dans le Coran, la Sunna et les ouvrages des oulémas affirment qu’il est préconisé de multiplier les bonnes œuvres pendant ces dix jours en particulier, à savoir par exemple :
1. L’accomplissement des prières prescrites de la manière la plus parfaite :
Il faut les accomplir au moment prescrit, sans retard, parachever les rukû'-s et les sudjûd-set faire preuve de soumission en les accomplissant. A ce sujet, Ibn Mas'ûd, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté :
Je demandai au Prophète (Salla AllahouAlaihi wa Sallam) :
– ‘Quel est l'acte le plus méritoire ?’
– La prière faite à son moment prescrit , répondit-il. (Boukhari et Mouslim).
2. Se rapprocher d’Allah, exalté soit-Il :
En récitant le Coran plus souvent, en donnant plus fréquemment l'aumône, en multipliant les aides aux nécessiteux, en se repentant et en implorant le pardon d’Allah, exalté soit-Il. Mais aussi en accomplissant les prières surérogatoires aussi bien celles qui sont régulières que les irrégulières de même que les prières d’ad-Duha et de Witr et la prière nocturne. A cet égard, Sa`îd ibn Djubayr, qu'Allah soit satisfait de lui, a dit : N’éteignez pas les lanternes pendant cette décade (Adh-Dhahabî - Siyar A`lâm an-Nubalâ`), appelant ainsi à la récitation du Coran et à l'accomplissement des prières nocturnes de manière plus fréquente.
3. Jeûner autant que possible pendant ces dix jours :
Cela fait partie des bonnes œuvres et, bien entendu, il est préconisé de jeûner le jour de `Arafat en particulier, sauf pour les pèlerins, comme que l’a indiqué le Prophète () dans son hadith :
Jecompte sur Allah pour que le jeûne observé le jour de ‘Arafat expie les péchés commis pendant l'année précédente et l'année suivante. .
Multiplier les tahlîl-s, les takbîr-s et les tahmîd-s comme l’a indiqué le Prophète () dans son hadith : (…) multipliez-ydonc le tahlîl, le takbîr et le tahmîd (Ahmad).
Il est recommandé de multiplier les takbîr-s chez soi, au marché et au travail, mais pas dans les lieux où il est détestable, selon les textes religieux, de prononcer le dhikr.
C’est ce qu’indique la Parole d’Allah suivante (sens du verset) : et pour invoquer le nom d’Allah aux jours fixés (Coran 22/28). Ce dhikr est le suivant :
Allahu Akbar, Allahu Akbar, Lâ Ilâha illa Allah, Allahu Akbar, Allahu Akbar wa lillahil hamd .
(Allah est le plus Grand, Allah est le plus Grand, nul n’est digne d’être adoré en dehors d’Allah, Allah est le plus Grand, Allah est le plus Grand, louanges à Allah .
Ibn 'Abbâs, qu'Allah soit satisfait de lui et de son père, explique le verset (sens du verset): Et invoquez Allah pendant un nombre de jours déterminés (Coran 2/203)en disant : Tels sont les dix jours (de Dhoul Hidja) .
Pendant ces dix jours, Ibn `Umar et Abû Hurayra, qu'Allah soit satisfait d’eux, allaient au marché, et, chemin faisant, ils prononçaient le takbîr et les gens le répétaient après eux (Boukhari).
4. Parmi les œuvres les plus éminentes pendant ces dix jours figure le Hadj et l’accomplissement de ses rites par celui qui en possède les moyens. A ce sujet, le Prophète () a dit :
· LeHadj accompli correctement et avec piété n'aura d'autre récompenseque le Paradis (Boukhari et Mouslim).
· Celui qui aura fait le pèlerinage sans commettre d'actes impudiques, ni dedésobéissances, sera absous de ses péchés et redeviendra tel qu'il était le jour où sa mère l'a enfanté (Boukhari et Mouslim).
5. Une des œuvres les plus méritoires pendant les dix jours bénis de Dhoul Hidjah c’est de se rapprocher d’Allah, exalté soit-Il, en immolant des bêtes, suivant ainsi le modèle du Prophète () tel qu'il est indiqué dans le hadith suivant :
Le Prophète () immola de ses mains deux béliersdont la couleur tiraitsurle blanc. Il commença par prononcer la basmala (fait de dire : Au nom d'Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux), puis letakbîr (fait de dire : Allah est plus Grand) et finit parposerle pied sur le cou dechaque bête (Boukhari et Mouslim).
Quatrième démarche (le côté pratique et éducatif)
1. Encourager les enfants à apprendre par cœur le dhikr relatif aux dix jours de Dhoul Hidjah ainsi que les textes religieux indiquant les mérites des bonnes œuvres accomplies au cours de cette décade. Ceci peut être fait en organisant un concours avec des récompenses matérielles et morales. Ceci aura assurément un effet sur la formation du raisonnement de l’enfant ainsi que sur ses centres d'intérêts à venir.
A cet égard, Ibrâhîm ibn Adham, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : Mon père m’a dit : ‘Ô, mon fils ! Tâche d’apprendre les hadiths, car à chaque fois que tu en entendras un et que tu l’apprendras, tu auras un dirham’. C’est ainsi que j’ai commencé à étudier les hadiths . (Charaf ashâb al-Hadith).
2. Lorsque l’enfant prend l’habitude d’observer les pratiques cultuelles, il commence à les aimer et à s’y familiariser et, une fois devenu adulte, il les trouvera faciles à accomplir. Comment ne peut-il pas être ainsi alors qu’il voit ses parents faire de ces dix jours, remplis de bonnes actions, des programmes pratiques qu’ils appliquent à leur vie : ils lui rappellent l'importance d’accomplir la prière au temps prescrit ; répètent les paroles de l’adhân ; embaument l’air qui l’entoure par le takbîr ; l’accompagnent pour distribuer les aumônes et les aides aux nécessiteux ; lui apprennent les prières surérogatoires et les rétributions qui leur sont réservées et l’habituent à jeûner fût-ce une toute petite partie de la journée.
3. Les réunions familiales faites dans le calme ont un grand effet sur la vie de l’enfant. Faisons en sorte que l'un de ces entretiens porte sur l'explication des mots du tahlîl, du tahmîd et du takbîr, sur la signification des noms et des attributs d’Allah, exalté soit-Il, sur le mérite de la prière, du jeûne, de l’aide aux nécessiteux, de l’effet de ces dix jours, notamment le jour de `Arafat, sur les serviteurs d’Allah, exalté soit-Il. Tout ceci enracinera dans l’âme de l’enfant l’amour d’Allah, exalté soit-Il, et habituera l'enfant à glorifier son Seigneur, à reconnaître Sa dignité et à L’estimer comme il se doit. Tout ceci enracinera aussi dans le for intérieur de l’enfant l’amour du Messager d’Allah () et l’attachement à Son Seigneur. L'enfant se développera en gardant une fitra (nature originelle) saine et sauve, laquelle demeurera son aile protectrice tout au long de la vie. Il savourera peu à peu et au fur et à mesure qu'il grandira la douceur de cette relation.
4. Expliquer aux enfants qu'Allah, exalté soit-Il, a attribué un immense mérite aux bonnes œuvres durant cette décade -mérite indiqué par le Prophète () - pour donner à Ses serviteurs l'occasion de se rapprocher de Lui. C’est ainsi qu’ils verront leurs bienfaits se multiplier et leurs péchés s’effacer et qu’ils mériteront en guise de récompense un Paradis aussi large que les cieux et la terre. Tout ceci prouve qu’Allah, exalté soit-Il, aime Ses serviteurs croyants, que celui qui atteste de l’unicité d’Allah, exalté soit-Il, a un statut éminent, il n'est pas permis de l’intimider, de diriger une arme contre lui ou de lui donner des sobriquets injurieux. Ibn `Umar, qu'Allah soit satisfait de lui et de son père, regarda un jour la Ka`ba et dit : Comme tu es grande et sacrée, et grand est ton honneur. Par Celui Qui détient mon âme entre Ses mains, le croyant est plus sacré pour Allah que toi (At-Tirmidhî).
5. En faisant le sacrifice rituel, on ressuscite la Sunna de notre père Ibrâhîm (Alaihi As-Salaam), on rappelle l’histoire de la rançon[1], du sacrifice et du rapprochement d’Allah, exalté soit-Il, et on applique la Sunna de notre Prophète () le jour du 'Aid.
Que les parents racontent aux enfants l’histoire du Prophète d’Allah Ibrâhîm (Alaihi As-Salaam) avec son fils Ismâ'îl et comment le jour où celui-ci fut rançonné et sauvé de l’immolation est devenu une fête pour les musulmans que l’on appelle 'Aid al-Adha, pendant laquelle les musulmans font des sacrifices pour se rapprocher d’Allah, exalté soit-Il, et commémorer cet événement. Ainsi, cette histoire demeurera ancrée dans l'esprit des enfants et leur âme ; grâce à leur imagination, ils revivront l’expérience de ses protagonistes, écouteront leur histoire avec intérêt, assimileront pleinement la morale et les enseignements de cette histoire et tisseront les fils d’autres histoires qui seront nourries par leur vaste imagination. Ils croiront à la portée de cette histoire et verront les horizons de la pensée s’ouvrir devant eux pour donner lieu à une expression fructueuse et une créativité féconde.
Nos enfants, que nous voyons marcher sur terre, sont les prunelles de nos yeux. Ils sont une responsabilité qui nous est confiée. Au cours des années qu’ils passent avec nous, ils apprennent de nous des choses qui les aideront à remplir le rôle qui leur incombera à l’avenir. Ils apprennent tantôt en nous imitant, tantôt en vivant des expériences et en commettant des erreurs, et tantôt par l’habitude. Il est bien connu que l’enfant subit l'influence de ses parents, que cette influence peut durer longtemps, peut être tout au long de sa vie, que les valeurs des parents et des frères sont transmises directement à l’enfant à travers les situations de la vie quotidienne. C’est pourquoi il incombe aux parents d’initier leurs enfants à un système de valeurs, de connaissances, de pratiques spirituelles et de compétences, un système qui soit capable de faire d’eux des croyants vertueux sur le plan individuel et productifs au niveau de la société.