Souvent le choix du juste milieu constitue une forme d’illusion. Ainsi, par exemple, on ne peut se tenir à équidistance de la foi et de l'athéisme, car on ne peut être en même temps croyant et athée, ni être à la fois honnête et menteur ou pieux et impie. Ce sont là des situations contradictoires et aussi incompatibles que la vie et la mort. Dans de tels cas, la couleur grise disparaît devant l’individu, lequel est face à un choix difficile : s’il opte pour le blanc, on dira de lui qu’il est hostile au noir et inversement s’il choisit l’autre couleur.
Essayer de combiner les deux est donc aussi absurde que l’utilisation de la division pour obtenir le résultat d’une multiplication ou agir et se comporter conformément aux méthodes des peuples voués à l'Enfer alors que l’on cherche à aller au Paradis.
Il est impossible d’adopter de manière prolongée deux principes diamétralement opposés, mais si cela vous arrive, sachez alors que vous vous fourvoyez et que certainement il y a une tromperie quelque part dans l’un d’eux, parce que tout simplement ils ne vont pas ensemble. Mais le pire est de tricher dans les deux.
Aussi, le choix d’une voie du milieu en de telles situations n’est pas moins mauvais que la sélection d’une mauvaise piste, mais peut être pire. Ainsi, par exemple, ce n’est pas un hasard si les hypocrites seront logés au degré le plus bas de l’Enfer. Allah, exalté soit-Il, dit à leur propos : Les hypocrites seront, certes, au plus bas fond du Feu, et tu ne leur trouveras jamais de secoureur (Coran : 4/145).
Parfois, l’individu ne sent pas de contradictions ou d’oppositions fondamentales, mais plutôt une confusion dans l'ordre de ses principes ; de sorte que quand un défaut survient au moment du passage de la théorie à la pratique, il se trouve face à plusieurs choix tout aussi urgents les uns que les autres : sa religion, son pays, sa tribu, sa famille, ses préoccupations personnelles, etc.
Or, si on ne classe pas ces choix par ordre, on risque de prendre de mauvaises décisions, alors que si ceux-ci avaient été organisés on n’aurait pas rencontré de problèmes dans le domaine de la pratique. Ainsi par exemple la fidélité à la religion doit être prioritaire et prévaloir sur toute autre chose.
Si l’on réussit à mettre de l’ordre dans nos principes et à éliminer toute duplicité entre eux, on aura alors franchi une étape importante sur la voie de notre sérénité intellectuelle et psychologique. Grande est la différence qu’il y a entre une construction intellectuelle harmonieuse et une autre qui est juste un tas de principes et de politiques contradictoires : la première est si forte que l’on peut s'y fier, alors que la seconde est si précaire qu’il est risqué pour toute entreprise de la prendre pour base, car elle se réduira, en fin de compte, à des gravats plus dispersés les uns que les autres.
Plus on est en harmonie avec ses principes, plus on est psychologiquement reposé et mieux outillé pour les défendre. A contrario, plus on accepte les contradictions, plus on est obligé de rester à la surface et de se contenter d’actes qui ne reflètent ni ce que nous sommes en réalité ni les valeurs que nous voulons porter.
Pour cela, il vous importe d’arranger vos principes pour se débarrasser de toute duplicité sans toutefois perdre de vue que toute duplicité dans le sens de la vision se traduit inévitablement par une myopie dans le regard, de même que toute duplicité dans les principes se transforme en une myopie intellectuelle, laquelle aboutira inéluctablement à une déviation de la pensée.