Ces dernières années les sociétés musulmanes ont connu un développement de l’exaspération, de la souffrance morale ou de la dépression, lesquels sentiments ont parfois pour issue fatale le suicide. La raison d'un tel désarroi est la pauvreté extrême, l'injustice sociale, l'absence de toute perspective, l'insatisfaction du présent, le manque de patience ou, tout simplement, l'incapacité à accepter la défaite dans un match de football par exemple.
Le phénomène du suicide s'impose désormais à la société, toutes classes sociales confondues, suite à la déficience voire à l'absence de la foi religieuse au point d’arriver à oublier le caractère sacré de la vie humaine. Allah dit : Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous. Et quiconque commet cela, par excès et par iniquité, Nous le jetterons au Feu, voilà qui est facile pour Allah. (Coran 4/29 et 30).
L'exaspération que l'homme ressent quand il voit sa situation sociale se détériorer tout comme son mécontentement vis-à-vis des conditions face auxquelles il perd toute patience sont autant de facteurs qui ne font qu'aggraver sa misère et empirer sa situation. Ainsi, le Messager d'Allah () a dit : La grandeur de la récompense va de pair avec la grandeur de l’épreuve. Allah le Très Haut, quand Il aime les gens, les éprouve. Celui qui accepte l’épreuve avec abnégation aura la satisfaction d'Allah ; et celui qui lui oppose son mécontentement, Allah sera mécontent de lui. (Rapporté par Tirmidhî qui le qualifie de hasan).
La loi islamique n'est pas contre la protestation ou les manifestations qui ne portent pas atteinte à la vie des musulmans, à leurs biens ou à leur honneur. En effet, les biens et la vie se valent. D'ailleurs, la vie qu'Allah a interdit de prendre, sauf d'une façon légitime, fait partie des cinq éléments essentiels garantis par l'Islam à tous les musulmans, les quatre autres étant les biens, l'honneur, la religion et la raison.
Il est de notoriété publique que, en matière de religion, le sang du musulman est sacré comme cela a été à maintes reprises souligné par le Coran et la Sunna. C'est dire combien le sang et les biens du musulman doivent être préservés, d'autant plus que la vie de celui-ci est, pour Allah, plus précieuse à sauvegarder que la Ka'ba et même le monde entier.
C'est dans ce sens que le Messager d'Allah () a dit : je jure par celui qui a entière autorité sur moi que l'assassinat d'un croyant est, pour Allah, plus grave que l'anéantissement du monde .
La première chose qui, le Jour de la Résurrection, fera l'objet de jugement est la question qui se rapporte avec l’effusion du sang. Le Prophète () a dit dans ce sens : La première chose de laquelle le fidèle devra répondre est la prière alors que le jugement entre les gens sera inauguré par les questions se rapportant à l’effusion de sang en raison de sa grande importance le Jour de la Résurrection.
Lorsque le désespoir pousse le fidèle à se suicider ou à faire du mal aux autres, il tombe sous le coup d'une menace sévère conformément aux termes des versets précédents que les exégètes ont interprétés comme suit : Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous veut dire que quel que soit la gravité de la situation, il y aura toujours, grâce à la miséricorde d'Allah, une porte de sortie que vous devez assidûment chercher pour y arriver par le chemin le plus approprié. Et quiconque commet cela, par excès et par iniquité, Nous le jetterons au Feu, voilà qui est facile pour Allah veut dire que quiconque, au lieu de prendre la peine de chercher ce chemin, se donne la mort ou la donne à autrui, goûtera, une fois mort, à des tourments beaucoup plus douloureux que ceux auxquels il a, à tout prix, essayé d'échapper.
Abû Hurayra a rapporté que le Messager d'Allah () a dit : Quiconque se précipite du haut d’une montagne et se tue sera jeté dans la Géhenne où il ne cessera de dégringoler éternellement. Quiconque se tue à l’aide d’un poison gardera ce poison éternellement en enfer. Quiconque se tue à l’aide d’une lame, celle-ci restera dans sa main et plongée dans son ventre en enfer où il restera éternellement. (Boukhari).
De là on se rend compte que, loin de négliger ce phénomène, le Saint Coran lui a plutôt consacré un traitement optimal. D'ailleurs, Allah, exalté soit-Il, dans Son Livre Saint, a interdit de tuer quiconque sans droit légitime, interdiction qu'Il a, gloire à Lui, assortie d'une menace sévère d'exposer quiconque s'y essaye à la malédiction, à la colère divine, à une grande souffrance et à l'éternité en Enfer : Quiconque tue intentionnellement un croyant, sa rétribution alors sera l'Enfer pour y demeurer éternellement. Allah l'a frappé de Sa colère, l'a maudit et lui a préparé un énorme châtiment. (Coran 4/93). Un autre verset est venu pour nous expliquer que la vie, toute la vie, est sacrée, qu'il s'agisse de celle d'un musulman ou d'un non-musulman. En effet, le Tout-Puissant dit : Quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. (Coran 5/32).
Allah, exalté soit-Il, a par ailleurs fait l'éloge de ceux qui évitent de s'impliquer dans ce genre de péchés impardonnables : […] et ne tuent pas la vie qu’Allah a rendue sacrée, sauf à bon droit […] (Coran 25/68).
Quelle autre menace et surtout quel autre avertissement peuvent être plus horribles. Gare à ceux qui perdent de vue une mise en garde aussi sévère, car, chez Allah, le musulman occupe une position honorable et élevée et son sang est le plus précieux. Il y a donc lieu de le préserver et de protester vigoureusement contre ceux qui le font couler.