L’Imam al-Châfi'î (qu’Allah lui fasse miséricorde) est né en l’an 150 de l’Hégire et mort après la prière du Maghreb, la nuit du dernier vendredi du mois de Rajab en l'an 204 à l'âge de 54 ans. Il est le fondateur de l’école chaféite et l'un des célèbres savants parmi les anciens (Salaf). Son école a engendré les plus prestigieux imams musulmans comme l’Imam al-Nawawî, Ibn Hadjar al-'Asqalânî, l'Imam Abû Hâmid al-Ghazâlî, etc.
Son livre Al-risâla fî usûl al-fiqh, qui est un résumé portant sur les fondements de la jurisprudence islamique, est le premier traité écrit relatif à cette branche du savoir (Usûl al-fiqh) et compte parmi ses ouvrages les plus prestigieux.
L’Imam al-Châfi`î traite de divers sujet dans ce livre ; il y développe les règles et les méthodes de déduction et d’interprétation ; il y explicite les preuves de ses avis juridiques et la méthodologie qu’il a appliquée pour tirer les jugements du Coran et de la Sunna ; il y fournit des explications relatives aux recherches qu’il a menées sur les hadiths et les athâr (traditions des Compagnons) ainsi que la méthode qui lui permettait de s’assurer de leur authenticité.
Al-Risâla fut collectée par Rabî' ibn Sulaymân, éminent élève de l'Imam al-Châfi'î, qui y recueillit ce qui ne rentrait pas dans le célèbre livre intitulé Al-umm.
Les fondements de l'Imam al-Châfi`î
L’Imam al-Châfi`î a résumé les fondements sur lesquels il s’est basé dans sa jurisprudence et les règles qu’il a respectées dans son idjtihâd, effort d’interprétation et de déduction des lois juridiques. Ces fondements qu’il a clairement expliqués dans son livre Al-umm sont devenus plus tard les piliers de son école juridique. En effet, dans ce livre il s’est évertué à donner le jugement légal accompagné de sa preuve tirée du Coran ou de la Sunna tout en expliquant le mécanisme liant le jugement obtenu et l’argument proposé, les règles de l’idjtihâd et les fondements de la déduction qu’il a employés.
La méthodologie de l’Imam al-Châfi`î consistait globalement à puiser les preuves dans le Noble Coran et la Sunna purifiée et à suivre le sens apparent de ces dernières à moins qu’un argument indépendant montre que le sens réel est différent du sens apparent. L’Imam al-Châfi`î acceptait la tradition rapportée par un seul narrateur (hadith al-ahâd), tant que le narrateur en question est un homme de confiance, connu pour sa rectitude, sa véracité, sa précision et sa bonne mémoire.
L’Imâm al-Châfi`î (qu’Allah lui fasse miséricorde) insista beaucoup sur le fait qu’il est inconcevable de ne pas se servir de la Sunna authentique comme preuve au même titre que le Coran et montra clairement que Coran et la Sunna vont de pair et ne peuvent être séparés. Pour lui, le Coran présente souvent des jugements généraux et des règles globales ; la Sunna a pour rôle de détailler et d’expliciter ces mêmes règles. Elle peut même spécifier celles parmi elles qui ont une portée générale et restreindre celles qui ont une portée globale.
L’Imam al-Châfi`î a exigé pour accepter le hadith que sa chaîne soit authentique et que son contenu ne comportent aucune lacune (nakara). Si cette condition est vérifiée, il prend en considération le hadith, même si ce dernier n’est pas conforme aux us des habitants de Médine – chose que l’Imam Mâlik (qu’Allah lui fasse miséricorde) a exigée. Le fait que l’Imam al-Châfi`î accepte les hadiths dit ahâd, expliquerait peut-être le fait que l’usage du hadith soit plus élargi dans l’école chaféite que dans les deux écoles malikite et hanafite. Les critères d’acceptation des hadiths chez l’Imam Abû Hanîfa (qu’Allah lui fasse miséricorde) sont différents de ceux qu’appliquait l’Imam al-Châfi`î.
Après le recours au Coran et la Sunna, l’Imam al-Châfi`î prend en considération le consensus (al-idjmâ'), puis l’analogie (qiyâs) à condition que celle-ci ait un fondement tiré du Coran et de la Sunna.
L’Imam al-Châfi`î a consacré sa vie dans la défense de la Sunna si bien que les savants du hadith l’ont appelé Nâsir al-Sunna (celui qui a donné la victoire à la Sunna).