Abû Hurayra (Radiya Allahou `anhou) rapporte avoir entendu le Messager d'Allah () dire :
Les premiers hommes qui servent de combustible à la Géhenne au Jour de la Résurrection sont trois :
Le premier est un martyr. Allah le fait venir et lui fait connaître Ses faveurs (qu'Il lui avait accordées dans le bas monde) ; l'homme les reconnaît, et Allah dit : - "Qu'est-ce que tu en as fait ?". L'homme dit : "J'ai combattu pour Toi jusqu'à la mort". - "Tu mens, dit le Seigneur, tu as plutôt combattu pour qu'on dise : "Il est audacieux !" Et il a été ainsi". Puis, l'on ordonne qu'on le traîne sur le visage, jusqu'à ce qu'il soit jeté au Feu.
Le deuxième est un homme qui avait appris la science, l'avait enseignée et qui avait appris le Coran. Il est à son tour ramené. Les faveurs dont Allah l'avait comblé lui sont présentées, il les reconnaît, et Allah lui dit : - "Et qu'est-ce que tu en as fait ?" - "J'ai appris (la science), je l'ai enseignée et j'ai récité le Coran pour Toi." Il lui dit : "Tu mens ! Tu as plutôt étudié pour qu'on dise : "C'est un savant" et tu as récité le Coran pour qu'on dise : "C'est un récitateur" ; Et il en a été ainsi." Ensuite, l'on ordonne de le traîner sur son visage jusqu'en Enfer pour y être précipité.
Le troisième est un autre homme, qu'Allah avait comblé de Ses largesses et lui avait accordé toutes sortes de richesses, est alors ramené (devant Allah). Les faveurs (d'Allah) lui sont présentées, il les reconnaît ; et Allah lui dit : - "Qu'est-ce que tu as fait de ces faveurs ?" - Il dit : "Je n'ai laissé aucun sentier où Tu aimes qu'on dépense, sans y dépenser." - Allah lui dit : "Tu mens. Tu l'as plutôt fait pour qu'il soit dit : "Il est très généreux", et c'est ainsi qu'il a été dit." Et l'on ordonne alors qu'il soit traîné sur le visage jusqu'à le jeter en Enfer. (Rapporté par Mouslim, Nasâ`î et Tirmidhî).
L’œuvre humaine possède deux volets : une intention qui la motive et une manière pour l’accomplir. Pour qu’une œuvre soit profitable le Jour de la Résurrection à son auteur, il faut que ses deux volets soient bons.
Le Jour de la Résurrection, ce sont les œuvres pieuses qui seront exigées, mais elles ne suffisent pas à elles seules, elles doivent être accompagnées d’une autre dimension qui est la bonne intention de l’acteur.
De là, on pourrait diviser les actions de l’homme en quatre parties dont une seulement jouit de l’agrément divin. Il s’agit en fait de l’action qui est en parfaite conformité avec les enseignements du Prophète () et qui est motivée par une bonne intention.
Ainsi, la construction d’une mosquée est une œuvre pie, mais il est primordial que son bâtisseur la construise avec une bonne intention pour qu’Allah, exalté soit-il, soit satisfait de lui. La fausse piété transgresse une condition essentielle parmi les conditions nécessaires à l’agrément de l’action le Jour de la Résurrection.
Nombreux sont ceux qui pensent que la valeur de l’action est liée à la quantité des bienfaits qui en découlent. Ainsi, pour eux plus l’action procure de bienfaits, plus sa valeur augmente.
Dans l’ordre social, la notion d’œuvre pie n’est souvent considérée en tant que telle que par rapport à la quantité des bienfaits qu’elle procure de façon générale. Toutefois, le but de l’acteur et ses intentions ne sont jamais pris en considération.
Cependant, envisagée sous un rapport divin, l’œuvre pie, si elle apporte à son auteur un bienfait moral dans le processus de sa réalisation spirituelle, elle ne peut toutefois revêtir qu’une forme angélique et n’est complète que si elle est sincère.
Ainsi, l’homme, en accomplissant de bonnes œuvres, ne fait que se conformer sans condition aux injonctions d’Allah, et ses actions ne sont accomplies que pour Allah.
En effet, c’est en vertu de l’intention visant à gagner la satisfaction d’Allah, exalté soit-il, que l’action est agréée et que l’homme s’élève spirituellement et se rapproche d’Allah. Il en résulte que ce n’est pas par rapport à la quantité que l’on évalue les actions, mais plutôt en fonction de la sincérité de l’intention. Le Prophète () a dit dans un hadith rapporté par Mouslim : Certes, Allah ne regarde ni vos apparences ni vos biens, mais Il regarde vos cœurs et vos actes .
Avant la conquête de Tabouk, alors que les musulmans se préparaient à faire face à l’ennemi, le besoin de renforcer l’action se fit sentir. Le Prophète () demanda alors à ceux qui le pouvaient, de faire don de biens, chacun selon ses moyens, et c’est ainsi que Abû ‘Uqayl al-Ansârî offrit, en signe d’aide, une petite quantité de dattes, qu’il a pu s’assurer au prix d’un dur labeur. les hypocrites firent de cette modeste contribution un sujet de plaisanterie, mais l’événement ne tarda pas à connaître une heureuse issue, alors que le verset suivant qui faisait allusion à cette réaction fut révélé : Ceux-là qui dirigent leurs calomnies contre les croyants qui font des aumônes volontaires et contre ceux qui ne trouvent que leurs faibles moyens (à offrir), et ils se moquent alors d'eux. Qu'Allah les raille. Et ils auront un châtiment douloureux. (Coran 9/79).
Le Coran compare le travail dépourvu de foi et de bonne intention au mirage que l’assoiffé prend pour de l’eau : Quant à ceux qui ont mécru, leurs actions sont comme un mirage dans une plaine désertique que l'assoiffé prend pour de l'eau. Puis quand il y arrive, il s'aperçoit que ce n'était rien; mais y trouve Allah qui lui règle son compte en entier, car Allah est prompt à compter. (Coran 24/39).
Il compare également le travail des incrédules à de la cendre sur laquelle souffle un vent violent par un jour de tempête : Les œuvres de ceux qui ont mécru en leur Seigneur sont comparables à de la cendre violemment frappée par le vent, dans un jour de tempête. Ils ne tireront aucun profit de ce qu'ils ont acquis. C'est cela l'égarement profond. (Coran 14/18).
Notre Prophète Muhammad () a dit en soulignant l’importance de la sincérité dans l’action : Les œuvres ne valent que selon leurs fins . Il a également dit Certes, les actions ne sont récompensées que selon les intentions qui les motivent, et chacun sera récompensé conformément à ses intentions .
À travers cet ensemble de versets coraniques et de hadiths prophétiques, on comprend que l’agrément d’une œuvre pie est lié à la bonne intention et à la sincérité de son auteur.
Ainsi, une action n’à point de valeur quelque soit sa grandeur, si elle est accomplie avec ostentation ou si son auteur est incrédule. Par contre, une œuvre, si infime soit elle, conservera toute sa valeur si son auteur est sincère et bien intentionné. Allah transcendant soit-il a dit à cet égard : Et ceux qui dépensent leurs biens cherchant l'agrément d'Allah, et bien rassurés (de Sa récompense), ils ressemblent à un jardin sur une colline. Qu'une averse l'atteigne, il double ses fruits ; à défaut d'une averse qui l'atteint, c'est la rosée. Et Allah voit parfaitement ce que vous faites. (Coran 2/265).
La persévérance dans la sincérité est plus difficile que l’action elle-même, tout comme la sincérité est une condition nécessaire pour que soit agréée l’action. Car l’œuvre pie peut être menacée du danger d’effacement, d’où la disparition de ses bienfaits et par conséquent la privation de son auteur de la récompense divine.
Ainsi, l’œuvre pie peut être menacée par la fausse piété. Toutefois, si cette œuvre est rendue publique dans le but d’encourager les gens, elle ne s’inscrit plus dans le cadre de l’hypocrisie.