Une province allemande invite les musulmans à participer à ses médias

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Une organisation islamique spécialisée dans les médias très connue en Allemagne a bien accueilli la décision de la province côtière de Brême, et ce, pour la première fois dans l’histoire du pays, d’intégrer des représentants de la communauté musulmane au sein du conseil administratif qui gère les médias et dont le rôle principal est notamment de surveiller la télévision et la radio locales. Le parlement de la province de Brême, avec une majorité de députés des parti démocrate-chrétien et de l’opposition de gauche, a promulgué une loi préparée par le gouvernement social-démocrate et vert de la province dont le but est de modifier les règles qui concernent le comité administratif en charge des médias, augmenter le nombre des membres de ce comité en le faisant passer de 26 à 30 et y faire siéger des représentants de la communauté musulmane de Brême. En effet, cette dernière est considérée comme étant une catégorie sociale importante qui doit être traitée de la même manière que les autres communautés religieuses qui siègent déjà au conseil à l’instar des juifs et des chrétiens.
Les comités en charge des médias ont été fondés en Allemagne dans les années 1980. Chacune des quatorze provinces allemandes possède son propre comité. Il est à noter que le parlement de chaque province délimite les règles organisationnelles qui encadrent le travail de ces comités et de ses instances dirigeantes. En outre, le parlement octroie des autorisations de création de nouvelles chaînes de télévision et radios privées. La mission principale de ces comités provinciaux est de surveiller la teneur des programmes diffusés et d’enquêter sur les plaintes dont ils pourraient éventuellement faire l’objet.
Un vieux projet :
Le président du haut comité des musulmans allemands, Ayman Mazâyak, a estimé que la décision prise par la province de Brême concernant la présence de représentants musulmans au sein de son comité en charge de médias est un vieux projet qui voit enfin le jour, car en effet la minorité musulmane allemande se bat depuis longtemps pour pouvoir obtenir ce droit.
Dans une déclaration à Aljazeera.net, Mazâyak a affirmé que cette nouvelle loi sur les comités en charge des médias est un pas important et décisif accompli sur le chemin de l’intégration des musulmans dans la société allemande et de l’obtention des mêmes droits que les autres minorités religieuses reconnues officiellement par la loi. Mazâyak a indiqué que le haut comité des musulmans allemands va faire tout ce qui est en son pouvoir pour pousser les autres provinces à intégrer des représentants musulmans dans leur comité en charge des médias respectif.
Il est remarquable que l’annonce de l’intégration de représentants musulmans dans le comité en charge des médias de Brême a été favorablement accueillie par le président du comité en charge des médias des provinces de Berlin et de Brandebourg Hans Helmut Brensler. Celui-ci a affirmé que son comité souhaite mettre en place une procédure similaire dans le cadre de son renouvellement de mandat à la tête du comité qui doit avoir lieu lors de la session parlementaire qui se tiendra dans les deux provinces.
Dans une déclaration à la presse, Brensler a confirmé qu’il existait bien une volonté politique visant à intégrer des représentants de groupes sociaux importants comme les musulmans, les nécessiteux ou encore les personnes âgées au sein du comité en charge des médias des provinces de Berlin et de Brandebourg.
De son côté, la directrice de l’Institut de la responsabilité médiatique, Zabina Scheiffer, a également accueilli favorablement la nouvelle disposition prise par la province de Brême, elle l’a décrite comme étant une avancée importante dans la reconnaissance de la présence de la communauté musulmane dans la société allemande et notamment dans le domaine des médias.
Dans l’entretien qu’elle a donné à Aljazeera.net, Zabina Scheiffer a dit également que la représentation des musulmans dans le comité en charge des médias de Brême ne fait qu’imiter, avec du retard, ce que font les institutions des médias privés depuis longtemps. Ainsi, ces derniers ont très tôt pris conscience du multiculturalisme de la société allemande, alors qu’à l’inverse les institutions publiques et officielles ont toujours eu du mal avec cette réalité .
La spécialiste des médias a dit aussi que les chaînes de télévision privées font présenter leurs programmes les plus importants par des présentateurs d’origine étrangère, à l’exemple du programme à forte audience Jalilo qui est présenté par un Allemand d’origine égyptienne (Ayman Abdallah). Scheiffer a rappelé que les chaînes publiques s’ouvrent peu à peu, ainsi elles commencent à confier la présentation de ses programmes ou des infos à des personnes d’origine étrangère ou immigrée.
La baisse du niveau de qualité :
La directrice de l’Institut de la responsabilité médiatique a déploré par ailleurs le fait que cette intégration des musulmans dans les comités en charge des médias, qui est une manifestation concrète de l’égalité juridique octroyée aux minorités, n’a hélas pas freiné la baisse continue du niveau de qualité des programmes des radios et des chaînes de télévisions privées. Selon elle, les contenus de qualité et utiles proposés par ces programmes ne cessent de diminuer pour laisser de plus en plus la place à des contenus violents ou mettant en scène des affaires privées, ce qui a pour but de satisfaire un public de plus en plus voyeur. Cela pose indubitablement problème dans une société dite démocratique.
 

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