Le Hadj : le moyen d’information islamique par excellence

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En abordant ici le Hadj, nous ne le ferons pas de par sa qualité de pilier de l’Islam, d’émigration vers Allah, exalté soit-Il, ou de sa profonde sagesse consistant à unir les musulmans des quatre coins du monde, ni sous l’angle de l’objectif pour lequel il a été prescrit, dans le cadre de la soumission à la religion droite ; mais, nous l’aborderons en tant que l’un des moyens considérables de da’wa et de prédication étant associé à moult manifestations médiatiques.

En fait, le Hadj constitue l’un des moyens d’information islamiques, car il est le plus grand congrès mondial et le rassemblement suprême, vers lequel les musulmans affluent de partout. Allah, exalté soit-Il, ne dit-Il pas (sens du verset) : Et fais aux gens une annonce pour le Hadj. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné (Coran 22/27).

Ce verset montre qu’Allah, exalté soit-Il, incite et appelle à ce rassemblement mondial et ce sublime congrès qu’est le grand pèlerinage, au cours duquel les musulmans se réunissent pour obéir à l’appel de leur Seigneur, exalté soit-Il, émigrant avec leur cœur vers Lui, quittant leurs familles, rien que pour adorer Allah, exalté soit-Il, sans dévier de la manière qu’Il leur a indiquée.

Par ailleurs, le Hadj exerce une grande influence sur les musulmans, car il affermit leur credo et ancre la foi et la sérénité dans leurs âmes. Lorsque le Prophète a décidé d’accomplir le Hadj, c’était pour expliquer pratiquement aux musulmans les rites du Hadj et de la 'Umra, dans un esprit de prédication qui vise à appeler à l’Islam, en commençant par cet hymne que les musulmans répètent en s’adressant à Allah, exalté soit-Il, et en le suppliant : (Labbayka Allahomma Labayk : Je suis là mon Seigneur, je suis présent.)

Parmi les aspects de la da’wa, liés au Hadj, figure ce qui suit :
1- Le Tawâf, ou les sept tours rituels autour de la Ka’ba.

2- Le stationnement à ‘Arafat, qui est un congrès important, à l’occasion duquel les musulmans venant de toute la terre se réunissent.

3- La Talbiyya et le Takbîr sont des proclamations solennelles qui enthousiasment les musulmans, et dont la répétition constitue un procédé informatif susceptible d’affermir les sens de l’unicité d’Allah et de l’obéissance à Son égard.

4- La Lapidation constitue également un procédé informatif, susceptible d’affermir les sens de la lutte contre le Diable.

5- Le Sa’î, ou les trajets rituels entre les deux monts Safâ et Marwa, constitue un magnifique acte informatif, susceptible de réaliser un objectif suprême et de rendre les musulmans plus attachés à leur religion.

Par ailleurs, le Hadj mène les musulmans à s’attacher à leur Prophète () et à se conformer à sa Sunna. En plus de sa qualité de pilier de l’Islam, le Hadj est donc l’un des moyens informatifs islamiques, dont les musulmans peuvent se servir en tant que congrès islamique, au cours duquel ils exposent leurs idées et leurs causes. Le Hadj a-t-il d’autres profits, outre l’adoration d’Allah, exalté soit-Il ?

Certes, les rassemblements pacifiques, organisés partout et en tout temps, comportent des bénéfices pour l’homme, dont les négoces, l’échange de marchandises, en plus de l’information, de la diffusion des nouvelles et des savoirs spirituels. A ce titre, le Hadj constitue une grande foire, semblable à celles qui étaient connues aux époques anciennes et modernes, et qui exposent à la fois des articles commerciaux et spirituels.

Les musulmans sont sommés de saisir l’occasion du Hadj pour en tirer adéquatement profit et pour s’en servir en tant que moyen d’information puissant. C’est peut-être le sens du verset, dans lequel Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : …pour participer aux avantages qui leur ont été accordés (Coran 22/28).

Le marché de ‘Ukâdh :
Pour les Arabes, les marchés étaient non seulement des centres d’échanges commerciaux, mais aussi des foires littéraires. C’est dans ces marchés que les gens faisaient connaissance et que les poètes, chacun choisi par sa tribu, récitaient leurs poèmes et les exposaient aux critiques, comme c’était le cas d’al-Nâbigha entre autres.

Parmi ces marchés, figurait celui de 'Ukâdh, historiquement le plus important pendant la période préislamique. En fait, 'Ukâdh était la foire publique arabe de l’époque préislamique, comme il était une prestigieuse manifestation littéraire et linguistique officielle. Des tentes étaient installées pour les arbitres, vers lesquels les poètes affluaient pour présenter leurs vers. Le jugement de ces arbitres était décisif : était bonne la poésie qu’ils jugeaient comme telle, et mauvaise ce qu’ils rejetaient.

Ce marché est une foire pour de nombreuses traditions et habitudes sociales des Arabes : voilà dans un coin Quss ibn Sâ’ida qui sermonnait les gens, leur rappelant le Créateur, exalté soit-Il, et leur commandant de faire le bien ; dans un autre, un colloque politique public avait lieu, dans le cadre duquel les tribus discutaient de maintes questions. Celui qui voulait obtenir d’un autre une autorisation quelconque, ou déclarait la guerre à une tribu quelconque, le faisait en public dans le marché de 'Ukâdh.

Ce marché arabe est similaire au journal officiel de nos jours : quiconque commettait une action blâmable ou dérogeait aux us des Arabes était dénigré en public dans le marché, pour que les gens pussent le connaître et l’éviter.

Moult tribus arabes s’établissaient à 'Ukâdh et se mettaient à chanter leur gloire, à entrer en conflit et à se donner des airs importants, car elles n’avaient de rassemblement plus considérable que 'Ukâdh.

En fait, 'Ukâdh est situé entre La Mecque et Tâ`if. Le marché était organisé chaque année au mois de Dhoul-Qi’da et y participaient les tribus de Quraych, Hawâzin, Ghatafân, Khuzâ’a, en plus des Abyssiniens et de groupes provenant de l’Iraq, du Bahreïn, de Yamâma, de Oman, du Yémen et de toutes les contrées de la Péninsule arabique. Ces tribus et groupes ne payaient pas de taxes ni de dîme, car 'Ukâdh n’avait pas de gouverneur.

Trois ans après le début de sa mission, le Prophète () se rendit à 'Ukâdh pour appeler les gens au bien, à l’adoption de la bonne ligne de conduite et à la foi. Or, il fut profondément affligé par le refus de son peuple. Il décida alors de se rendre dans les quartiers de chaque tribu à part, pour l’appeler à embrasser l’Islam.

Ceci montre que la communication et l’information avaient des champs multiples dans les anciennes communautés. L’homme prit connaissance de ces deux notions, mais d’une manière différente de nos jours, se servant de dispositifs adaptés à son environnement. C’est dans ce contexte que s’inscrivent l’influence des anciens marchés arabes et leur qualité de moyens de communication.


 

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