Les moyens de subsistance dépendent entièrement et exclusivement de la prédestination d’Allah, exalté soit-Il qui est d’une sagesse parfaite ... personne ne peut s'opposer à Son jugement (Coran 13/41). C’est pourquoi Allah a fait en sorte que les moyens utilisés pour acquérir les biens soient de deux types : il y en a qui sont licites et il y en a qui sont illicites. Il a aussi fait en sorte que parfois des gens font beaucoup d’efforts pour lesquels ils ne reçoivent que très peu en retour et que d'autres n’en font que peu et qu’ils récoltent outre mesure. Que de personnes y ont consacré tout leur temps, déployé tous les efforts qu’ils peuvent sans rien laisser au hasard mais qui finalement meurent pauvres sans pouvoir jamais réussir à acquérir ce qu'ils espéraient ! Il n'y a de pouvoir et de force qu’en Allah. Que de personnes ont recouru à mille et une astuces pour amasser les biens mais une fois leurs efforts couronnés de succès les voilà au rendez-vous avec l'Ange de la mort qui, subitement, met fin à leurs projets et à leurs loisirs. Que de personnes encore n’ont pas fait tant de subterfuges et pourtant elles arrivent à gagner plus qu'elles n'en ont besoin. Autant donc de phénomènes auxquels nous assistons toujours et qui nous font conclure que la richesse ne dépend pas de l’intensité des efforts que nous déployons ni même des ruses que nous utilisons mais plutôt de la volonté d’Allah le Tout-Puissant qui, dans Son immense sagesse, prédestine chacun, de façon inéluctable, pour ce qu’Il lui programme sa vie durant. C’est pourquoi un sage a dit : Elle ne cesse de me reprocher d’être indigent et pauvre quand elle vit son frère amplement doté de biens et de moyens. Qu’elle se trompe lourdement ! La pauvreté ne dépend nullement des efforts qu’on fournit ou que l’on ne fournit pas, car les faits sont faits et la part de chacun est déjà connue et assignée . C’est pourquoi aussi Ibn Zurayq dans son célèbre poème al-Ayniya a dit : Ne l’accable pas de reproches, car cela lui fait mal malgré le fait que tu ne lui dis que la vérité mais il n’est pas en mesure de prêter une oreille fine. Tu as exagéré dans tes conseils au point de l’incommoder. Sans doute tu estimais que ceux-ci allaient lui bénéficier. Je te recommande d’agir avec aménité à son égard et de ne pas lui tenir rigueur sous peine de le mettre en désarroi. Il a déjà suffisamment de raisons pour être triste et désemparé. Chaque jour lui apporte son lot de désastres. Il est condamné à porter éternellement son bâton de pèlerin pour parcourir le monde entier à la recherche de son pain .
Une chose est sûre en tout cas : ni l’intensité des efforts ne saurait conduire l’homme à gagner des subsistances qui ne lui étaient pas prédestinées ni la nonchalance ne saurait le priver de ce qui lui était prédestiné, car Allah a déjà assigné à chacun sa part et Il n’oublie ni ne néglige personne. Pourtant ceux qui cherchent le gain ne se donnent jamais de répit, car ils n’ont pas de limites. Il arrive, cependant, que la chance sourit à l’homme après l’avoir privé et le prive après l’avoir comblé.
En conclusion, l’homme doit, en cherchant sa propre subsistance, tâcher d’abord de rester respectable et respectueux ; ensuite, il doit comprendre que ce qu’il possède ne lui sera pas nécessairement utile et bénéfique. En fait, nombreuses sont les personnes que l’on teste par des richesses incalculables, mais qui, cependant, n’arrivent pas, convenablement, à en tirer profit. Ce sont des personnes qui servent leurs richesses au lieu de s’en servir elles-mêmes. Beaucoup de gens vivent inquiets et accablés de tristesse en raison des soucis qu’ils se font pour acquérir et sauvegarder les biens de ce bas monde et, dès qu’ils voient les choses tourner mal, ils deviennent affligés et chagrinés et le monde s’assombrit devant eux au point de croire que c’est maintenant l’apocalypse et que le Jour dernier s'est approché. Même si cela est effectivement vrai, il ne veut pas dire que ces facettes de la vie ne sont pas déjà toutes programmées. Comme l’a si bien dit un sage : Les subsistances que l’on cherche ressemblent à une ombre qui marche avec nous sans que nous soyons conscients qu’elle nous suit, si on rebrousse chemin et on l’abandonne elle nous suit encore. Ce bas monde est ainsi, on y recevra que notre lot .