La situation des musulmans de Birmanie

4769 1872

A partir du moment où la Birmanie a étendu sa domination sur l’Etat musulman de l’Arakan (l’un des sept Etats qui composent la Birmanie) en 1784, ce pays n’a cessé de vouloir en finir avec les populations musulmanes ; toutefois, la Birmanie perdit son pouvoir et son indépendance lorsque les Britanniques la colonisèrent en 1824. Après plus d’un siècle de domination britannique, la Birmanie obtint une certaine autonomie en 1937 ; il est à noter que la première chose que fit l’Etat birman autonome fut la persécution et l’assassinat des musulmans dans toutes les régions de Birmanie y compris dans la capitale Rangoun où ces derniers furent nombreux à succomber. Ainsi, plus de 500 000 musulmans furent contraints de quitter le pays.
 

En 1942, des bouddhistes factieux ont, avec la complicité du pouvoir birman, procédé au massacre des musulmans et à la destruction totale de leurs habitations dans le sud de l’Etat de l’Arakan, ces exactions ont causé la mort d’environ 100 000 musulmans. La première chose entreprise par l’Etat Birman après l’indépendance du pays en 1948 fut la mise en place d’un plan de birmanisation des différentes populations, ethnies et minorités vivant sur son territoire. Si l’application de ce plan fut dans l’ensemble une réussite durant de nombreuses années, cette birmanisation fut un échec totale en ce qui concerne les musulmans, car ces derniers n’ont cessé de puiser à la source pure de la bonne guidée, à ce propos le Prophète () a dit : Je vous ai laissé deux choses, si vous vous y accrochez, vous ne vous égarerez pas après que je sois parti : le Livre d’Allah et la Sunna de Son Prophète . Ainsi, il n’y eu pas un seul musulman birman qui renia sa religion pour embrasser le bouddhisme ou toute autre religion.
 

Lorsque l’Etat birman pris conscience de cette réalité, il changea d’attitude envers les musulmans et de stratégie pour s’en débarrasser et éradiquer toutes les racines islamiques présentes en Birmanie. Pour ce faire, l’Etat birman les assassina, les spolia et les déporta, il tenta également de détruire leur identité, d’effacer leurs rites et leur héritage, de dénaturer leur culture ou encore d’inoculer dans leurs esprits des idées néfastes et empoisonnées. Ce ne sont là que quelques exemples parmi tant autres de ce que cet Etat a commis comme injustices et exactions contre la communauté musulmane.


Depuis que l’armée a pris le pouvoir en Birmanie en 1978, plus de 300 000 musulmans ont été expulsés vers le Bengladesh. En 1982, les musulmans ont été déchus de leur nationalité sous prétexte qu’ils ne sont devenus citoyens birmans qu’après 1824 (c’est-à-dire l’année où les Britanniques colonisèrent la Birmanie), et ce, bien que cela soit contredit par la réalité.


En 1991-92, la junte birmane a expulsé environ 300 000 autres musulmans vers le Bengladesh. C’est ainsi donc qu’eut lieu l’émigration des musulmans birmans vers le Bengladesh, et de là ils émigrèrent vers d’autres pays sans discontinuer. En fait, l’Etat birman continue à tout faire pour pousser les populations musulmanes à quitter le pays ; ainsi, la situation que vivent les musulmans de l’Etat de l’Arakan est extrêmement mauvaise, ces derniers sont privés des droits humains les plus élémentaires, on trouve dans cet Etat des centaines de milliers d’enfants en haillons aux visages affaiblis et marchant pieds-nus, leur regard semble perdu tellement ils ont été témoins d’injustices et d’agressions de la part des Bouddhistes. L’atmosphère est chargé des cris des mères qui ont perdu leurs enfants ou de ceux des veuves qui versent des larmes de sang, leurs maris sont enlevés puis on les cloue aux branches des arbres où leur nez est coupé, de même qu’ils subissent des choses indicibles ; par ailleurs, des dizaines de mosquées et d’écoles coraniques sont profanées et souillées.


Il y a peu des programmes visant à limiter les naissances parmi les populations musulmanes ont été mis en place ; ainsi, un arrêté a été promulgué, lequel stipule que la femme musulmane ne peut se marier qu’après ses 25 ans, quant à l’homme musulman l’âge à partir duquel il peut se marier a été fixé à 30 ans ; de surcroît, un mariage n’est possible qu’après avoir obtenu une autorisation écrite de la part de la police des frontières (appelée Nasaka), notons que cette autorisation n’est délivrée que si de multiples conditions sont réunies : il faut présenter à cette Nasaka une demande comportant les photos d’identité des deux futurs époux afin de passer un examen durant lequel les autorités s’assurent de leur âge ainsi que de leur consentement mutuel pour cette union ; cependant, une fois ces démarches terminées, la Nasaka n’accepte de donner son aval pour le mariage seulement si les futurs époux lui versent un pot-de-vin extrêmement élevé, évidemment tous les candidats au mariage n’ont pas les moyens financiers de le donner. Par ailleurs, sur un village comptant au minimum mille familles, la Nasaka n’autorise par an que vingt mariages, quiconque ne respecterait pas cette règle verrait son mariage annuler et risquerait une peine de prison de six mois et une amende de 50 000 Qiats birmans.


Parmi les autres mesures visant à limiter les naissances chez les musulmans, il y en a une qui les vexe et les humilie particulièrement, de même qu’elle menace leur existence et leur présence dans ce pays, notons également que cette mesure n’a pas d’équivalent dans l’histoire de l’humanité, il s’agit d’une loi ignoble qui impose aux femmes musulmanes enceintes de se présenter dans les locaux de la police des frontières une fois par mois jusqu’à l’accouchement afin qu’une photographie en couleur de leur ventre nu soit prise ; à chaque présentation, les femmes doivent verser une forte somme. Les autorités justifient cette procédure en disant qu’elles veulent s’assurer de la santé du fœtus et procéder au recensement des naissances ; toutefois, la réalité est tout autre, à travers cette loi l’Etat birman cherche clairement à humilier les musulmans et à leur montrer qu’ils ne peuvent vivre en paix dans l’Etat de l’Arakan.


Pour ce qu’il s’agit de l’habitat, le gouvernement birman ne cesse de procéder à des modifications importantes dans l’organisation démographique des régions et quartiers musulmans. Ainsi, il n’y a pas un seul village ou district de l’Etat de l’Arakan dans lequel ne se trouvent pas des colons bouddhistes ; même les villages sont dirigés par des Bouddhistes. Notons que depuis 1988 l’Etat birman met en place des villages modèles dans le nord de l’Arakan afin d’y faciliter l’installation de Rakhines (l’une des sept ethnies birmanes) bouddhistes. On a donc affaire à une véritable colonisation de populations bouddhistes dans l’Arakan, lesquelles viennent de toutes les régions de Birmanie, et même du Bengladesh, pour habiter dans ces villages modèles. L’Etat birman octroie à ces Rakhines des terres et des maisons, lesquelles ont été construites par des musulmans qui n’ont reçu aucun salaire pour ce travail ; la spoliation de terres musulmanes pour les donner à ces Rakhines bouddhistes a évidemment créé d’immenses tensions.


Dans ce contexte d’insécurité, de persécutions religieuses et de problèmes sociaux touchant les musulmans de Birmanie, maux dus au pouvoir bouddhiste militaire qui promulgue et applique des lois scélérates et affligeantes dont l’objectif est d’annihiler l’identité des musulmans et de réduire à néant leur culture, ce même pouvoir en a rajouté dans l’abjection en décidant d’interdire la fondation de nouvelles mosquées, d’empêcher de procéder à la réfection des vieilles mosquées et de détruire celles qui ont été construites ou rénovées lors des dix dernières années dans la région de l’Arakan ; ainsi, cette dernière résolution a conduit les autorités birmanes à détruire jusqu’à présent plus de 72 mosquées.


Il est important de rappeler qu’il y a en tout en Birmanie 2566 mosquées et plus de 1095 écoles et universités islamiques et que l’Etat de l’Arakan compte à lui seul 1538 mosquées et 405 écoles ou universités islamiques. Dans la région de Akiap des agitateurs bouddhistes ont brûlé et détruit des villages musulmans de même que ces criminels ont chassé et tué leurs habitants, 500 musulmans perdirent la vie et 2000 autres furent gravement blessés. Par ailleurs, d’autres agitateurs bouddhistes ont attaqué des musulmans dans la ville de Tounjou, près de la capitale Rangoun, et ce avec la complicité active des autorités birmanes ; cette exaction sans nom aboutit à la mort de dizaines de musulmans et à la destruction de quatre mosquées.


Il y a peu de temps les autorités birmanes ont interdit aux employés et aux fonctionnaires de l’Etat de laisser pousser leur barbe et de s’habiller avec des vêtements islamiques sur leur lieu travail ou dans les administrations, ce qui contreviendraient à cette interdiction seraient immédiatement renvoyés. Cette interdiction aberrante a bien été appliquée et donc des musulmans ont été relevés de leurs fonctions pour avoir commis le crime d’avoir laissé leur barbe et porté des habits islamiques.


La question des musulmans de Birmanie est à la fois un grand malheur, une catastrophe humanitaire et un immense crime contre la communauté et les lois internationales ; en effet, le génocide perpétré contre un groupe de personnes particulier à l’intérieur de la Birmanie ne doit pas être considéré comme une affaire intérieure ne concernant que ce pays, bien au contraire, ce crime doit attirer l’attention de la communauté internationale, car il est une atteinte évidente aux Droits de l’Homme qui furent l’objet d’une déclaration officielle et universelle par la SDN, qui deviendra l’ONU, il y a plus d’un demi-siècle.


Ces hommes, ces femmes et ces enfants musulmans qui souffrent en Birmanie crient à l’aide et demandent le soutien des gouvernements et des peuples de la Oumma, Oumma à propos de laquelle le Prophète () a dit : Les musulmans doivent s’aimer et s’apprécier mutuellement ainsi qu’être miséricordieux les uns envers les autres, au point de devenir un seul corps, si l’un de ses membres souffre, c’est tout le corps qui ressent cette douleur et est atteint de fièvre .


Tous les musulmans du monde appellent la Oumma à se tenir au côté des musulmans de Birmanie, à prendre les mesures nécessaires afin que cessent les agressions répétées qu’ils subissent de la part de l’Etat birman et à utiliser tous les moyens politiques, diplomatiques et économiques pour les protéger des exactions commises contre eux par la junte militaire bouddhiste de ce pays.

 

 

 

 

 

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