Les universités les plus célèbres de la civilisation islamique

9206 1934

Les étudiants affluaient de tous les pays et de toutes les contrées vers les universités, lesquelles mettaient à leur disposition tous les moyens nécessaires pour que ces derniers puissent continuer leurs études et s’y consacrer pleinement. Les étudiants obtenaient leurs moyens de subsistance, ils bénéficiaient d’un logement et recevaient de l’argent. Ces universités étaient l’équivalent des universités internationales actuelles, parmi ces anciennes et prestigieuses universités on trouve :


-L’université omeyyade de Damas : elle fut construite par al-Walîd in al ‘Abd al-Malik. S’y tenaient divers cours et on y étudiait différentes matières, les gens de l’école malikite avait leur coin et ceux de l’école chafiite le leur, par exemple al-Khatîb al-Baghdâdî y donnait un cour sur la science du hadith. Le programme de cette université ne se limitait pas aux sciences religieuses, mais il comprenait également les sciences linguistiques, la littérature, les mathématiques ou encore l’astronomie.


-L’université ‘Amrû ibn al-‘Âs de Fustât en Egypte : il s’y tenait plus de quarante cercles de savoir (halqa) auxquels assistaient de nombreux étudiants, parmi ces cercles il y avait celui de l’Imam al-Châfi’î. Il est à noter qu’au milieu du quatrième siècle de l’Hégire le nombre de cercles de savoir atteignit les 110, certains étaient même réservés aux femmes. Puis apparut au sein de cette université le système des idjâza (correspondant aujourd’hui aux diplômes de l’enseignement supérieur) ; ainsi, après l’obtention d’une idjâza, un étudiant pouvait se servir des livres de son professeur, de même qu’il pouvait citer ce dernier.


-L’université d’al-Azhar : la construction de cette dernière se termina en l’an 361 de l’Hégire, elle devint un véritable phare pour les étudiants des différents pays musulmans. Les Califes firent un legs pieux en faveur d’al-Azhar, ils y nommèrent en outre des enseignants de diverses sciences. En conséquence de la grande renommée dont jouissait al-Azhar ainsi que des nombreuses facilités que pouvaient y trouver les étudiants, les candidats à l’inscription au sein de cette université venaient en nombre des quatre coins du monde musulman, à telle enseigne que, selon al-Maqrîzî, le nombre des étudiants atteignit en 818 de l’Hégire (1415 g.) les 750, il y avait parmi ces derniers des non Arabes, des gens de la campagne égyptienne, des Maghrébins, en fait on y trouvait des représentants de presque toutes les peuples connus. Cette université est restée un centre de savoir rayonnant qui participe grandement à la transmission des connaissances à travers les siècles, y sortent de grands savants et s’y rédigent de nombreuses ouvrages majeurs ; al-Azhar est bel et bien une école accueillant les savoirs et les gens qui s’y adonnent.
 

-L’université Zaitouna en Tunisie : cette dernière fut construite à l’époque des califes omeyyades, ainsi son fondateur fut le prince ‘Ubayd Allah ibn al-Habhâb, ce dernier fut gouverneur de l’Ifrîqya avant Hichâm ibn ‘Abd al-Malik. L’université connut divers agrandissements en l’an 250 de l’Hégire (864 g.), ainsi Ziyâdat Allahu ibn al-Aghlab procéda, à l’époque du règnes des Aghlabides, à un agrandissement significatif de la Zaitouna. La place de cette université était éminente, car on y enseignait diverses sciences à un très haut niveau, on trouve en effet parmi les professeurs qui y ont enseigné de très grands savants comme par exemple : ‘Abd al-Rahmân ibn Ziyâd al-Ma’âfirî, lequel faisait partie des spécialistes du hadith, mais aussi Abû Sa’îd Sahnûn al-Tanûkhî ou bien l’Imam al-Mâzirî, etc. A l’instar de l’université d’al-Azhar, les étudiants venaient des quatre coins du monde musulmans pour étudier à la Zaitouna. Y étaient étudiés des livres d’exégèse coranique (tafsîr), de hadith, de jurisprudence ou encore de langue. Voici la description que fait al-Hachâ`ichî de l’atmosphère d’érudition scientifique qui régnait au sein de l’université de la Zaitouna : L’étude s’étendait à toutes sortes de sciences, celles fondées sur la logique, sur la transmission ou encore celles ayant trait aux objectifs et aux moyens. Il se disait même que certains professeurs avaient plus de 200 000 ouvrages dans leur bibliothèque .


-L’université de Kairouan : cette université fut construite dans la ville de Fès au Maroc en l’an 245 de l’Hégire (859 g.), c’est-à-dire à l’époque du règne de la dynastie des Idrissides. En l’an 322 de l’Hégire (934 g.) le prince Ahmad ibn Abî Bakr al-Zanâtî – qui faisait partie des princes de la dynastie des Zanâtiyyn – se chargea de la faire agrandir. Au début du sixième siècle de l’Hégire, l’université fut à nouveau agrandie, elle devient à cette époque très renommée, elle se distinguait par un enseignement de qualité, ce qui attirait des étudiants d’un peu partout. Il est à noter que cette université avait un budget particulier, lequel avait pour principal source l’argent du legs pieux, en plus des aides financières gracieusement données par les princes et autres personnes aisées. L’université devint si renommée pour son niveau de science que des étudiants venaient de pays étrangers pour pouvoir bénéficier des cours qui y étaient dispensés. Il est remarquable que même des étudiants issus d’Europe se rendaient dans ce prestigieux institut scientifique pour y poursuivre leurs études ; ainsi, l’évêque Gibert – qui devint par la suite pape à Rome et pris donc le nom de Sylvestre II (999-1003 g.) – avait étudié au sein de l’université de Kairouan, et ce, après avoir étudié dans une autre université musulmane, celle de Cordoue.


C’est avec un peu de nostalgie que nous avons évoqué ces grandes universités musulmanes qui éclairaient le monde de leurs sciences et de leurs savoirs, car aujourd’hui c’est en Occident que se trouvent les grands pôles de connaissances vers lesquels affluent des étudiants de partout, y compris des musulmans. Il y a dans ce basculement un signe supplémentaire de la décadence civilisationnelle que connaît le monde musulman aujourd’hui, du rôle de fer de lance du savoir universel, il est passé à celui de simple suiveur dépendant de ce que veut bien lui donner l’Occident en termes de savoirs et de connaissances.

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