Discussion autour de la réplique chrétienne au sujet de l’altération de l’Evangile

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Les chrétiens défendent avec force le fait que leur Evangile est exempt de toute altération, ils pensent que ceux qui affirment le contraire parmi les musulmans entre autres font preuve de malveillance à l’égard de leur livre saint sans se fonder sur rien de tangible. Les chrétiens pensent que ceux qui évoquent une possible altération de l’Evangile doivent répondre à diverses questions afin de démontrer que leur allégation est vraie ; en fait, ces chrétiens ont oublié, ou font semblant d’oublier, toutes les preuves déjà existantes qui prouvent que leur livre sacré est altéré, c’est en tout cas ce qu’ont reconnu de nombreux chrétiens, nous avions d’ailleurs recueilli les propos de certains d’entre eux dans un ouvrage intitulé Les divergences des chrétiens au sujet de leur livre saint.
Nous rappellerons ici les questions de certains de ces chrétiens et nous tenterons d’y répondre une à une. La première question que posent ces derniers concerne les versets qui ont été altérés : comment étaient ces versets avant leur altération ? Comment se nomment ceux qui ont procédé à ces altérations ? Quand ont eu lieu ces dernières ? Quel était le but de ces altérations ? Seul celui qui possède une copie originale des Evangiles, laquelle fut écrite entre 60 et 120 après J.C., peut répondre, mais personne ne possède une copie, ni les chrétiens, ni les musulmans, ni aucune autre communauté. Par conséquent, comment peut-on comparer la copie altérée et la copie originale ? Comment pourrons-nous connaître les versets qui ont été altérés, leur forme et contenu avant l’altération ou encore l’identité et l’objectif des falsificateurs ?
Si les chrétiens nous disent que l’absence de la copie originale indique qu’il n’y a pas eu altération, nous leur répondons qu’ils se trompent, car l’altération c’est la modification effective de l’Evangile authentique, soit par un ajout, soit par une amputation ou soit encore par le remplacement de certains mots par d’autres mots, et peu importe que la cause de cette modification fut la malveillance, l’envie de bien faire ou tout simplement la négligence, nous, nous prétendons que l’altération selon cette définition touche indubitablement l’Evangile que possède actuellement les chrétiens, nous affirmons cela sans tenir compte de l’identité des auteurs et de leurs desseins ou de l’existence ou non de copies originales ou de leur disparition.
Ce qui vient d’être dit concerne l’altération du texte, maintenant pour ce qui est de la chaîne de transmission, nous pouvons affirmer qu’il n’y en a aucune qui relie l’Evangile actuel avec les personnes qui l’ont rédigé à l’époque, il faut savoir en outre que la plus vieille copie de l’Evangile fut découverte au IIIe siècle après J.C. (225), c’est-à-dire qu’entre l’époque de l’écriture de cet Evangile et le moment où il fut trouvé il y a plus de deux siècles, comment dans ces conditions peut-on affirmer que ce livre est exempt de toute altération ?!
Les chrétiens affirment également que l’Evangile se diffusa à l’époque des disciples de Jésus, personne d’entre eux ne conteste cette assertion, il n’y a donc pas là sujet à polémique, car la recherche n’a pas pour objet ce que ces disciples possédaient de l’Evangile, mais plutôt la partie de ces documents qui est aujourd’hui entre les mains des chrétiens.
Puis les chrétiens posèrent une autre question, ils demandèrent comment les falsificateurs purent commettre ces altérations alors que depuis le IIe siècle après J.C. on trouvait déjà des milliers de copies de l’Evangile dispersées dans différentes contrées et dans des langues diverses, ce qui rendait impossible la falsification de toutes ces copies ? La réponse à cela est simple : mettons qu’il n’y ait pas eu d’altération lors du IIe siècle et après, mais qu’en est-il du Ier siècle ? Ont-ils des preuves attestant qu’il n’y a pas eu de modifications lors de cette période ? L’Evangile qu’ils possèdent aujourd’hui a pour base les copies datant du IIe siècle, que s’est-il passé lors de la période qui s’étend de l’élévation de Jésus par Allah, exalté soit-Il, et la fin du IIe siècle ? Par ailleurs, lors de cette période de deux siècles les chrétiens se sont divisés en sectes et en groupes divers, s’appuyaient-ils donc tous sur le même Evangile ? Il est important que les chrétiens d’aujourd’hui répondent à ces questions avant qu’eux-mêmes posent des questions à quiconque.
Les chrétiens ont en sus ajouté que ceux qui prétendent que l’Evangile a été altéré doivent rappeler la méthode employée par les falsificateurs pour cacher ces prétendues altérations, d’ailleurs elles furent si bien cachées que, selon eux, personne ne les découvrit sauf ceux qui contestent l’authenticité de ce texte sacré, et ce, des centaines d’années après que ces altérations eurent été commises ! Il n’est pas vraiment nécessaire de répondre à cette assertion, car nous avons déjà dit précédemment que les copies originales de l’Evangile qu’on aurait pu comparer avec les copies actuelles n’existent pas, de plus les chrétiens eux-mêmes ne savent exactement qui a rédigé cet Evangile, comment osent-ils donc nous demander qu’on leur donne les noms des falsificateurs ? En outre, les chrétiens ne disposent actuellement que de traductions (qui sont toujours une trahison du texte original) de l’Evangile ou des versions de celui-ci fort tendancieuses et orientées. Well Durant dit dans son ouvrage L’histoire de la civilisation : Les copies des Quatre Evangiles les plus anciennes que nous possédions datent du IIIe siècle après J.C. ; quant aux copies originales, il semble qu’elles ont été écrites entre 60 et 120 après J.C., puis ces dernières furent durant deux siècles l’objet d’erreurs lors des copiages et des transmissions, il est de surcroît fort possible qu’elles subirent des modifications délibérées dont le but était de contenter la secte à laquelle appartenait le copiste ou d’aider à l’accomplissement des desseins de cette dernière .
Comme nous l’avons indiqué précédemment, l’altération consiste en des modifications et l’Evangile en a sans doute subies. Parmi les exemples de ces dernières on trouve la divergence des différents Evangiles sur l’ascendance de Jésus () ; ainsi, l’Evangile de Mathieu dit que Jésus descend de Joseph fis de Jacob puis remonte son ascendance jusqu’à Salomon (Sulaymân) fils de David (Dâwûd) ; quant à l’Evangile de Luc, il y est écrit que Jésus descend de Joseph fils de Elie et que ses origines remontent jusqu’à Nathan fils de David. On trouve également dans les Evangiles une divergence sur le nombre des aïeux de Jésus, pour l’Evangile de Mathieu, Jésus auraient eu 27 aïeux, pour l’Evangile de Luc le nombre est de 42. Outre ces deux divergences, on en trouve encore bien d’autres, lesquelles sont soigneusement consignées dans un ouvrage intitulé Les Evangiles ne sont pas la parole de Dieu.
Nous avons donc présenté ici certaines des questions posées par ceux qui pensent que grâce à ces dernières ils vont clouer le bec de ceux qui parlent d’altération dans l’Evangile ; en fait, ils ne se rendent pas compte que ces questions mettent en évidence leur ignorance de la réalité de l’altération qu’ils veulent nier, ils pensent que l’altération de leur livre saint ne se résume qu’à quelques petites divergences entre les différents textes, ils ne semblent pas savoir qu’en réalité l’altération est une modification pure et simple. A titre d’exemple, si un individu apporte deux lettres envoyées par un autre individu dans un temps donné et avec un but unique, mais l’une des deux lettres diffère de l’autre, alors il est facile de dire que l’une des copies est altérée sans pour autant avoir besoin de savoir laquelle.
Celui qui polémique au sujet de la réalité de l’altération des Evangiles en prétendant que lui-même ainsi que ses contradicteurs ignorent l’identité des falsificateurs est pareil à celui qui voit une personne assassinée devant lui et qui nie qu’il y a eu meurtre sous prétexte qu’il n’a pas vu ou ne connaît pas le tueur. Il ne fait donc aucun doute que ces questions sont la manifestation d’une grande ignorance ; cependant, leurs réponses mettent évidence une réalité éclatante que beaucoup ont déjà découverte, quand viendra donc le tour de ceux qui nient l’évidence ?

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