Les banques islamiques (I)

6026 1277

Parler de l'économie islamique en général c’est parler des banques islamiques, de leurs buts, de leurs sources de financement et des services qu’elles fournissent ainsi que des dispositions islamiques légales y afférentes.
A l’origine, l’idée des banques est importée des non-musulmans. D’ailleurs, je ne vous révèle rien si je vous dis que si vous cherchez dans les références jurisprudentielles telles al-Mughnî, Rawdat Talibîn, al-Hidâya et al-Mudâwana nulle part vous ne trouverez la moindre indication relative aux banques.
Cependant, lorsque les musulmans ont vu que les autres ont établi des banques et que celles-ci exercent des activités et rendent des services essentiels à la population, ils ont réalisé qu'une alternative islamique à ces banques est nécessaire. Pour ce faire, ils se sont dit qu’il faut et qu’il suffit de s’inspirer de l’idée conçue par les non-musulmans pour faire une banque qui corresponde aux préceptes islamiques.
On pourrait rétorquer qu’une telle démarche relèverait de l’imitation des mécréants, mais c’est vite oublier que l’utilisation des moyens de gestion et d'organisation de la vie n’a rien à voir avec la doctrine et n’a jamais été un emblème qui distingue les mécréants des autres de sorte que celui qui la fait pourrait être stigmatisé comme faisant du mimétisme de ceux-ci. Il s’agit tout simplement d’arrangements généraux pour l’organisation et la gestion des affaires de la vie chez les mécréants comme chez les croyants. En conséquence, celui qui en fait usage ne le fait pas pour imiter ceux-ci, au contraire. D’ailleurs, le Prophète () et ses Compagnons ont utilisé de nombreux moyens jadis utilisés par des non-musulmans pour réaliser les objectifs nobles de l'Islam. Il n’y a donc pas de mal à cela parce qu’il n’entre pas dans le cadre de l’imitation des mécréants qui est répréhensible et défendue par notre religion.
 

Commençons par parler des objectifs des banques islamiques :
Les banques islamiques ne s’assignent pas seulement l’objectif de fournir des services mais elles visent beaucoup plus que cela. Elles en ont d'autres qui sont liés à la foi et dont les plus importants sont pratiquement les deux suivants :
Premièrement : se débarrasser de la dépendance économique des non-musulmans.
C’est un objectif noble dont se charge l'économie islamique, consciente qu’elle est que, au cas où les transactions bancaires et le système monétaire restent entre les mains des non-musulmans, il y a lieu de craindre que cela ne conduisent à l'asservissement de la Oumma, d’autant plus que, de nos jours, l'économie peut détruire les pays et les communautés, menacer la sécurité et la stabilité, et même entraîner le retrait de capitaux des banques d'un Etat et donc provoquer son effondrement. Elle peut aussi rendre un pays politiquement soumis à d’autres de sorte que sa législation et même sa foi passent entre les mains de celui qui contrôle son économie. Il devient donc urgent de créer de grandes banques islamiques pour gérer l'économie dans les pays musulmans et pour nous débarrasser de la dépendance.
C'est l'idée de base de cet objectif. Elle se divise en trois sections :
 

Premièrement : les transactions bancaires
Il est important de créer des banques dans les pays musulmans pour assurer des transactions bancaires entre les musulmans et pour rendre des services dont leurs peuples ont tant besoin tels l'envoi ou la réception d'argent de l'étranger ou l'ouverture de crédits pour les commerçants. Il peut parfois s’agir de grandes transactions de sorte qu’en l’absence de banques islamiques les musulmans seront contraints de faire appel aux non-musulmans pour ouvrir des branches de leurs propres banques et alors l’ensemble du système bancaire deviendra assujetti aux transactions bancaires des non-musulmans. C’est un risque à ne pas prendre.
 

Deuxièmement : les affaires monétaires
Ce n'est pas un secret que beaucoup d'entre nous se demandent comment le dollar est devenu la monnaie la plus forte au monde et la réponse est que cela est dû à notre dépendance au système monétaire mondial, sinon la réponse serait que les musulmans doivent s’efforcer de créer une monnaie islamique mondiale qui soit, sinon plus forte que le dollar, tout au moins en mesure de le concurrencer .
 

Troisièmement : les capitaux
Parmi les objectifs que la banque islamique se donne, il y a l’orientation des capitaux islamiques vers les pays musulmans pour les y investir et pour les faire gérer par des musulmans.


Le deuxième objectif des banques islamiques : la mobilisation et l'investissement du capital à travers :
A – l’encouragement de l'épargne : la banque islamique invite les détenteurs de fonds à investir dans des projets à long terme pour faire profiter l'économie des pays musulmans.
B – la réduction de l'inflation : l’inflation est provoquée par l’affaiblissement de la monnaie qui fait que celle-ci ne correspond plus à la valeur du pouvoir d'achat dans le pays. En effet, les banques islamiques ne font pas recours, sans contrepartie, à la création de monnaie car, en fait, elles ne dépendent que du placement, sans enrichissement illégal, des dépôts qui leur sont confiés ce qui n’est pas le cas des banques commerciales qui ouvrent des crédits à partir desquels elles font le retrait. La banque usurière bénéficie plusieurs fois du double des montants déposés auprès d’elle. Seulement cette dépense à laquelle ne correspond pas une production augmente le volume des charges des fonds de roulement sans contrepartie de biens ou de services, ce qui a pour conséquence l’augmentation des prix qui, à son tour, entraine l'inflation monétaire. Or les banques islamiques s’assignent comme objectifs, entre autres, d’éliminer ces aspects.
C – encourager les transactions commerciales directes entre les pays musulmans dans le but d’empêcher l’intervention des banques mondiales non-islamiques et de permettre au commerce de se libérer tout en facilitant les termes de l'échange. Mais nous disons avec beaucoup de regret que cet objectif a été tout d’abord visé en Europe et en Occident et non pas dans les pays musulmans.
D – le financement des investissements signifie que le commerçant désireux d’avoir, de façon légitime, des fonds pour lancer des projets d'investissement de façon légitime, les recevra de la part de la banque afin de ne pas se trouver dans l’obligation de recourir aux banques usuraires et donc de faire usage de l'usure.
E - la collecte et la distribution de la zakat : la banque profite de la zakat qu’elle collecte pour faire des investissements ce qui donc lui donne aussi l’occasion de bénéficier de cette partie importante de l'économie islamique.
Tels sont alors les objectifs globaux que les banques islamiques doivent réaliser faute de quoi elles auraient lamentablement échoué et se seraient alors transformées en une structure de pure forme ne jouant qu’un rôle secondaire dépourvu de tout contenu.

Articles en relation