De l’espoir de l’homme et du terme de sa vie

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L’espoir est le stimulant du travail, car l’homme ne retrousse pas ses manches sans avoir des ambitions et des objectifs qu’il cherche à atteindre. L’espoir, c’est ce qui distingue l’être humain des bêtes, et s’il perd complètement l’espoir, la vie devient impossible.

Vivre sans espoir est impensable, ceci étant contraire à la nature de l’homme et à son rôle sur terre. Le Prophète () a dit : Les noms les plus véridiques sont al-Hârith (laboureur), et Hammâm (celui qui a la volonté) (Abou Daoud), étant des attributs conformes à la nature humaine. Tout être humain ne cesse de formuler des désirs et des espoirs tout au long de sa vie. Mais il doit se méfier de s’y abandonner de sorte à oublier la vie éternelle et à espérer l’immortalité en ce bas monde, en détestant tout ce qui l’empêche de réaliser ses rêves. Les textes de la Charia et les paroles des prédécesseurs, aussi bien que l’éthologie humaine mettent en garde contre l’attachement à la vie présente l’espérance profane, l’oubli du dénouement et la préoccupation exclusive de ce bas monde. S’adressant à Son Prophète () au sujet des mécréants, Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : Laisse-les manger, jouir (un temps), et être distraits par l’espoir ; car bientôt ils sauront ! (Coran 15/3). C'est-à-dire : laisse-les se préoccuper uniquement de l’ici-bas, aspirer à une longue vie et sombrer dans les rêves, au lieu de se préparer à la rencontre d’Allah, exalté soit-Il, et à la vie éternelle. Quand la mort les surprendra, ils sauront les conséquences désastreuses de leur oubli d’Allah, exalté soit-Il, et verront la rétribution de leurs œuvres. Le Prophète () a évoqué cette question de l’espoir et du terme de la vie dans maints hadiths. Ibn Mas’ûd, qu’Allah soit satisfait de lui, relata ce qui suit : Un jour, le Prophète () traça un carré, puis une ligne au milieu qui en sortait. Il traça ensuite de petites lignes de part et d’autre de cette ligne médiane et dirigées vers elle et nous dit :
Ceci est l’être humain, et ceci, son terme, qui le cerne. Ce qui sort (du carré) représente ses espoirs. Ces petites lignes constituent les incidents, si celui-ci ne l'atteint pas, cet autre le touchera inévitablement, et si celui-là le rate, cet autre le touchera. (Boukhari).

En donnant cet exemple, le Prophète () voulut mettre l’accent sur une réalité importante omise par beaucoup : les espoirs de l’homme sont infinis, mais son terme est plus proche de lui que ses espoirs. Le Prophète () eut recours au dessin illustratif pour mettre ce sens en exergue. De nos jours, l’illustration constitue un dispositif didactique important : pour les pédagogues, plus les sens sont nombreux à participer au processus éducatif, plus la conception de l’idée est possible et plus l’effet éducatif est durable. Le Prophète () a tracé un carré qui représentait le terme de la vie de l’homme, qui le cerne de tous côtés, et qu’il est incapable de dépasser, de retarder ou d’avancer. Ensuite, il a tracé au milieu de ce carré une longue ligne qui en sortait et s’en éloignait, représentant les grandes espérances qui font oublier à l’homme son terme et le noient dans les désirs, alors que la mort est plus proche de lui que ses rêves.

Ensuite, le Prophète () a tracé de petites lignes de part et d’autre de cette ligne médiane, illustrant les fléaux qui attaquent l’homme pendant sa vie, de sorte que s’il échappe à l’un, l’autre l’atteint, et s’il échappe à tous, la mort le surprend. Dans une figure de style qui amplifie le sens de la peine et de la douleur qu’engendrent ces fléaux, le Prophète () a comparé leur effet à la morsure des serpents. Il en est de même pour les incidents du bas monde : s’il échappe à l’un, il sera mordu par un autre. Le hadith exprime l’étonnement face à l’homme qui, en dépit de son terme l’entourant de tous les côtés et des périls le menaçant et perturbant sans cesse sa vie, conçoit des espoirs qui dépassent la durée de son existence.

Cette illustration nous apprend que le musulman ne doit pas avoir de grandes espérances profanes et doit se préparer à la mort en s’en souvenant constamment. En effet, cette attitude le pousse à accomplir les bonnes actions avec zèle et à tirer profit de la vie avant que les registres de ses œuvres ne soient refermés à jamais.

Source : la page arabe d’Islamweb

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