Conséquences du fait de suivre ses désirs

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Allah, exalté soit-Il, a créé l’homme avec un ensemble d’instincts vers lesquels il tend de par sa nature. Ces instincts, dont la faim, la soif, le désir sexuel, l’amour des biens et de la possession, sont indispensables à l’existence de l’homme et à son rôle dans la mise en valeur de la Terre. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

On a enjolivé aux gens l’amour des choses qu’ils désirent : femmes, enfants, trésors thésaurisés d’or et d’argent, chevaux marqués, bétail et champs ; tout cela est l’objet de jouissance pour la vie présente, alors que c’est près d’Allah qu’il y a bon retour (Coran 3/14).

Ils sont également indispensables à la mise à l’épreuve de l’homme, pour laquelle il a été créé, puisque Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

En effet, Nous avons créé l’homme d’une goutte de sperme mélangé [aux composantes diverses] pour le mettre à l’épreuve. [C’est pourquoi] Nous l’avons fait entendant et voyant (Coran 76/2).

Cette inclination naturelle de l’homme vers le bien ou le mal correspond aux désirs. Ceux-là ne sont pas blâmables dans l’absolu, mais ce sont ses aspects excédant les limites de ce qui est prescrit qui le sont. Donc si l’inclination de l’âme déroge à la Charia, elle devient blâmable, et si elle s’accorde avec elle, elle est louable.

Mais comme en général, celui qui suit ses inclinations ne connaît pas de limites, les textes de la Charia blâment, de manière absolue, les inclinations et les désirs auxquels tend l’âme, qu’ils s’expriment par des paroles, des actes ou des objectifs, car ils dérogent à la Vérité. Ibn ‘Abbâs, qu’Allah soit satisfait de lui, affirma : Jamais les inclinations de l’âme n’ont été mentionnées dans le Coran sans qu’Allah, exalté soit-Il, ne les dénigre .

Suivre ses inclinations de manière blâmable peut concerner les questions religieuses et les croyances, c’est ce qu’on appelle les chubuhât (présomptions douteuses). Cela peut également concerner les choses interdites et illicites, et c’est ce qu’on va appeler les chahawât (les passions). Les premières conduisent à l’innovation en matière religieuse ; les secondes à la désobéissance et au péché.

Abondants sont les textes de la Charia et les récits des prédécesseurs qui dénigrent les inclinations capricieuses et qui mettent en garde contre le fait de les suivre. Maints hadiths nous ont donné des exemples des retombées dangereuses de la soumission à celles-ci.

D’après Hudhayfa ibn al-Yamân, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta avoir entendu le Prophète () dire :

Les tentations sont proposées aux cœurs les unes après les autres comme les branches d’une natte de roseau. Tout cœur qui s’imprègne de ces tentations est marqué d’un point noir et tout cœur qui les rejette est marqué d’un point blanc jusqu’à ce qu’il y ait deux types de cœurs. L’un comme la pierre blanche et lisse qui ne sera touché par aucune tentation aussi longtemps que les cieux et la terre existeront, et l’autre noir et couvert de rouille comme une coupe renversée ne reconnaissant plus ce qui est bon et ne rejetant plus ce qui est mauvais, et acceptant seulement ce qui est en accord avec ses passions (Mouslim).

Dans ce hadith, le Prophète () a expliqué l’attitude des cœurs vis-à-vis des inclinations, qu’il s’agisse des présomptions ou des désirs. Il a comparé les tentations qui sont successivement proposées aux cœurs aux branches d’une natte : à chaque fois que son fabricant tresse l’une d’elles, il en prend une autre pour la tresser. De même, les tentations passent l’une après l’autre par les cœurs. Certains d’entre eux y succombent, et à chaque fois qu’ils le font, un point noir les tache. Les points noirs continuent alors à les couvrir jour après jour jusqu’à ce que ces cœurs deviennent entièrement noirs. Ils ressemblent alors à une coupe renversée qui laisse couler toute l’eau sans qu’une goutte ne reste. Allusion faite à l’homme qui continue à commettre des péchés et à suivre les inclinations de son âme, de sorte qu’aucun bien ne subsiste dans son cœur, qu’il reste imperméable à tout conseil et incapable de se repentir. Cet homme devient captif de ces inclinations qui dirigent ses mouvements, ses paroles, son silence, ses actions et son manque d’action. Il devient sourd et muet n’approuvant pas de bien et ne désapprouvant un mal que si cela est en accord avec les inclinations de son âme.

A côté de cela, il est des cœurs qui désapprouvent et rejettent ces tentations, et à chaque fois qu’ils le font, un point blanc les marque. Ces cœurs ne cessent de refuser les tentations et de se remplir de blancheur, jour après jour, jusqu’à ce qu’ils deviennent entièrement blancs. Ils ressemblent alors à une pierre lisse que rien ne tache, car ils ne seront touchés par aucune tentation aussi longtemps que les cieux et la terre existeront.

Selon ce hadith, il faut absolument combattre les inclinations de l’âme dès leur apparition, avant qu’elles ne s’affermissent et qu’il devienne difficile de les combattre. Dans le premier cas mentionné dans le hadith, les tentations auraient été faciles à repousser au début, mais quand le cœur, conquis par elles, se noircit, il devient dorénavant incapable de résister à une nouvelle d’entre elles si ce n’est par la permission d’Allah. En revanche, dans le deuxième cas, les tentations ont été rejetées et repoussées au départ, certes avec une certaine difficulté ; néanmoins, cette lutte a affermi le cœur, l’a rendu plus lumineux et a consolidé son immunité de telle sorte qu’il n’éprouve plus cette même souffrance dans sa résistance à ces tentations.

Le Prophète () a donné un exemple de ceux qui suivent les chubuhât : d’après Mu’âwiya, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () les sermonna en disant :

Certes, les gens du Livre qui vous ont précédés se sont divisés en soixante-douze sectes et cette communauté que voici se divisera en soixante-treize sectes qui toutes iront en Enfer à l’exception d’une seule : celle qui suit le consensus. Il y aura des gens de ma communauté qui seront gouvernés par les inclinations de leur âme, et ces dernières se propageront jusqu’à dominer les différents domaines de leur vie comme se propage la rage dans le corps du malade, ne laissant aucune veine ni aucune jointure sans la corrompre (Abou Daoud).
Dans une autre version : celle qui se conforme à ma tradition et à celle de mes Compagnons.

Dans ce hadith, le Prophète (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) a constaté la fragmentation des communautés précédentes, en dépit des Messagers qui leur avaient été envoyés et des Livres célestes qui leur avaient été révélés. Il a ensuite déclaré que la communauté musulmane subirait la même chose et se verrait divisée quant au credo et aux fondements de la religion. Il a expliqué que la raison était toujours la même : la soumission aux inclinations blâmables, le refus de se conformer parfaitement aux textes de la Charia et le recours à des opinions erronées et des avis corrompus.

Il a conclu (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) que seul le groupe qui resterait fidèle à la tradition du Prophète (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) et à celle de ses Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, dans les paroles, les actes et la croyance serait sauvé.

Dans ce hadith, le Prophète () a comparé le danger des présomptions à la rage qui se propage dans le corps du patient. Celui-ci devient comme fou ; il apparaît sur lui des symptômes dangereux et il s’abstient de boire jusqu’à mourir de soif. De même, il est difficile à celui qui suit les bid’a-s et les passions de s’en débarrasser si ce n’est pas la permission d’Allah, car elles se répandent dans son cœur comme se répand la rage dans le corps du malade, n’épargnant aucune veine ni jointure. D’autre part, ce fléau est contagieux, car le malade peut transmettre à autrui ses présomptions et ses conjectures, comme le malade transmet sa rage à un autre par morsure. Raison pour laquelle le Prophète () a dit que les passions faisaient des ravages et se propageaient aussi vite que le feu dans la paille.

Quant à la soumission aux désirs, le Prophète () a dit, d’après Abû Hurayra, qu’Allah soit satisfait de lui :

Nous sommes, ma communauté et moi, comme un homme qui a allumé un feu dans lequel se jettent les insectes et les papillons. L’homme se met à les écarter du feu, mais il n'y parvient pas et ils y tombent quand même. Je vous retiens par la ceinture, et malgré cela, vous vous jetez dedans (Boukhari).

Dans ce hadith, le Prophète () a montré le danger qui menace ceux qui suivent leurs désirs et se précipitent vers les plaisirs illicites, comparant sa situation avec sa communauté à celle d’un homme qui allume un feu à la recherche de la lumière et de la chaleur. Mais ce feu, ayant illuminé les alentours, les papillons et les insectes s’y précipitent, ignorant qu’ils courent à leur perte. L’homme se met alors à les écarter loin du feu, mais ils insistent à s’y jeter.

Le hadith compare les désobéissants et les pécheurs qui courent à leur ruine sans circonspection et qui se laissent entraîner par leurs passions sans tenir compte des répercussions aux insectes éblouis par la lumière du feu et allant à leur perte.

Il compare également le Prophète () envoyé à sa communauté avec la lumière, à un homme qui essaie d’empêcher les gens de tomber dans l’Enfer garni de désirs, mais beaucoup d’entre eux, refusant de vaincre leurs passions et se soumettant à leurs inclinations, lâchent prise et tombent dans le Feu.

Ces hadiths et exemples mettent l’accent sur les conséquences fâcheuses de la soumission aux désirs et aux présomptions, et incitent le musulman à résister avec vigilance à ses passions, qui peuvent entraîner sa ruine. En effet, les tentations sont fortes et les âmes faibles, et partent facilement à la dérive, qu’elles s’en rendent compte ou pas. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :

Quant à celui qui aura dépassé les limites et aura préféré la vie présente, alors, l’Enfer sera son refuge... Et pour celui qui aura redouté de comparaître devant son Seigneur, et préservé son âme des inclinations de son âme, le Paradis sera alors son refuge (Coran 79/37-41).

Source : section arabophone d’Islamweb

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