La transcription de la Sunna prophétique 1-2

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Le Prophète () a eu recours à l’écriture pour transcrire ce qui était révélé du Coran, et pour cela, il en a chargé des scribes d’entre les Compagnons. Le Coran était ainsi écrit devant lui, sur des peaux d’animaux, des os, des pierres et des feuilles de palmiers.
Quand un verset du Coran était révélé, le Prophète () ordonnait à l’un des scribes chargés de la transcription de la Révélation de l’inscrire à tel emplacement dans telle sourate, et ce fut ainsi jusqu’à la mort du Prophète (). Et ainsi, il ne retourna à Son Seigneur qu’une fois le Coran préservé, transcrit et il ne manquait plus que de le réunir en un seul volume.
La Sunna, quant à elle, n’a pas connu le même sort, puisqu’elle n’a pas été transcrite officiellement et dans sa totalité du vivant du Prophète () comme ce fut le cas du Coran, et le Prophète () n’a pas ordonné à ses Compagnons de le faire.
Les savants ont avancé de nombreuses raisons pour lesquelles la Sunna n’a pas été transcrite du temps du Prophète () parmi lesquelles le fait que le Prophète () ait vécu pendant 23 ans parmi ses Compagnons, après l’avènement de l’Islam. La transcription de toutes ses paroles, ses avis, ses actes et leur enregistrement par écrit représentait un énorme effort et une grande difficulté, en raison du temps que cette tâche noble aurait exigé de la part des Compagnons. Et nous savons tous que les Compagnons, qu'Allah soit satisfait d’eux, ne savaient pas écrire, si ce n’est un petit nombre d’entre eux, et ces derniers étaient occupés à transcrire le Coran uniquement, sans toucher à la Sunna, pour s’y consacrer totalement et le transmettre à ceux qui viendraient après eux, sans qu’il n’en manque une seule lettre.
De même, l’une des raisons était la peur de la confusion qui aurait pu se produire chez les gens du commun. Le Coran aurait été confondu avec la Sunna, surtout dans cette période initiale, pendant laquelle la Révélation ne s’était pas achevée, et où le Coran était révélé séparément et selon les événements et les contextes ; ceci en plus du fait que les Arabes étaient une nation analphabète et dépendaient de la mémorisation dans tout ce qu’ils désiraient retenir et réciter par la suite. C’est pourquoi, ils étaient connus pour la puissance et la rapidité de leur mémorisation.
La Révélation du Coran en courts versets et sourates permettait plus facilement la mémorisation. La Sunna, quant à elle, était riche en événements et ramifications, et englobait tous les actes, paroles et approbation du Prophète () depuis le début de sa mission jusqu’à son décès. Et si elle avait été transcrite comme le fut le Coran, les Compagnons auraient été obligés de la mémoriser ainsi que le Coran, avec ce que cela comporte comme difficultés, et il était essentiel qu’ils soient disponibles, en cette période, pour transcrire le Livre divin, en le mémorisant, l’étudiant et le comprenant.
Tout ceci et d’autres raisons que les savants ont explicitées en détail, figurent parmi les secrets de la non transcription de la Sunna, à l’époque du Prophète (). Ainsi, nous comprenons la raison de l’interdiction de la rédiger, mentionnée dans le hadith rapporté par Abû Sa’îd al-Khudrî, où le Prophète () a dit : N'écrivez rien de ma part et que celui qui a écrit de ma part autre chose que le Coran, l'efface. (Mouslim).
Ceci ne signifie nullement qu’aucune partie de la Sunna ne fut transcrite à l’époque du Prophète (), car il existe des hadiths authentiques qui indiquent qu’une partie de la Sunna fut écrite pendant cette période, mais ce furent des écrits privés qui ne tombèrent pas dans le domaine public. En effet, pendant la conquête de La Mecque, le Prophète () avait ordonné à ses Compagnons, d’envoyer un message à Abû Chah, comme il envoya des messages à tous les rois et princes pour les appeler à l’Islam. De même, il a été prouvé que certains Compagnons tenaient des journaux personnels dans lesquels ils inscrivaient une partie des paroles qu’ils avaient entendues de la part du Prophète () tel que le journal de 'Abdallah ibn ‘Amr ibn al-'Âs, qu’il appelait ‘le véridique’ ; 'Alî, qu'Allah soit satisfait de lui, avait également un journal dans lequel il inscrivait les jugements relatifs au prix du sang et à la rançon du prisonnier de guerre.
Et il est prouvé que le Prophète () avait envoyé des messages à ses émirs et gouverneurs dans lesquels il avait mentionné les barèmes de la Zakât et ses différents taux, ainsi que ceux de la capitation et du prix du sang, ainsi que d’autres questions qui montrent qu’il y eût bien une certaine transcription à l’époque du Prophète ().
Ainsi, lorsque le Prophète () mourut, la Sunna n’avait pas été entièrement transcrite, contrairement au Coran. Puis vinrent les époques des califes bien guidés et ils ne transcrivirent pas la Sunna dans des volumes, de peur que les gens ne les considèrent comme équivalents au Coran, et ils décidèrent de ne pas la transcrire pendant toute l’époque de leur califat. 'Umar, qu'Allah soit satisfait de lui, cependant, pensa collecter la Sunna et il demanda conseil aux Compagnons du Prophète () qui lui recommandèrent de le faire. Il passa alors un mois à effectuer la prière de consultation et un jour il se réveilla, la décision divine ayant été établie, et il dit : Je voulais transcrire les traditions du Prophète () et je me suis souvenu de peuples qui vous ont précédés et qui avaient écrit des livres. Ils s’y sont consacrés en délaissant le Livre d’Allah, exalté soit-Il. Je jure par Allah, que je ne mélangerai jamais le Livre d’Allah à rien d’autre.
Cet avis de 'Umar était conforme à l’état des gens de l’époque. Le Coran était encore une nouveauté pour eux, plus particulièrement pour les habitants des contrées lointaines qui venaient d'embrasser l’Islam. Et si la Sunna avait été transcrite et diffusée dans ces pays, et que les gens s’étaient mis à la mémoriser et à l’étudier, elle aurait concurrencé le Coran, et il y avait le risque qu’elle se confonde avec lui pour bon nombre d’entre eux. De plus, cet avis ne risquait pas de conduire à la perte des hadiths, car les gens étaient encore sur une voie exemplaire et leurs capacités de mémorisation des traditions étaient encore fortes, et ils les transmettaient avec loyauté. Les califes suivirent cet avis de 'Umar, qu'Allah soit satisfait de lui, et aucun d’entre eux n’a été connu pour avoir transcrit la Sunna ou l’avoir ordonné aux gens.
Ainsi, l’ère des Compagnons s’acheva et seule une infime partie de la Sunna fut transcrite, jusqu’au calife 'Umar ibn Abd al-'Azîz, qui ordonna de la collecter, car certaines circonstances l’exigeaient, après que la Oumma eut mémorisé le Livre de son Seigneur, exalté soit-Il, et qu’il ne risquait plus d’être confondu avec les traditions prophétiques.

Source : la section arabe d’Islamweb

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