La révélation au patient de la réalité de sa maladie incurable

  • Date de publication:12/01/2017
  • Catégories:Médecine
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La relation qui existe entre le médecin et son patient repose sur un ensemble d’éthiques dont la confiance, l'honnêteté, la sincérité, la confidentialité et la transparence dans l'échange des informations. Parmi les principes médicaux reconnus il y a le fait que le patient a, avant tout le monde, le droit de connaître la nature de la maladie dont il souffre ainsi que ses causes, ses symptômes et les résultats des tests de laboratoire la concernant sans parler des complications qui peuvent s’en suivre, des possibilités de sa guérison ou de sa mort et de bien d'autres informations de ce genre et qui donnent lieu à des actes de la part du patient tels l’élaboration de son testament, la remise aux autres des dépôts qu’ils lui ont confiés, le paiement de ses dettes et autres.

Il ne fait aucun doute que la révélation au patient du caractère incurable de sa maladie n'est pas facile. Au contraire, cela demande du médecin beaucoup de patience et autant de sagesse. Mais, avant tout, il doit suivre quelques étapes et prendre un certain nombre de mesures qui se résument ainsi :

- être familier avec le diagnostic de la maladie et des procédures thérapeutiques disponibles.

- préparer le patient psychologiquement pour recevoir des informations sur sa maladie.

- demander au patient ce qu'il sait au sujet de sa maladie avant de le mettre au fait de cette dernière.

- faire preuve de sagesse dans le choix et la quantité des informations à révéler au patient.

- choisir, pour s’adresser au patient, un langage qui lui soit clair et compréhensible et sur un ton qui témoigne de l'attention, de la sympathie, de la compassion et de l’apitoiement.

- laisser au patient suffisamment de temps pour digérer les informations qui lui sont fournies.

- répondre à ses questions de façon claire, calme et attentionnée même si celles-ci sont superficielles, ou n'ont rien à voir directement avec la maladie.

- rappeler au patient la miséricorde du Tout-Puissant et sa capacité à guérir toutes sortes de maladies et que la guérison ne dépend que de Lui et Lui Seul. Il est souhaitable, dans ce cadre, de lui faire part de cas incurables que le Tout-Puissant a guéris après que les médecins en ont désespérés mais en prenant soin, toutefois, de ne pas susciter chez lui un faux sentiment qu'il va inévitablement récupérer, parce que cela pourrait l’inciter à reporter certaines des actions qu'il souhaitait effectuer, ou que la religion lui impose de faire à l’approche de sa mort.

- suivre constamment l'état du patient, jusqu'au dernier moment de sa vie, quel qu’en soit la durée étant donné que certaines maladies incurables peuvent durer plusieurs mois, voire plusieurs années (durée de la vie végétative, la mort cérébrale, etc.).

En somme, il ne t’est pas permis de cacher au patient la réalité de sa maladie surtout lorsque celui-ci est désireux d’en connaître la nature et le sort de son état de santé. Qui sait, peut-être qu’en apprenant cela le patient cherchera-t-il à se rapprocher davantage du Tout-Puissant, à se décharger de certaines responsabilités et à s’acquitter des droits d’autrui et autres obligations qu’il lui revient de faire avant de mourir et de se trouver en face de son Seigneur. Aussi, les lois de l’exercice de la profession stipulent-elles que le médecin peut, dans le cas de maladies incurables ou qui menacent la vie du patient, apprécier, selon ce que lui dicte sa propre conscience, la pertinence d’informer le patient ou sa famille de la réalité de la maladie, à moins que celui-ci le lui ait défendu ou ait désigné une personne ou des personnes auxquelles se limitent la divulgation de cette information .


Ici nous sommes devant un cas particulièrement sensible et auquel on doit être attentif. C’est le cas où, dans beaucoup de situations, la famille du patient ne veut pas que le médecin révèle à celui-ci la réalité de sa maladie, arguant que, le connaissant mieux, ils sont convaincus qu’il ne saurait supporter une telle divulgation qui, à leurs yeux, ne fera qu’empirer et détériorer son état. Cette attitude est souvent adoptée par les enfants vis-à-vis de leur père ou de leur mère malades. Dans une telle situation le médecin doit tenir une réunion avec eux en se faisant assister par un psychologue, pour faire comprendre aux parents que l'état de leur patient est incurable et que, du point de vue de la Charia, il doit être informé afin de pouvoir se repentir correctement et s’acquitter de ses devoirs. Nous avons constaté dans la pratique médicale que, souvent, ils réagissent positivement à cela. Bien mieux, il arrive que parfois ils prennent eux-mêmes l’initiative lorsque les parents, n’y étant pas favorables, ne la prennent pas et que, de l’avis du médecin traitant et du psychologue, la situation psychologique du patient le permet. Dans ce cas, aucune attention ne sera prêtée à l'opinion des parents et c’est l'équipe médicale qui se chargera d’informer le patient de son état ainsi que des possibles développements qu’il peut connaitre.

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