L'héritage du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam)

35145 5359

D'après 'Amr ibn al-Hârith, qu'Allah soit satisfait de lui : À sa mort, le Prophète () ne laissa aucun héritage : pas un dirham, ni un dinar, ni un esclave, homme ou femme. Les seules choses qu’il laissa furent sa mule blanche qui lui servait de monture, ses armes et un morceau de terre à Khaybar qu’il laissa en aumône aux voyageurs de passage. (Boukhari).

D'après 'Aicha : L'Envoyé d'Allah () n'a laissé en guise d'héritage ni dinar, ni dirham, ni brebis, ni chameau, et donc il ne fit pas de testament . (Mouslim).

C'est-à-dire qu'il ne fit pas de testament pour le tiers de ses biens ou autres du fait qu'il n'avait pas laissé de biens. Quant à ses testaments en rapport avec les questions religieuses, il a été déjà mentionné qu'il a conseillé de s’en tenir au Livre d'Allah et à la Sunna de son Prophète, de prendre soin de sa famille, de bannir les polythéistes de la péninsule Arabique, de faire preuve de générosité avec les délégations étrangères, d'observer la prière, de prendre soin des esclaves, etc.

Le Prophète () dit : Nous autres les prophètes nous ne laissons aucun bien en héritage. Tout ce que nous laissons derrière nous est aumône (Boukhari et Mouslim)

En effet, Allah, exalté soit-Il, ne l'envoya pas en tant que collecteur de fonds ou trésorier, mais comme guide pour les gens, annonciateur de la bonne nouvelle, avertisseur, prédicateur appelant à Allah, exalté soit-Il, par Sa permission, et lampe lumineuse, comme tous les prophètes et les messagers d'Allah (Alaihim Salam) qui l'ont précédé. C'est pour cette raison que le Prophète () dit : Les oulémas sont les héritiers des prophètes, les prophètes ne lèguent aucun dinar ni de dirham, par contre ils lèguent la science. Celui qui s’emparera d’elle (la science), se pourvoira d’un privilège grandissant. [Abou Dawoud, al-Tirmidhî, Ibn Mâdjah (al-Albânî: sahîh)].

Les Compagnons, à l'exemple d'Ibn Mas'ûd et Abû Hurayra, ont bien compris et mis en pratique ce hadith assimilé la leçon, comme le prouvent les narrations suivantes :
1- Sulayman ibn Mahran a dit : Alors qu’Ibn Mas'ûd, qu'Allah soit satisfait de lui, était accompagné de quelques Compagnons, un bédouin passa et dit : pour quelle raison ces gens se rassemblent-ils ? Ibn Mas'ûd, qu'Allah soit satisfait de lui, lui répondit : "ils se rassemblent pour se partager l'héritage de Mohammad (Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam) ". (al-Khatib al-Baghdâdî).
2- Un jour, Abû Hurayra, alors qu’il passait par le sud de Médine, vit les gens captivés, comme à l’accoutumée, par le commerce. Il engagea alors avec eux une conversation riche d'enseignements :
" Que vous êtes faibles, ô gens de Médine ! s’exclama-t-il.
- Quelle faiblesse vois-tu en nous, Abû Hurayra ? demandèrent-ils.
- L’héritage du Messager d’Allah () est distribué et vous restez ici ! N’irez-vous donc pas chercher votre part ?
- Où est ce qu'il est distribué, Ô Abû Hurayra ?
- Dans la mosquée."
Ils s’y précipitèrent. Abû Hurayra attendit qu’ils reviennent. À leur retour, ils dirent : "Ô Abû Hurayra, nous sommes allés à la mosquée et rien n’y était distribué. "
" Vous n’avez donc vu personne à la mosquée ? demanda-t-il.
- Si, des gens y faisaient la salat, certains lisaient le Coran et d’autres discutaient de ce qui était halal (licite) et haram (illicite).
- Malheur à vous, répondit Abû Hurayra, c’est justement ça l’héritage de Mohammad ()

L'héritage du Prophète () est le Livre, la Sunna, le savoir, et le fait de suivre son exemple; pour cette raison, le Prophète () a rendu l'âme sans laisser ni dirham, ni dinar, ni esclave, homme ou femme, ni chameau, ni brebis, ni rien à part sa mule, ses armes et un lopin de terre dont il fit l’aumône aux voyageurs de passage.

D'après 'Aîcha, : Le Prophète () rendit l'âme en laissant son bouclier en gage chez un Juif pour trente Sâ' d'orge. (Boukhari et Mouslim)

Ce hadith indique que le Prophète () dédaignait les jouissances de la vie d'ici-bas, et se passait des gens. Pour cette raison, il ne demanda pas l'aide des Compagnons et n'emprunta rien d'eux, car ils auraient certainement refusé de prendre son bouclier en gage ou d'accepter qu'il les rembourse, alors il décida de traiter avec un Juif pour éviter de causer une gêne à l'un d'entre eux.

Durant sa vie, le Prophète souffrait souvent de la faim, au point qu'il passait un ou deux mois sans que le feu ne soit allumé pour cuire de la nourriture dans aucune de ses maisons.

'Urwa dit à 'Aîcha, qu'Allah soit satisfait d'eux tous : De quoi vous nourrissiez-vous ? Elle répondit : de deux nourritures noires : les dattes sèches et l'eau… (Boukhari).

Qui plus est, le Prophète () disait souvent : Qu’ai-je à faire de ce bas monde ? Moi et lui, nous ressemblons à un cavalier qui, par une journée chaude, décide de se mettre à l'ombre d'un arbre pendant une heure avant de la laisser et repartir. (Ahmad, al-Tirmidhî, Ibn Mâdjah)
Finalement, les leçons, les profits, les enseignements à tirer de ce chapitre sont nombreux, nous pouvons en citer à titre d'exemple :
1. les prophètes (Alaihim Salam) ne sont pas envoyés pour amasser des richesses mais pour guider les gens et les faire sortir des ténèbres vers la lumière, et c’est pour cette raison qu’ils ne lèguent ni dinar ni dirham, mais laissent en héritage le savoir, et celui qui l'acquerra sera bien fortuné.
2. le détachement du Prophète () des plaisirs de ce bas monde et de ses jouissances éphémères, car il se voyait comme un voyageur qui reste à l'ombre d'un arbre un moment puis s'en va en l'abandonnant.
3. le Prophète () se passe de l'aide des gens car il emprunte et met en gage pour ne pas imposer à ses Compagnons une charge excessive, c’est pour cette raison qu’il a rendu l'âme alors que son bouclier était en gage pour trente Sâ’ d'orge.
4. la vie dure et le manque de ressources matérielles du Prophète () au point qu'un ou deux mois pouvaient passer sans que le feu ne soit allumé pour cuire de la nourriture dans ses maisons, ne fournissant à sa famille que des dattes sèches et de l'eau.
Que la paix et le salut d'Allah soient sur lui tant que le jour et la nuit se succèderont, j'implore Allah le Grand, Le Très Haut, de faire de nous ses loyaux adeptes et de nous rassembler au Jour du Jugement Dernier au sein de son groupe.

Articles en relation