Réflexions suscitées par 'Arafat

8855 2003

Ô 'Arafat, symbole de la  communauté et de la révélation ! Que de foules se sont tenues sur ton aire ! Que de larmes ont été versées sur ton sol ! Que de gens ont fait connaissance sur tes flans ! Que de races différentes se sont fondues les unes aux autres dans ton périmètre ! Que de gens humbles ont été bénis et de désobéissants invétérés se sont repentis ! Que de cœurs se sont enlacés sur ton espace ! Que de malheurs ont été dissipés et de péchés pardonnés sur ta terre ! Que de larmes de pécheurs se sont mélangées et de voix de repentis se sont mêlées sur ta vallée ! Combien d’aspirations se sont unifiées chez-toi ? Combien d’intentions sincères y ont été formulées ? Combien de larmes de repentir y ont coulé ? Que les habitants de la terre s’y sont montrés humbles face au Créateur des cieux !

Ô musulmans, combien les cœurs de vos ennemis déversent de rancune ! Combien ils se mordent les doigts de rage ! Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

Ni les négateurs parmi les gens du Livre ni les idolâtres ne voudraient qu’une faveur quelconque vous soit accordée par votre Seigneur. Mais Allah réserve Sa grâce à qui Il veut, car Allah est le Détenteur de la grâce infinie. (Coran 2/ 105).

Ils visent à éradiquer la religion, à affaiblir les forces des musulmans  pour que ceux-ci suivent leurs passions et que les malheurs dominent, et ce dans le but de ne permettre ni à la religion islamique de prendre le dessus, ni à la foi des musulmans de se consolider, ni aux musulmans de dominer.

Pourquoi tombons-nous dans la discorde acharnée ? Et pourquoi notre espoir de retourner à la source pure devient-il inaccessible ? Chers bien-aimés, Celui Qui vous a ordonné de répondre à son appel en répétant la Talbiya et Qui vous a ordonné d'accomplir le pèlerinage – et à Qui vous avez répondu positivement – est le même Qui dit (sens du verset) : Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée… (Coran 8 / 60). Armez-vous de piété face à eux, car celui qui veut devenir riche sans argent, puissant sans prestige et respecté sans pouvoir, qu'il craigne Allah, exalté soit-Il, car Allah, exalté soit-Il, n'humilie que ceux qui Lui désobéissent.

Souvenez-vous bien du conseil que votre Prophète () vous a adressé il y a mille quatre cent ans le jour du sacrifice à Mina en déclarant, sous forme de recommandation et d’avertissement : Tout comme vous considérez ce Mois, ce Jour, cette Cité comme Sacrés jusqu'au jour où vous rencontrez votre Seigneur, considérez aussi la vie et les biens de chaque Musulman comme sacrés.  Ai-je bien transmis le message ?
– “Tu nous l'as bien transmis, ô Messager d'Allah, exalté soit-Il”, répondit-on.
– “Que ceux qui sont présents ici transmettent ce message aux absents car celui qui le recevra le comprendra peut-être mieux que celui qui le transmettra. Et après ma mort, ne redevenez pas des mécréants qui s'entretuent”, dit-il (Boukhari).

Souvenez-vous donc bien de cela et sachez que la nation qui commet des péchés et ne suit pas les ordres d'Allah, exalté soit-Il, est vouée à la décadence. Par Allah, vous n'êtes pas meilleurs que S'ad ibn Abî Waqqâs, qu'Allah soit satisfait de lui, héros de la bataille d'al-Qâdissiya, l’un des élus au Paradis et l'un des premiers musulmans. En dépit de tout cela, voici le conseil que lui adressa 'Umar ibn al-Khattâb, qu'Allah soit satisfait de lui, au moment où il se préparait à la marche vers al-Qâdissiya: Ô Sa'd, ne te laisse pas tromper que l’on dise : celui-ci est l'oncle maternel du Messager () celui-là est le Compagnon du Messager () car Allah, exalté soit-Il, n'efface pas les mauvaises actions par d'autres mauvaises actions, mais il efface les mauvaises actions par les bonnes actions. Ô Sa'd, pour Allah, la filiation n'est d'aucune utilité, et c'est seulement la dévotion qui compte. Donc tous les gens, notables ou de souche modeste, sont égaux aux yeux d'Allah, exalté soit-Il. Allah est leur Seigneur et ils sont Ses serviteurs. La piété est le seul critère qui distingue les uns des autres. Ils peuvent obtenir ce qui est auprès d'Allah, exalté soit-Il, par la dévotion. Qu'Allah vous fasse miséricorde ! Ayez donc des cœurs bienveillants envers les croyants et soyez des lions féroces envers les ennemis de votre religion !

Avez-vous oublié, chers bien-aimés, la colère de votre Messager () lorsqu'il jura que les Juifs ne passeraient pas une nuit de plus à Médine et qu’il exécuta son serment ? Avez-vous oublié la colère du doux et docile Abû Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, lorsqu'il dit, furieux: Par Allah s'ils avaient refusé de me donner un Iqâl qu'ils donnaient au Messager d'Allah (à titre de Zakât), je les aurais combattus pour la leur disputer.

Avez-vous oublié la colère de Nûr al-dîn, qu'Allah lui fasse miséricorde, lorsque Jérusalem tomba entre les mains des croisés et qu’il resta triste et affligé, et lorsque quelqu'un lui demanda : Pourquoi est-ce que tu ne ris pas ? Il répondit : Le Regard d'Allah, exalté soit-Il, me gêne ; comment sourire alors que Jérusalem est entre les mains de nos ennemis ?

Maintenant chers bien-aimés, quand est-ce que les exemplaires de Coran que nos ennemis brûlent, les mosquées qu'ils détruisent, les honneurs qu'ils violent, les enfants qu'ils foulent aux pieds, les larmes de Jérusalem, de la Bosnie-Herzégovine, de l’Érythrée et de la Somalie et d'autres pays nous pousseront-ils à réagir ?
Nous voudrions une communauté sérieuse en paroles comme en actes. Une communauté qui parle en connaissance de cause. Une communauté qui vit en paix avec les autres en connaissance de cause. Nous voulons de même une communauté qui, si elle combat ou prend une décision, ne le fasse pas à la légère sans réfléchir.

Yahia ibn Mu'âdh, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : Les cœurs sont dans les poitrines comme des récipients en ébullition. Les louches sont leurs langues. Attends donc que ton interlocuteur s’exprime, car sa langue puisera ce qui est dans son cœur ; tantôt doux, tantôt amère, tantôt sucré ou salée, sa langue t'informera alors de la saveur de son cœur.

'Adî ibn Hâtim al-Tâ'i, qu'Allah soit satisfait de lui, a dit : Je me rendis auprès du prince des croyants 'Umar ibn al-Khattâb, qu'Allah soit satisfait de lui, en compagnie d'une délégation. Il se mit à appeler les membres de cette délégation l'un après l'autre en mentionnant leurs noms. Je lui dis alors: “Ne me connais-tu pas, ô prince des croyants ?”
– “Si, je te connais, me dit-il, C'est toi qui as embrassé l'Islam lorsqu'autrui a mécru. C'est toi qui as courageusement livré combat lorsqu'autrui a rebroussé chemin, qui as honoré tes engagements lorsqu'autrui a trahi les leurs, et qui a reconnu la vérité lorsqu'autrui l’a reniée'.
– “Donc peu importe ce qui m'arrive par la suite (puisque tu as dit cela de moi), dit 'Adî”

Telles sont donc les provisions de 'Adî et c'est l'objet de sa fierté, son capital et la valeur de sa personnalité.

Celui qui ne soucie que de la vie d'ici-bas ne peut pas comprendre cela à cause de sa peur pour sa vie, pour son argent, pour ses jouissances, pour son bien-être, pour son repos et pour sa stabilité dans ce bas monde.
 

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