Le musulman à l’ombre de sa charité

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Un homme du nom d’Ibn Gud’ân nous raconte l’histoire suivante : Un jour de printemps je mis le nez dehors et me mis à contempler mon troupeau de chameaux. Ils étaient tous en bonne santé, les femelles étaient pleines de lait. Je jetai alors un regard sur ma chamelle préférée et me dis que pour remercier Allah de tout ceci je devais en faire don à mon voisin qui lui était pauvre et qui avait à sa charge sept filles. Je me mis donc en route avec la chamelle et une fois arrivé sur le pas de sa porte je lui dis : Pour l’amour de Dieu prend cette chamelle en cadeau. Il resta sans voix mais je pus lire sur son visage qu’il était très heureux. Il tira un grand bénéfice de ce don, le lait de la chamelle coulait en abondance et elle le soulageait lorsqu’il devait transporter certaines denrées.
Après le printemps vint un été sec et chaud, comme nous les connaissons chez nous. Les bédouins allaient de place en place à la recherche d’eau et de pâturage pour leur troupeau.
Nous nous mîmes en route dans cet immense désert à la recherche d’eau souterraine. Je rentrai dans une galerie creusée à cet effet, mes trois fils m’attendaient à son entrée. Je m’égarai jusqu’à perdre totalement mon chemin dans ces tunnels, je ne retrouvai plus mon chemin, j’étais perdu !
Pendant ce temps mes trois fils attendaient le retour de leur père, mais je ne venais pas. Ils m’attendirent trois jours et ensuite s’accordèrent à penser que j’étais mort, que je n’avais pu survivre plus de trois jours sans manger ni boire. En fait ce n’est pas moi qu’ils attendaient à l’entrée de la galerie mais plutôt ma mort. Ils voulaient me voir mort pour se partager ma fortune. Une fois convaincus que j’étais mort, ils se précipitèrent pour diviser entre eux le magot. L’un d’entre eux se rappela la chamelle donnée au voisin et ils se mirent en tête de la récupérer, ils lui rendirent visite et le menacèrent : Soit tu nous rends la chamelle et en échange nous te donnerons ce chameau soit nous serons obligés de la prendre par la force et tu n’auras rien en échange.
Le voisin choqué par cette requête répliqua par ces mots : Dois-je vous rappeler que cette chamelle est un don par lequel votre père m’a honoré ?
- Il est à présent mort !
- Mort ? Que s’est-il passé ? Où est-il ?
- Il est entré dans une galerie et n’en ai jamais revenu.
- Prenez la chamelle, je ne veux rien de vous sauf que vous me guidiez jusqu’à la galerie.
Les frères s’exécutèrent et laissèrent leur voisin seul devant la galerie. Ce dernier prit alors une corde qu’il noua à un rocher proche de l’entrée, il prit une torche et s’avança dans le trou. Il rampa et escalada jusqu’à sentir l’odeur de l’eau. Il s’en rapprocha et entendit des grognements et gémissements, il s’en rapprocha jusqu’à sentir un corps qu’il toucha. Il mit sa main devant sur le visage de ce corps inerte afin de s’assurer que j’étais encore vivant, une fois rassuré il me tira hors de la galerie et me couvrit les yeux pour ne pas que je sois aveuglé par la lumière du soleil.
Mon voisin venait de me sauver, il me donna quelques dates et me ramena chez lui, Une fois remis sur pied, il vint à moi et me demanda : Ibn Gud’ân dis-moi comment tu as pu survivre une semaine entière dans ce trou ?
- Lorsque j’ai perdu mon chemin dans cette galerie, j’ai trouvé une source auprès de laquelle je me suis assis, j’ai ainsi bu boire à satiété. Mais j’avais besoin de manger pas seulement de boire et après trois jours, je fus affamé. Je me suis mis sur le dos, ne sachant que faire et plaçai ma confiance en Allah le Très-Haut, étant sûr qu’Il me délivrerait de ma prison. Soudain j’ai senti des gouttes de lait tomber dans ma bouche, je me suis assis mais ne vis rien dans ces ténèbres. Je trouvai un pot de lait à mes pieds et le bus jusqu’à le vider, une fois vide le pot disparut. Cette scène se reproduisit tous les jours, trois fois. Mais il y a deux jours de cela le pot ne revint pas et je ne sais pourquoi…
Mon voisin me dit alors : Je sais pourquoi le pot ne t’est pas réapparu. Tes fils pensant que tu étais mort, sont venus me voir il y a de cela deux jours et ils m’ont pris la chamelle que tu m’avais donnée. Cette chamelle était pour toi la source dont provenait le lait dans cette galerie. Certes le musulman est à l’ombre de sa charité.

 


Anas ibn Mâlik, puisse Allah l’agréé, a dit que le Prophète () a dit : Les bonnes actions sont un bouclier contre la mauvaise fin, les malheurs et les maladies, certes les gens de bien ici-bas sont aussi les gens de bien dans l’au-delà. (al-Albânî: Sahîh).
 

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