Knud Holmboe : le journaliste danois qui recherchait la vérité

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Knud Valdemar Gylding Holmboe est né dans la ville de Horsens au Danemark le 22 avril 1902. Alors que son jeune frère s’intéressait à la musique classique, il devint d’ailleurs un compositeur célèbre, Knud fut plutôt porté sur l’écriture et il fit donc du journalisme son métier.
Il est important de dire que le nom de Knud Holmboe n’est connu que d’un petit nombre de Danois ; en revanche, il est considéré comme un grand combattant nationaliste en Lybie, de même que l’évocation de son nom peut éveiller de grands sentiments dans les cœurs des gens dans certains autres pays arabes. A titre d’exemple, son portrait dans le musée national à Tripoli qui regarde les visiteurs est une preuve incontestable de la grande estime dont il jouit dans ce pays.

Sa conversion à l’Islam :

Après avoir vécu un court moment dans un monastère du Luxembourg, Knud Holmboe rejeta la foi catholique à laquelle il s’était converti quelque temps auparavant, puis il décida de partir pour le Maroc où pour la première fois il fut confronté à l’Islam qui le fascina littéralement. Et c’est donc en 1924 qu’il se convertit officiellement à l’Islam, ce qui fit de lui l’un des premiers musulmans du Danemark, il prit pour nom musulman ‘Ali Ahmad al-Djazîrî.

Sa vision de l’Islam :

Knud Holmboe était un homme idéaliste et ayant une vision particulière des choses, il appréhendait sa nouvelle foi avec zèle et enthousiasme, et même si cette attitude très engagée ne s’accordait pas vraiment avec le monde académique, lui, qui était l’un des premiers musulmans du Danemark, voulait faire profiter les autres de sa connaissance profonde de l’Orient, il rêvait alors que l’Islam devienne la religion du futur.
Dans une lettre adressée à ses parents voici ce que dit Knud Holmboe : Je souhaite et je suis même persuadé que l’Islam a un avenir, et notamment en Europe du Nord où actuellement les gens cherchent une religion qui leur apporterait plus que ce que leur apporte la religion chrétienne, laquelle a perdu totalement notre respect. Je souhaite également que la religion du futur soit l’Islam et seulement l’Islam, car cette religion peut apporter un bonheur parfait à chacun, à la différence du communisme, du socialisme ou de tout autre idéologie moderne qui prétend réaliser cet objectif pour l’humanité .

Knud oppose la vie spirituelle à la vie matérialiste :

Dans une lettre écrite par lui, voici ce que dit Knud Holmboe : Cette vie matérialiste qui règne en Europe lui a fait perdre toute spiritualité, elle détruit en outre la capacité des gens à apprécier la beauté. En revanche, je ne dis absolument pas que la vie en Orient est meilleure ; en effet, l’homme oriental a également été très influencé par cette civilisation matérialiste qui corrompt la vie spirituelle, cette vie matérialiste est devenue une sorte de dieu pour l’homme alors qu’elle ne devrait être simplement qu’à son service .

Les contributions de Knud Holmboe :

Knud Holmboe ne s’est pas contenté de critiquer la civilisation européenne du point de vue de la spiritualité, mais il faut souligner également que ses expériences dans le champ de la politique en Europe le poussèrent à rédiger des écrits politiques dans lesquels il faisait le procès de l’impérialisme occidental en général et celui de l’Italie en particulier.
En 1925, Knud Holmboe fit un voyage en Palestine, en Syrie et en Iraq, notons que dans ce dernier pays il couvrit, en tant que journaliste pour des journaux anglais et danois, les conflits qui le déchiraient, cela faillit d’ailleurs lui coûter la vie, il dut partir pour le sud de l’Iraq et se réfugier dans la ville de Bassora, et de cette dernière ville il partit à pied jusqu’à Téhéran, se joignant à des caravanes chamelières, les dernières de ce siècle selon ses dires.
En 1927, Knud Holmboe partit pour les Balkans, là encore il fut confronté à des problèmes liés à la politique lorsqu’il prit une photo des soldats de Mussolini en train d’exécuter un prêtre qui critiquait le régime en Albanie. Cette photo fit le tour du monde, de plus après cette enquête journalistique faite en Albanie, les journaux internationaux rivalisèrent entre eux pour pouvoir faire de Holmboe leur correspondant dans ce pays. Evidemment l’Italie fut très mécontente des critiques du Danois à son égard.

Knud Holmboe au Maroc :

Après son expérience dans les Balkans, Knud Holmboe rentra au Danemark, mais il ne réussit pas à s’y faire une place, il dut en outre faire face à des difficultés financières, il décida donc en 1929 de quitter son pays d’origine pour aller au Maroc afin de s’y installer avec sa femme Noura et leur petite fille Aïcha. Au début de l’année 1930 Knud Holmboe décida d’être le premier occidental à traverser le Sahara en voiture, le but de ce périple était la découverte de cette vaste région encore en partie inexplorée ; toutefois, lorsque Holmboe arriva en Lybie, qui était alors occupée par les Italiens, il constata que le peuple de ce pays était en train de subir de grandes violences de la part de l’occupant, c’est ainsi que les civils étaient chassés de chez eux, exécutés de manière arbitraire, de même que les Italiens perpétraient contre eux des massacres collectifs, les affamaient ou bien les empoisonnaient avec du gaz.

Knud Holmboe prit fait et cause pour la résistance libyenne :

Outre le fait que Knud Holmboe consigna tout ce qu’il voyait en Libye en termes d’exactions contre son peuple, il choisit de s’engager complètement dans la résistance libyenne, laquelle lui demanda de l’aider en communiquant avec le monde extérieur ; cependant, les Italiens mirent la main sur Knud Holmboe, le mirent brièvement en prison et finirent par l’expulser de Lybie. Le Danois se retrouva donc en Egypte, là, dans une oasis très isolée, Knud Holmboe, avec l’aide d’un officier allemand, décida de mettre sur pied une caravane qui devait traverser la frontière libyenne afin d’amener du ravitaillement et des armes à la résistance. Toutefois, après une demande faite par l’ambassadeur italien en Egypte, Knud Holmboe fut arrêté et mis en prison, et ce, alors qu’il était sur le point de mettre son plan à exécution. Knud Holmboe fut donc incarcéré durant un mois dans une prison égyptienne avant d’être renvoyé du pays vers le Danemark où il resta six mois, il profita de ce court séjour dans son pays d’origine pour publier un livre intitulé Le Sahara s’embrase, livre dans lequel il relatait ce qu’il avait vu du génocide que subissait le peuple libyen ainsi que ce qu’il vécut lors de son voyage à travers le Sahara ; ce récit fut à l’époque l’un des ouvrages les mieux vendus en Europe et aux Etats-Unis, mais il fut évidemment interdit immédiatement en Italie.

La disparition de Knud Holmboe :


Peu de temps avant le début de mois de mai 1931, Knud Holmboe prit la décision d’entreprendre un second grand voyage, et ce, dans le but d’accomplir le pèlerinage à La Mecque. Chemin faisant il eut l’idée de visiter les centres de commandement de la résistance libyenne en exil en Turquie et dans certains pays arabes ; par ailleurs, en arrivant à Damas, il constata que son livre Le Sahara s’embrase avait été traduit en arabe, laquelle traduction fut beaucoup lue et l’une des conséquences de ce succès fut l’attaque du consulat italien à Damas par une foule en colère. Ces agitations politiques déplurent grandement aux forces d’occupation française qui contrôlaient alors la Syrie ; ainsi, une fois encore Knud Holmboe fut emprisonné et renvoyé du pays. Il se retrouva donc dans la capitale jordanienne Amman où il échappa à deux tentatives d’assassinat, de même qu’il était suivi et surveillé par un officier germano-italien du renseignement. Après ces événements, Knud Holmboe quitta le 11 octobre 1931 le port d’Aqaba en Jordanie à dos de chameau, il arriva donc seul dans la ville de Halq en Arabie Saoudite, mais après ça il a complètement disparu sans laisser aucune trace.
Ainsi vécut Knud Holmboe, honnête homme danois converti à l’Islam qui avait pris fait et cause pour la cause arabe et pour la justice, et qui disparut alors qu’il se rendait vers la Maison Sacrée, qu’Allah l’accueille dans Son immense miséricorde.
 

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