Mûsâ Cerantonio a été subjugué par les miracles coraniques (II)

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Voici la seconde partie de l’entretien accordé par Mûsâ Cerantonio au quotidien égyptien al-Ahram. Dans la première partie, Mûsâ a évoqué sa vie avant sa conversion, les réactions de son entourage quand il apprit qu’il était devenu musulman ou encore l’image négative de l’Islam véhiculée en Occident. Dans cette seconde partie, le frère Mûsâ parlera plus spécifiquement de son travail de prédication en Australie, de la communauté musulmane de ce pays ou encore des difficultés auxquelles font face les nouveaux convertis.


Parlez-nous de votre travail de prédication en Australie ?

J’ai commencé ce travail en Australie au sein d’une organisation islamique de Melbourne, son activité principale était de faire connaître l’Islam et d’expliquer ce qu’il était réellement. J’ai également travaillé à l’Organisation de l’héritage islamique, laquelle se charge d’enseigner l’histoire islamique, matière que j’aime particulièrement. Par ailleurs, de nombreuses organisations islamiques m’ont invité dans le monde arabo-musulman afin de faire des conférences dans des congrès comme celui de la chaîne Salam en Inde, ce dernier a lieu tous les deux ans et des centaines de milliers de musulmans y participent, de même que je me suis rendu plusieurs fois dans le sud des Philippines, c’est-à-dire là où se trouvent les régions musulmanes, j’ai été en outre deux fois à Dubaï, au Qatar, au Kuweit et à Abou Dhabi.

Parlez-nous de la communauté musulmane d’Australie ?

Le nombre des musulmans en Australie est d’environ un demi-million d’individus sur une population totale de 22 millions d’habitants, et la plupart des musulmans se regroupent principalement dans deux villes, Sydney et Melbourne. Par exemple, à Sydney, dans certaines zones la moitié des habitants sont des musulmans, là-bas tu as l’impression d’être au Liban ou à Istanbul. Dans ces deux villes on trouve de nombreuses mosquées, de nombreux restaurants et boucheries qui proposent de la viande sacrifiée selon les règles de la Charia ainsi qu’un grand nombre de centres islamiques. La communauté islamique en Australie s’est beaucoup développée durant ces dix dernières années. La majorité des musulmans de ce pays sont des immigrés, et il est notable que les enfants de ces derniers pratiquent plus la religion que leurs parents, par exemple on peut voir une mère ne portant pas le voile alors que sa fille, elle, le porte ou bien un père qui ne prie pas alors que ses fils quant à eux accomplissent cette obligation. Il est donc étonnant de constater que la majorité des membres de la deuxième génération d’immigrés sont plus attachés à leur religion et très pratiquants.
Nous avons en Australie environ dix grands centres islamiques, et chaque semaine on assiste à la conversion de trois ou quatre personnes dans quasiment chacun de ces centres. Nous pouvons affirmer qu’environ quarante personnes en moyenne embrassent l’Islam en Australie chaque semaine. A mon avis le succès de ces organisations islamiques en Australie en particulier et en Occident en général revient aux efforts immenses consentis par ces centres dans le travail de diffusion du message islamique, et ce, à travers l’organisation de colloques, de congrès ou d’ateliers de travail, la distribution de publications et d’ouvrages parlant de l’Islam et expliquant ce qu’il est réellement ou encore les occasions offertes aux jeunes désireux de créer et d’innover.

Que pouvons-nous faire afin d’améliorer l’image de l’Islam dans le monde, et ce, à tous les niveaux, c’est-à-dire au niveau gouvernemental, dans les organisations islamiques ou encore chez les simples individus ?

Il nous est possible de faire beaucoup de choses à tous les niveaux ; cependant, pour commencer il ne faut pas partir du sommet vers la base, c’est-à-dire des gouvernements vers les individus, bien au contraire, il est nécessaire que le changement aille du bas vers le haut et donc qu’il commence par le travail de chaque musulman individuellement. Il faut que nous reconnaissions qu’il y a beaucoup de choses que nous pouvons apprendre des non-musulmans comme le respect des lois, la bonne organisation, la propreté, le bon comportement, l’amour du travail bien fait, la dignité humaine, l’honnêteté ou encore la loyauté ; c’est notamment toutes ces qualités qui poussent les musulmans à émigrer en Occident. Par conséquent, nous musulmans, nous nous devons, plus que tout autre, d’être exemplaires dans l’adoption et la pratique de ces qualités et vertus afin que nous puissions donner une bonne image de l’Islam.

Quelles sont les difficultés que rencontre celui qui se convertit à l’Islam ? Et comment est-il possible de les atténuer ?

Je dis toujours que le nouveau musulman est extrêmement faible, car il s’expose à une rechute à chaque instant. Par exemple, personnellement, il m’a fallu une année entière d’efforts pour devenir un vrai musulman, c’est-à-dire un musulman qui accomplit la prière et les différentes adorations. S’il y avait plus de grandes organisations islamiques mieux dispersées sur le territoire, alors les choses seraient plus rapides et beaucoup plus faciles. Le nouveau converti ne peut pas faire la différence entre le sunnisme et le chiisme ou entre les différents courants islamiques dont beaucoup sont déviants comme les Ahbachs, c’est pourquoi il a besoin de quelqu’un pour le guider et l’orienter vers le chemin authentique du Coran et de la Sunna.
Il existe certaines familles qui ne se sentent sont pas gênées par l’Islam de leurs enfants, et donc elles les aident dans leur nouveau choix, mais à l’inverse il y a des familles qui menacent leurs filles converties de les chasser de la maison si elles ne délaissent pas l’Islam ; c’est pourquoi l’une des associations islamiques a fait construire des logements afin d’accueillir les jeunes femmes musulmanes en conflit avec leur famille.
Les musulmans sont dans l’obligation d’aider spirituellement et psychologiquement chaque nouveau converti à l’Islam afin de raffermir ses pas dans cette religion. Le plus souvent le nouveau musulman quitte sa famille ou ses parents non musulmans pour rechercher des amis ou des frères en religion pouvant l’accompagner dans son cheminement spirituel ; ainsi, par exemple, les nouveaux convertis doivent veiller à accomplir rigoureusement leurs cinq prières à la mosquée ou bien encore à visiter les centre islamique de manière assidue, et ce, afin de rencontrer leurs frères dans la foi et de faire connaissance avec eux.
Les nouveaux convertis ont besoin de connaître leurs droits légaux et humains, de même que certains d’entre ont besoin d’un soutien financier et social, car en en général ils quittent leur famille et donc ils ont besoin d’une famille de substitution. C’est pour cette raison que j’enseigne systématiquement aux nouveaux convertis les moyens pour eux de se maintenir dans l’Islam et comment ne pas en sortir quelle qu’en soit la raison.
En fait, les centres islamiques proposent toutes les formes de soutien, mais le plus grand problème réside dans la manière de les faire parvenir à ceux qui en ont besoin ainsi que dans le fait d’informer les nouveaux que ces services sont à leur disposition.

 

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