Imiter les pieux et les prendre pour modèle à suivre dans la consommation de nourriture et autres
Anas, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta : J’étais un jeune garçon et je me promenais avec le Prophète (). Un jour, il entra () chez un couturier, qui était son serviteur. Celui-ci lui servit un mets contenant des courges. Le Prophète () se mit alors à rechercher les morceaux de courge tout autour de l’assiette. Quand je le vis faire, je me mis à les collecter et à les placer devant lui, et le couturier retourna alors à son travail. Depuis que je vis le Prophète () faire cela, j’aime les courges (Boukhari et Mouslim).
Enseignements de ce hadith :
1- Apparemment, ce hadith s’oppose à celui qui ordonne au musulman de manger de ce qui est devant lui. Mais la dérogation à cette règle qu’il contient dépend de plusieurs facteurs :
a- Si celui qui mange avec lui agrée son comportement.
b- Si la nourriture servie est de plusieurs genres, il peut ne pas manger seulement de ce qui se trouve devant lui. Certains ulémas qui ont expliqué ce hadith ont jugé que le mets servi au Prophète () était un potage contenant des courges et de la viande salée et séchée, et qu’il mangeait ce qu’il aimait, soit les courges, et laissait ce qu’il n’aimait pas.
c- Ils ont également jugé que le mets avait été servi au Prophète () seul, et que s’il y avait eu d’autres invités, il aurait mangé de ce qui était devant lui. Ibn Battâl a indiqué : Celui qui mange, alors qu’il se trouve avec sa famille et ses serviteurs est autorisé à manger de l’endroit du plat de son choix, à condition qu’il sache que ce comportement n’est pas détesté par les autres. Sinon, il doit manger de ce qui est devant lui . Et d’ajouter : Le Prophète () promenait sa main dans le plat, parce qu’il savait que personne ne répugnait à son comportement, voire les Compagnons tiraient bénédiction de sa salive () et du contact avec sa main, et ils rivalisaient même pour se frotter le corps avec son crachat. Pareillement, celui avec qui les gens ne détestent pas de partager leur repas peut promener sa main dans le plat . De son côté, Ibn al-Tîne a indiqué : Un homme qui mange avec son serviteur et trouve dans le plat une espèce particulière de nourriture a le droit de la consommer seul .
2- Le hadith montre qu’un noble peut répondre à l’invitation de celui qui est d’un niveau social inférieur à lui et manger chez lui.
3- Le hadith montre la modestie du Prophète () et sa gentillesse avec ses Compagnons, puisqu’il a mangé avec son serviteur.
4- Il montre le commerce agréable du Prophète (), puisqu’il rendait des visites aux jeunes et aux serviteurs chez eux.
5- Il est permis que l’hôte laisse son invité manger seul, puisque le couturier a servi le mets au Prophète (), puis est retourné à son travail.
6- Il se peut que le couturier soit retourné à son travail sans partager le repas avec le Prophète () parce que la nourriture était en petite quantité et qu’il ait préféré la laisser à ses invités. Il se peut également qu’il se soit comporté de cette manière parce qu’il n’avait pas faim, parce qu’il jeûnait ou parce qu’il devait terminer son travail.
7- Le hadith met en relief le mérite d’Anas, qu’Allah soit satisfait de lui, qui suivait toujours la ligne de conduite du Prophète (), même pour ce qui relevait de la nature innée.
8- Le hadith recommande l’imitation du modèle des vertueux, dans la manière de consommer la nourriture et dans tous les autres domaines (Fat-hul-Bârî).
9- La valeur de l’homme réside dans ce qu’il maîtrise. Le jeune couturier avait une valeur et un poids dans la société, car il maîtrisait son métier qui jouissait de considération à cette époque.
10- Le hadith montre que le jeune couturier aimait son travail, y était dévoué et le pratiquait avec zèle et diligence.
11- Le hadith met l’accent sur la générosité et le bon naturel du jeune couturier, ainsi que sa connaissance de la façon d’honorer les personnes nobles.
12- Travailler n’est pas une honte, mais ce qui est honteux c’est le fait qu’un homme capable de travailler reste dans l’oisiveté et dépende d’autrui. Bien qu’encore de jeune âge, le couturier a préféré le travail à la paresse.