Le Siwâk : entre Charia et médecine
Par : Madjdi Ibrâhîm Ali
Le Siwâk à travers le temps :
De toute éternité, l’homme a toujours recherché un moyen efficace de se nettoyer la bouche et les dents. En fait, la cavité buccale est le principal accès naturel de la nourriture et le premier organe qui accueille tout ce qui arrive à l’estomac. C’est pourquoi elle doit être propre. Autrefois, l’homme se frottait les dents avec des plumes et des duvets, avec les os de certains animaux, avec un chiffon rêche, puis avec certains types de bois et d’arbres avant d’inventer la brosse à dent électrique, les dentifrices aux différentes formes, couleurs, goûts et composants, les jets dentaires, les fils de soie dentaires, etc.
Ces tentatives continues visaient à préserver la propreté de la bouche, et à avoir des dents d’un blanc éclatant, un sourire radieux, une immense confiance en soi et une prononciation correcte des mots, entre autres fonctions des dents.
Nous les musulmans, avons remporté la palme dans ce domaine : depuis plus de quatorze siècles, nous utilisons le Siwâk, une sorte de bois sec pour se nettoyer les dents, purifier la bouche et avoir une bonne haleine.
Le Siwâk, scientifiquement appelé Salvadora Persica, est un bâton d’arak. Il constitue le moyen le plus efficace de se purifier la bouche et les dents. Il contient du tanin, qui est une substance purifiante, des antiseptiques, du bicarbonate de sodium, du chlorure de potassium, de la sinigrine, qui est une substance antibactérienne, du fluorure, en plus d’une substance quasi-semblable à la pénicilline qui diminue les risques de carie ; il contient également des fibres de cellulose, outre certaines huiles essentielles, le fer, le phosphate, le chlore et les cristaux de silice qui sont des purifiants.
Le père des Prophètes et le Siwâk :
Le premier à utiliser le Siwâk, dit-on, fut le père des Prophètes Ibrâhîm (Abraham, ). En effet, l’usage du Siwâk à tout moment où cela est possible constitue une tradition prophétique, mais cela est préférable lors des ablutions, avant chaque prière, après la consommation de la nourriture, en cas de mauvaise haleine, avant de dormir et en se réveillant.
Le meilleur Messager et thérapeute (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) nous a encouragés à prendre soin de nos dents, vu l’intensité de leurs douleurs, et nous a donné une prescription efficace en disant, d’après Abû Hurayrah, qu’Allah soit satisfait de lui :
Si je ne craignais pas d’imposer une charge trop lourde aux gens de ma communauté, je leur ordonnerais de se frotter les dents avec un Siwâk, bâton d’arak, avant chaque prière (Mâlik, Ahmad et al-Tirmidhi).
Hudhayfa, qu’Allah soit satisfait de lui, a témoigné : Le Prophète (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) se nettoyait la bouche avec le Siwâk lorsqu’il se réveillait pour accomplir la prière nocturne (Qiyyâm al layl) (Boukhâri et Mouslim).
Le Prophète (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) a dit : Faites usage du Siwâk ; car c’est un moyen de se purifier la bouche et de satisfaire le Seigneur (Boukhâri).
On a également rapporté : Le Prophète (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) commençait par se frotter les dents avec le Siwâk lorsqu’il rentrait chez lui (Mouslim).
De son côté, 'Âmir ibn Rabî'a, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit : J’ai vu d’innombrables fois le Messager (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) utiliser un Siwâk alors qu’il jeûnait (les auteurs des Sunans).
En dépit du progrès fantastique dans le domaine de la dentisterie, des méthodes de traitement dentaire, des inventions successives et des instruments utilisés dans le nettoyage des dents, le Siwâk reste, pour beaucoup de musulmans dans les différents pays islamiques, le seul moyen pour le nettoyage des dents et pour la purification de la bouche.
Les vertus médicales du Siwâk :
Pour pouvoir utiliser le bâton du Siwâk, il faut l’écorcer un peu pour faire apparaître les fibres, de la longueur des poils d’une brosse à dents, de sorte à pouvoir l’appliquer sur la surface des dents, comme la brosse à dents, avec un mouvement circulaire semblable à celui de la brosse à dents, et dans le sens de la gencive et non pas dans le sens contraire pour ne pas entraîner l’usure de cette dernière. Il faut donc poser les fibres sur la surface des dents supérieures et frotter vers le bas, puis poser les fibres sur la surface des dents inférieures et frotter vers le haut avec un mouvement quasi-circulaire. Après son usage, il est préférable de mettre le bâton de Siwâk dans un endroit froid, le réfrigérateur par exemple, pour qu’il ne perde pas son suc et ne sèche pas.
Au fur et à mesure que ces fibres apparentes s’usent, il faut les couper, écorcer une autre partie du bâton pour l’utiliser, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il se termine. Il existe différents genres de Siwâk qui varient en épaisseur, mais moins le bâton est épais, plus il est maniable. Par ailleurs, le suc qui se trouve dans les fibres du Siwâk facilite son mouvement sur la surface des dents. Ce suc, qui a une saveur agréable, aide en partie à la digestion et tue certaines bactéries nuisibles de la cavité buccale.
À noter qu’il existe des genres variés d’arbres qui poussent en Afrique et qui ont des usages médicaux divers, dont le traitement de la dyspepsie, de l’indigestion acide, de l’hypertension, des maladies du cœur, des artères, du foie et des reins, de la migraine, etc. Cependant, le bâton d’arak est essentiellement utilisé dans le nettoyage des dents et de la bouche.
Il existe, comme l’indiquent les recherches, des substances dans le suc du Siwâk, susceptibles de réduire les inflammations buccales et de tuer les bactéries nocives de la bouche.
Le Siwâk contient un taux élevé de vitamine C, importante pour la santé de la gencive et la prévention des hémorragies. Il contient également de grandes quantités de fluorure qui fortifie les dents et obvie à la carie.
Le Siwâk clarifie la vue, assainit l’estomac, purifie la voix, facilite la parole, dynamise la lecture, les invocations et la prière, a un effet diurétique, repousse le sommeil ; son usage satisfait Allah, exalté soit-Il, suscite l’admiration des anges et permet de multiplier les bonnes actions. Le meilleur bâton d’arak est celui trempé dans l’eau de rose.