Le Coran a été révélé, en arabe, au Prophète Muhammad, , en l’an 610, pendant une période de plus de 22 ans. Au cours des douze premières années de la Révélation, le Prophète, , vivait à Makkah (La Mecque). Les persécutions infligées par la tribu de Quraysh, au Prophète, , et à ses compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, l’ont forcé, ensuite, à quitter pour Al-Madinah (Médine). Ce périple est ce qu’on appelle la Hijrah (l’Hégire ou l’Émigration). Le Prophète, , a vécu à Médine les dix dernières années.
Les 114 chapitres du Saint Coran ne figurent pas dans l’ordre chronologique de leur révélation. Toutefois, cet ordre spécial a été inspiré au Prophète, , par Allah, le Très-Haut. Il constitue donc une qualité authentique du Coran. Chaque chapitre est décrit comme étant soit mecquois ou médinois, selon que la majorité de ses versets ont été révélés avant ou après la Hijrah.
La connaissance de l’ordre chronologique dans lequel les différentes sourates (chapitres) ou versets ont été révélés peut être importante, dans certains cas. Même si la datation exacte de l’ensemble des 6234 versets n’a pas toujours été possible, puisque l’ordre (voulu par Allah, le Très-Haut) a été consigné au fur et à mesure, les spécialistes ont été capables, grâce à leur Ijtihad (effort de raisonnement analytique) et à l’analyse, de regrouper les cas où les rapports authentiques confirmaient l’ordre chronologique et les cas où cet ordre a été clairement indiqué.
Ces efforts ont abouti à l’élaboration d’une méthode par laquelle la révélation du Coran a été examinée en termes chronologiques, ainsi que la division de la Révélation en sourates, par types ou par périodes, Makki (mecquoise) ou Madani (médinoise).
Nous allons d’abord examiner certains des avantages de cette analyse chronologique. Nous allons, ensuite, discuter des critères de différenciation (des sourates) Makki et Madani. Enfin, nous allons considérer leur utilisation dans le Tafsir (l’interprétation du Coran) et dans la déduction des ordonnances du Fiqh (jurisprudence islamique).
Dans ce qui suit, nous allons examiner, très brièvement, trois grands avantages de l’analyse chronologique du Coran. D’autres avantages et un grand nombre d’exemples (de ces avantages) peuvent être trouvés dans l’ouvrage intitulé Al-Itgan de l’Imam Al-Suyuti, qu’Allah lui fasse miséricorde.
Évaluation des décrets d’abrogation
L’abrogation est un terme qui fait référence aux cas où un décret (divin) a été abrogé par un autre. En termes simples, cela signifie le remplacement d’un verset par un autre, révoquant ou abrogeant le décret qui y avait été révélé. Par conséquent, si nous faisons face à un cas où il y a deux versets contenant des décrets (divins) s’opposant l’un à l’autre, et qu’il n’est pas possible de les concilier, d’une manière acceptable, en vertu des principes du Fiqh, il faut alors regarder l’ordre chronologique de leur révélation, afin de déterminer lequel des deux versets contient le décret abrogé. De toute évidence, le verset révélé en premier, contient le décret abrogé, et nous devons maintenir le décret contenu dans le verset révélé, par la suite.
Des exemples d’abrogation
Si nous savons que :
1. Les versets qui font de la Salat (la prière) une obligation, ont été révélés à la Mecque, avant l’Hégire (la migration du Prophète Muhammad, , et de ses compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, de la Mecque à Médine).
2. Les versets qui font de la Zakat (aumône) et du Sawm (jeûne) des obligations ont été révélés au cours de la deuxième et de la troisième année de l’Hégire. Les versets qui ont instauré l’obligation du Hajj (pèlerinage à la Mecque) ont été révélés au cours de la sixième année de l’Hégire.
Nous saurons, alors, quel est l’ordre dans lequel ces piliers de l’islam ont été instaurés.
Appréciation du processus graduel dans la législation
Ceci est une partie importante du message général de l’islam, en particulier, l’aspect qui est lié à la manière dont les interdictions doivent être imposées et au processus à suivre afin de faire en sorte que les gens opèrent des changements majeurs dans leur vie. La connaissance de la chronologie, c’est-à-dire, de la manière dont ces aspects ont été mis en œuvre dans la première période de l’islam, conduit à apprécier la sagesse derrière le processus progressif de la législation. Un bon exemple de cela est l’interdiction des boissons alcooliques. Tout d’abord, les gens ont été informés que cela est mauvais, bien que l’on puisse en tirer un certain avantage, comme dans le verset suivant, dans lequel Allah, exalté soit-Il, dit (selon la traduction du sens) :
Ils t’interrogent à propos du vin et des jeux de hasard. Dis : ‘Dans les deux, il y a un grand péché et quelques avantages pour les gens.’ (Coran 2/219)
Ensuite, il leur a été commandé de ne pas en boire avant la Salat, par l’intermédiaire de ce verset, dans lequel Allah, le Tout-Puissant, dit (selon la traduction du sens) :
Ô vous qui avez cru, n’approchez pas de la Salat alors que vous êtes en état d’ébriété […] (Coran 4/43)
Plus tard, les boissons alcooliques ont été complètement interdites par le verset suivant dans lequel Allah, le Très-Haut, dit (selon la traduction du sens) :
Ô vous les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées et les flèches de divination ne sont qu’une abomination, œuvre du Diable. Écartez-vous-en, afin que vous réussissiez. (Coran 5/90)
Dans cet exemple, on remarque la façon dont la législation a considéré le fait que l’alcool était une grande partie importante de la vie sociale des Arabes, mais l’approche progressive utilisée pour indiquer ses désavantages et le leur interdire a rendu la chose facile à accepter pour eux. Il s’agit d’une approche réaliste dont nous pouvons tous tirer des enseignements.