Chers prédicateurs … Soyez doux avec les gens
Le Prophète () a dit : Allah est Doux et Il aime la douceur. Il donne à celui qui est doux ce qu'Il ne donne pas à celui qui fait preuve de dureté ou toute autre qualité. (Mouslim).
Il dit aussi : La douceur n'est pas présente dans une chose sans l'embellir et inversement la douceur n'est pas absente d'une chose sans l'enlaidir.
Et puisque Allah est Doux et Il aime la douceur en toute chose. comme il est rapporté dans le recueil de Boukhari, Appeler les gens à la foi, à l’islam et aux œuvres pieuses et les inciter à prescrire le bien et proscrire le mal est la chose qui nécessite plus que tout d’être faite avec douceur. C’est pourquoi les prédicateurs ont besoin plus que quiconque et avant tout autre de se parer de cette qualité. Les gens ont suffisamment de problème dans leurs vies et ont besoin d’entendre un discours réconfortant et non un discours qui les agresse.
N’oublions pas qu’un homme est un être émotif qui est réceptif à une belle parole mais répugne toute celles qui le dénigreront et le blâmeront. Chacun est psychologiquement prédisposé à percevoir des paroles dures comme étant une transgression à son honneur et sa vie privée.
Shaykh Al-Islam ibn Taymiyya, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit concernant les qualités requises pour prescrire le bien et proscrire le mal : ‘ Il faut nécessairement disposer de ces trois qualités : le savoir, la douceur et la patience. Le savoir avant d’agir, la douceur en cours d’action et de la patience après avoir agi … comme il a été rapporté par un prédécesseur qui l’attribue d’ailleurs au Prophète () : On ne doit prescrire le bien et proscrire le mal uniquement en ayant parfaitement connaissance des règles relatives à ce qu’on prescrit et proscrit. En étant doux et indulgent en le faisant.
A côté de ces paroles douces et d’une attitude agréable, un prédicateur peut aussi recourir à des belles paraboles, loin des comparaisons répugnantes et repoussantes. Certains peuvent parfois recourir à des paraboles ou user d’une attitude et prononcer des termes qui sont si néfastes qu’il serait de loin préférable qu’ils gardent le silence.
Un prédicateur se doit de choisir les termes qu’il emploie comme Allah l’ordonne : Et dites aux gens de belles paroles. et : Dis à Mes serviteurs de prononcer de belles paroles. Sélectionner les plus belles paroles, choisir les termes les plus adéquats et aux expressions les plus agréables, tout ceci est requis pour toute personne qui tient un discours aux gens. Alors qu’en est-il de qui appelle les gens à Allah et souhaite leur faire aimer la religion et qu’Allah les aime ?
S’adresser aux gens en leur disant : ‘ Ceci est contraire à la réalité des faits.’ Revient à dire ‘cela est du mensonge.’ Mais avec des termes plus doux et plus agréables.
Dire : ‘ Que pensez-vous si nous faisions telle chose’ est plus agréable à entendre que ‘ faites ceci et ne faites pas cela’.
Cette façon de faire correspond tout à fait à la méthodologie prophétique. Il disait souvent : Si l’un d’entre vous lorsqu’il fait ceci pourrait dire cela… ou Si l’un d’entre vous souhaite faire telle chose qu’il dise ceci et cela. Il dit aussi : Allah est satisfait de Son serviteur qui, après avoir mangé ou bu, dit: Louange à Allah (al-hamdu lillah). Il a tenu d’autres propos similaires. Et il lui était tout à fait possible de dire : ‘ dites ceci, faites cela, je vous ordonne de faire telle chose …’
Donner des ordres aux gens et leur interdire de faire ce qu’ils veulent est un procédé qui n’est plus accepté dans tous les domaines. La civilisation moderne a poussé à son comble les libertés individuelles et les spécificités de chacun. A nous de ne faire ressentir aux gens que nous ne portons atteinte à aucune d’elles.
Sachons faire preuve de douceur. Le Prophète () a dit : Qui est privé de douceur est privé de tout bien. (Mouslim). Allah dit à Son Prophète : C'est par quelque miséricorde de la part d'Allah que tu (Muhammad) as été si doux envers eux! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. (Coran 3 ;159). Qu’en est-il pour autre que lui ?
Dans le livre Fî Dhilâl Al-Qur’ân, il est dit au niveau de l’exégèse de ce verset : ‘ Les gens ont besoin d’un appui qui fasse preuve de miséricorde, d’une bienveillance particulière, d’une personne agréable et tolérante, de suffisamment d’affection et d’indulgence face à leur ignorance, leur faiblesse et leur manquement … Les gens ont besoin d’un homme au cœur énorme qui puisse leur faire don de lui-même et qui n’a pas besoin que ce soit eux qui leur fasse des dons. Un homme qui supporte leurs soucis et ne fasse pas peser sur eux les siens. Un homme auprès duquel ils trouveront tout le temps de la considération, de la bienveillance, de l’affection, de la tolérance, de l’amour et de la satisfaction …’
Ainsi était le cœur du Prophète (). Et ainsi était sa vie avec les gens. Il ne s’est jamais énervé pour sa personne ni n’a ressenti de gêne en raison de la faiblesse naturelle de ses contemporains. Il ne s’est jamais accaparé des biens de ce monde. Au contraire, il donnait tout ce qu’il possédait avec la plus grande indifférence. Avec les gens, il était suffisamment indulgent, bon, affectueux, et aimant. Toute personne qui a vécu avec lui ou l’a vu voyait son cœur se remplir d’amour pour lui en raison de ce qui émanait abondamment de sa grandeur d’âme.
Telles sont les qualités de notre Prophète () celles pour lesquelles on nous a ordonné de le prendre pour modèle et de suivre ses pas. Il est un exemple parfait pour toute personne qui souhaite appeler les gens au bien et le leur faire aimer. Pourtant, certains négligent ces qualités et adoptent des attitudes et des comportements qui tendent vers la dureté et la rudesse, la sévérité et l’intolérance. Ceci se manifeste à travers un visage disgracieux, un mal être, une absence de douceur et d’indulgence. Ce qui résulte de tels comportements est bien connu : ils répugnent et détestent ceux qui ont de telles attitudes au-delà des péchés et de la privation de la récompense qui en découle.
Le Prophète () a dit : Ne méprise surtout aucun bienfait, pas même le fait d'accueillir ton frère avec un visage souriant. (Mouslim).